Mexique : panique chez les dealers
Image : Isaac Esquivel via cuartoscuro.com

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Drogue

Mexique : panique chez les dealers

Effet collatéral inattendu : la légalisation du weed en Californie pourrait faire plonger les trafiquants de drogue mexicains.

Cet article a été initialement publié sur VICE Mexique.

Le 1er janvier, la Californie est devenu le sixième État américain et le premier État frontalier à légaliser la culture, la vente et la consommation de cannabis à des fins récréatives. Depuis, tout le monde se pose la question des répercussions que cette mesure pourrait avoir sur le Mexique.

Le Mexique pourrait-il être contraint d'adopter la légalisation de la weed à des fins récréatives ? Cela aura-t-il un impact sur le coût de la weed d'un côté ou de l'autre de la frontière ? La criminalité liée au trafic de drogue sera-t-elle endiguée ? Rappelons d'abord que la Californie est le plus grand marché américain pour la weed. C'est aussi le premier État à avoir dépénalisé l'usage du cannabis médical en 1996. Comme l’explique Alejandro Hope, analyste politique et expert en sécurité nationale, le marché du cannabis en Californie s'apprête à croître de façon spectaculaire. Avec déjà près de cinq millions de consommateurs, il pourrait bientôt valoir 6 milliards de dollars, voire plus.

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Selon Hope, il y aura deux conséquences principales sur le pays voisin, mais aucune d'elles ne serait susceptible de réduire la violence liée à la drogue. La première est politique et implique l'accélération de la réglementation interne de l'usage récréatif du cannabis au Mexique. La seconde a un impact direct sur l'économie mexicaine. Selon Hope, les producteurs américains baissent leurs prix à mesure que le volume de cannabis légal augmente aux États-Unis. Compte tenu de cela, le business de la drogue mexicain risque de perdre environ deux tiers de son marché aux États-Unis.

De son côté, Lisa Sánchez, membre de l'organisation México Unido contra la Delincuencia (« Le Mexique uni contre la délinquance »), est convaincue que la décision prise par la Californie est une bonne nouvelle pour le Mexique. Voire la meilleure depuis longtemps. « Nous sommes ravis que la situation ait progressé aux États-Unis. Quant à nous, nous allons devoir agir rapidement afin de ne pas être laissés sur le carreau à ce sujet », déclare-t-elle.

Selon Sánchez, la mesure récemment promulguée en Californie va freiner les ventes illégales du Mexique. Les Américains préféreront acheter du cannabis légalement (et à un prix inférieur) et ce, dans leur propre pays.

Cela étant dit, Sánchez met en garde contre le fait que dans les deux pays, des changements en termes d’habitudes et de volumes de consommation ne se feront pas du jour au lendemain : « Je ne suis pas très optimiste là-dessus. Ça m’étonnerait qu’on assiste à des avancées surprenantes d’ici le mois d’avril, et encore. Il semblerait qu’aucun des candidats à la présidence mexicaine ne s’intéresse au sujet afin de ne pas causer de polémique avant les élections qui se tiendront en juillet 2018. »

Les deux experts s’accordent à dire qu'il est important de suivre de près ce qui se passe en Californie, dans le sens où ce sera une sorte de miroir dans lequel le Mexique devra se refléter.

« La Californie est comme un laboratoire expérimental qui nous permettra de voir ce qui fonctionne ou non, dans le cas où nous déciderions de poursuivre la même initiative. Ce qui se passe là-bas nous servira beaucoup, dans la mesure où nous pourrons comprendre ce que nous avons mal fait et ce qu'il reste à faire en matière de législation. C’est déjà pas mal », déclare Sánchez.

La grande question, poursuit-elle, est la suivante : « Combien de temps encore allons-nous laisser de l'argent et des vies à des politiques antidrogue défaillantes, alors que de l'autre côté de la frontière – où vivent les principaux consommateurs de cannabis mexicain – ce problème appartient déjà presque au passé ? »

Ollin Velasco est sur Twitter.