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Culture

Le Sens de l'Humour et La Soupe aux choux sont les seuls DVDs que vous devriez acheter ce mois-ci

Les mecs du Cinéma est Mort commentent les sorties DVD du mois de juillet.

Antonin et Étienne sont les fondateurs et présentateurs du Cinéma est mort, la meilleure émission de cinéma sur les radios françaises, diffusée sur Canal B. Ils parleront chaque mois sur VICE.com des sorties DVD et Blu-Ray qu'ils adorent et des sorties DVD et Blu-Ray « que c'est pas la peine ».

LE SENS DE L'HUMOUR
Réalisateur : Marilyne Canto
Éditeur : Pyramide Vidéo, sortie le 1er Juillet 2014

Une femme  vivant seule avec son fils depuis la mort de son mari, une nouvelle histoire d'amour compliquée par un deuil non réalisé, un enfant qui se cherche une figure paternelle, le tout dans le Paris de la classe moyenne et dans le style a priori grisou-naturaliste propre au Cinéma français de ces 30 dernières années. Si vous avez moins de 50 ans, vous n'aurez pas du tout envie de voir ce film.

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Personnellement, j'avais envie de le voir pour trois raisons : 1/ Antoine Chappey est le meilleur acteur français au monde 2/ Marilyne Canto est une actrice qui arrive à être agréable même dans un film de Guédiguian 3/ Son court-métrage Fais de beaux rêves m'a sauvé du suicide lors d'un festival de courts métrages où tous les films étaient plus nuls les uns que les autres – ce qui est presque systématiquement le cas lors des festivals de courts-métrages, que j'ai désormais choisi de déserter. Mais dans cet océan de mornitude, Fais de Beaux rêves s'est avéré être le seul truc acceptable, notamment parce qu'il parvient à rendre des répliques telles que « T'as vraiment une grosse bite », « J'aime bien baiser avec toi » ou « Ça tâche le sperme ? » incroyablement émouvantes.

Le Sens de l'humour est d'ailleurs une sorte d'extended cut de ce court, et c'est sûrement le meilleur film français de l'année. Grâce aux acteurs absolument incroyables de naturel (je vais me répéter, mais Antoine Chappey est toujours aussi génial), mais surtout à cette façon qu'a Marilyne Canto d'enchaîner ses scènes sèchement avec un sens de l'ellipse consommé, saisissant la vie au plus vif comme si celle-ci n'attendait pas la présence de la caméra pour suivre son cours. Du beau cinéma dans la lignée de celui de Pialat, celui qui fait paraître tous les autres films artificiels.

LA SOUPE AUX CHOUX
Réalisateur : Jean Girault
Éditeur : Gaumont Vidéo, sortie le 1er juillet 2014

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Honnêtement, on a pas reçu le Blu-ray, on ne pourra donc pas vraiment vous faire une analyse produit explorant les apports de la nouvelle piste DTS-HD MA Mono sur le concert de pets de De Funès et Carmet et le thème electro pop dément de Raymond Lefèvre, ni sur ce que le nouveau master numérique 4K apporte à la déjà extraordinaire cinégénie des scènes spatiales et à la richesse des textures de l'intérieur du loft du Glaude. Mais comme il y a quelque chose d'improbable à apprendre qu'un film aussi craspec que La Soupe au choux ait droit à son écrin de haute technologie (à quand une projection en IMAX ?), on ne pouvait pas trop passer à côté.

La Soupe aux choux est loin d'être un navet – pas du tout même, on y vient –, mais disons que ce film que bon nombre d'entre nous avons découvert à la télévision y apparaissait parfaitement à sa place, comme une parfaite tache de gras sur une nappe trop bien repassée. Pour les rares fois où les extraterrestres ont décidé de débarquer ailleurs qu'aux États-Unis, ils ne se sont pas ratés.

Malgré (ou à cause de) son humour gaulois improbable, ce film est injustement rangé du côté des grosses comédies vulgaires, alors qu'il est aussi émouvant qu'hilarant – même si ce n'est pas très fin d'un côté comme de l'autre. Mais tout de même, la relation amoureuse de De Funès avec sa fiancée ressuscitée arracherait presque quelques larmes, et la thématique de la disparition d'une certaine France rurale nous rendrait presque altermondialiste. En fait, ce qui est toujours sidérant avec ce film, c'est l'aplomb avec lequel les comédiens et le metteur en scène se mettent au service d'une histoire aussi improbable, et ce, toujours de la façon la plus vulgaire qui soit. À l'heure où l'on fait des mauvais films volontairement à grand renfort de clin d'œils au spectateur, c'est incroyablement rafraîchissant. Mais achetez plutôt la VHS dans un vide-grenier, votre expérience cathodique n'en sera que meilleure.

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ASSURANCE SUR LA MORT
Réalisateur : Billy Wilder
Éditeur : Carlotta, sortie le 2 juillet 2014

Ce mois-ci, on aurait bien aimé encore se la péter en répétant que « le cinéma c'était mieux avant », tout en vous invitant à vous précipiter sur la toute nouvelle édition Blu-ray d'Assurance sur la Mort, chef d'œuvre incontournable du film noir par Billy Wilder. Donc on l'a commandé, histoire de le voir pour préparer notre petite bafouille un tant soit peu sérieusement. Sauf que ce que j'avais oublié, c'est que d'une part j'avais déjà vu ce film et que d'autre part je l'avais déjà trouvé terriblement ennuyeux. J'ai toujours un peu honte quand je me fais chier devant un grand classique, probablement quelques restes d'étudiant complexé face aux imposants grands noms de l'Histoire du Cinéma – cela dit, certains ne s'embarrassent pas de ça. Mais plus je vois de films, plus je comprends que certains d'entre eux sont importants pour l'Histoire du Cinéma – ce qui ne les empêche pas d'être irregardables aujourd'hui, à part peut-être pour des universitaires. Assurance sur la Mort, c'est exactement ça. Si vous voulez voir le film qui a quasiment inventé le Film noir, allez-y. Si vous voulez ressentir la noirceur, passez votre chemin, le film a tellement été pompé et re-pompé qu'il n'a plus grand chose à offrir qu'un alignement de clichés (qui n'en étaient pas encore puisque le film les a inaugurés). Alors oui, les prestigieux intervenants du bonus présent sur le disque (William Friedkin et James Ellroy entre autres geeks exégètes du Noir) le répètent à loisir, à l'époque cette peinture des sombres passions des américains moyens étaient un vrai coup de pied dans la fourmilière, Billy Wilder a dû batailler pour imposer sa vision et patati patata, l'objectif était clairement de repousser le code d'autocensure hollywoodien et de choquer le bourgeois. Le problème, c'est que les années ne sont jamais clémentes avec les films principalement destinés à choquer, à moins de garder l'Humain dans la ligne de mire, c'est à dire un peu de sympathie pour ses personnages. Or dans Assurance sur la Mort, c'est pas trop le cas, et si le sardonique Billy Wilder est coutumier du fait (Le Gouffres aux chimères, autre peinture au vitriol de l'Amérique conquérante, est plus regardable mais tout de même assez périmé) il s'en est davantage mieux sorti dans ses comédies. Ceci dit, ce film est incontournable si vous êtes une feignasse d'étudiant en cinéma – il y a tellement tout le film noir là dedans que ça vous dispensera de regarder les autres, même s'ils sont bien meilleurs.

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3 DAYS TO KILL
Réalisateur : McG
Éditeur : Europa corp, sortie le 23 juillet 2014

Si on veut bien oublier sa mort ridicule dans le dernier Superman (où il est emporté par une tornade à cause d'un chien), Kevin Costner vieillit bien, avec classe, même s'il trimballe toujours avec lui son statut d'icône des années 1990, même s'il est sûrement hautement responsable du nombre d'adolescents prénommés comme lui aujourd'hui. Mais ai-je vraiment envie de le voir apprendre à sa fille de 16 ans à faire du vélo devant le Sacré-Cœur ?

J'avais placé beaucoup d'espoirs en McG dont les Charlie's Angels, attraction hautement pop et pleine de cartoon, étaient l'occasion unique de voir, entre autres, Bill Murray et Tim Curry faire un combat de sumo. McG qui parvenait même à réactiver la crédibilité de la série Terminator après un troisième opus dont il ne reste à sauver qu'un peu de destruction. Son savoir-faire semble vain dans cette affaire.

Ces talents sont bouffés par un cancer qui s'obstine à ne pas vouloir lâcher le cinéma, responsable de l'écriture (l'un des pires scénarios qu'il ait commis) et la production de ce truc, moins un film qu'un piège à touriste comme on en trouve tant à Paris.

LES TROIS FRÈRES, LE RETOUR
Réalisateur : Les Inconnus
Éditeur : Wild Side Vidéo, sortie le 30 juillet 2014

Dès le générique, le temps d'un travelling qui suit Pascal Legitimus de dos en train d'arpenter les couloirs de sa maison, une évidence m'a frappé : ce flim a été fait sous l'influence de Gus Van Sant. Et le reste ne me donnera pas tort : le flim travaillera le motif de la reproduction, du remake, à la manière de Gus Van Sant et des ses Elephant, À la rencontre de Forrester ou bien évidemment Psycho, et sera aussi drôle que Last Days ou Gerry. Mais le retour des trois frères n'a pas l'intention de faire rire – on trouvera d'ailleurs plus de gags dans une seule scène du premier opus que dans l'intégralité de cette suite.

Les Inconnus livrent exactement le même flim car rien n'a changé en France depuis 20 ans, à quelques détails près. Les trois frères mentent, trichent, font dans le minable et vont le payer (on retrouve ce regard perçant sur l'avarice, dans la pure tradition de Louis de Funès et Christian Clavier) : perdre cet ersatz de confort qu'ils n'ont pas mérité, cohabiter malgré eux, prendre de la drogue (la MDMA a depuis remplacé l'ecsta), découvrir un enfant caché, se retrouver autour de lui et découvrir, encore, qu'il ne faut pas placer son bonheur dans les choses matérielles mais dans l'amour d'une famille.

Les critiques n'ont rien compris et n'ont pas été tendres, peut-être Matt Damon manquait-il au générique, mais le public, lui, ne s'y trompe pas. Le public a toujours raison. Le public a bon goût. Le public est formidable. Vive le public.