FYI.

This story is over 5 years old.

LE NUMÉRO DES CAUSES PERDUES

À bout de souffle

Selon la Bible, Dieu a chié l'humanité puis nous a dit : "Soyez prolifiques et reproduisez-vous ; recouvrez la planète et soumettez-la à l'Homme.

Selon la Bible, Dieu a chié l'humanité puis nous a dit : "Soyez prolifiques et reproduisez-vous ; recouvrez la planète et soumettez-la à l'Homme. Dominez les poissons des océans, les oiseaux des cieux et chaque créature que vous croisez… Je vous offre tous les spermaphytes que vous trouverez sur la surface de la Terre. » Ce qu’il a oublié de nous dire, c’est que toutes ces choses ne sont pas éternelles – que si on continue à se baiser les uns les autres sans contraceptifs, la race humaine finira par étouffer la planète. Voilà une preuve supplémentaire que Dieu n’existe pas et que jamais il ne viendra à notre secours. Il faut se mettre ça en tête une bonne fois pour toutes.

Publicité

Par contre, cette pute de Dame Nature existe vraiment et elle est capable de balayer ces sales pellicules d’Homo Sapiens de ses terres. Bientôt, si on continue comme ça (soyons francs, on va continuer comme ça) les spermaphytes vont pourrir, le métier de météorologue n’existera plus, tout le monde va mourir de froid et les cannibales erreront librement, se faisant un festin des derniers survivants.

En hommage à ces terribles – et inévitables – conséquences, nous avons demandé à nos bureaux internationaux de faire une recherche sur les ressources de leur pays qui disparaissent le plus vite. On sait que vous tirez la chasse d’eau seulement pour la grosse commission et que vous travaillez dans une boîte écolo, mais les problèmes présentés ci-dessous sont aujourd’hui irrévocables. Il n’y a rien d’autre à faire que de s’asseoir confortablement et de regarder notre habitat naturel se consumer à petit feu.

ÉTATS-UNIS

Les États-Unis regorgent de ressources naturelles – les montagnes aux reflets violets, les vastes cieux, etc. – mais bientôt, la terre pourrait ne plus se montrer nourricière. Selon Steven Stoll, professeur d’histoire environnementale à l’université de Fordham, les terres arables – les 50 cm de terre fertile cultivable – se font de plus en plus rares aux États-Unis. Une partie du problème vient du fait que les fermiers génèrent plus de bénéfices en vendant leurs terres à des entrepreneurs qu’en les exploitant eux-mêmes – l’American Farmland Trust estime qu’entre 1982 et 2007, 16 millions d’hectares d’espaces ruraux ont ainsi disparu. L’érosion du sol représente, elle aussi, une menace importante : selon une étude de l’université de Cornwell, le Kansas – qui était autrefois l’État le plus fertile du pays – perd actuellement 650 tonnes de couches arables par an. Bien que les États-Unis exportent actuellement 100 milliards d’euros de produits agricoles chaque année, ils exportent moins de produits – comme les graines de soja et les céréales – que par le passé. Ce qui maintient principalement l’industrie agricole américaine, c’est le prix élevé de leurs denrées alimentaires fondamentales.

Publicité

BULGARIE

Le problème majeur en Bulgarie, c’est qu’il y a de moins en moins de Bulgares. Selon les chiffres du Centre démographique bulgare, la population baisse de 70 000 à 80 000 personnes par an, soit six personnes par heure. Pourquoi ? De moins en moins de bébés sont mis au monde, le taux de mortalité augmente et les jeunes ont très peu de perspectives d’avenir : ils préfèrent donc quitter leur pays. En plus de ces trois facteurs qui devraient persister dans les années à venir, on remarque depuis le milieu des années quatre-vingt une augmentation de la fuite des cerveaux vers l’étranger. L’Institut national bulgare de la Statistique affirme que la population est passée de 9 millions en 1989 à 7,3 millions en 2011. En 2060, ce chiffre sera inférieur à 6 millions, et en 2134, si ça continue comme ça, il n’y aura plus de Bulgares.

ALLEMAGNE

Même si l’Allemagne est une puissance économique majeure sur le plan mondial et que cela nécessite beaucoup de ressources, les matières telles que le fer, le pétrole et l’or s’y font très rares. Les Allemands vivent donc aux dépens des autres pays et dépensent des dizaines de milliards d’euros chaque année pour importer des ressources naturelles depuis certains pays européens, ainsi que depuis l’Australie, la Chine et le Canada. L’unique exception est le charbon, élément principal de la révolution industrielle du XIXe siècle et source de milliers d’emplois dans la région de la Ruhr et dans la Sarre. Ces emplois ont disparu suite à la décision du gouvernement de supprimer les subventions à l’exploitation minière du charbon noir (le charbon le plus économe) en 2007. Selon Bernd Lehmann, chercheur en géoscience à l’université de technologie de Clausthal, l’exploitation minière du charbon noir en Allemagne était devenue trop onéreuse pour le gouvernement – et puis surtout, le pays souhaite favoriser les combustibles moins polluants pour combattre le réchauffement climatique. « L’Allemagne est en phase de transition et souhaite diminuer son utilisation de combustibles fossiles », a déclaré Bernd Lehmann en précisant quand même que le charbon sera encore une source d’énergie importante durant les cent prochaines années, et qu’à l’échelle mondiale, l’extraction du charbon noir est en hausse. Même si dans un futur proche, les mines de charbon noir auront disparu, l’extraction de lignite – une source énergétique encore plus polluante – restera toujours aussi intense puisque cette industrie ne dépend pas de financements gouvernementaux.

Publicité

MEXIQUE

Le maïs est la force vive du Mexique – les Paléoaméricains le cultivaient déjà il y a 10 000 ans, et aujourd’hui, les Mexicains les plus pauvres génèrent la moitié de leurs calories en tortillas de maïs. Cela dit, au fil du temps, le pays dépend de plus en plus des États-Unis pour son approvisionnement en maïs. Cela est principalement dû à l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) qui a levé les barrières commerciales, mettant ainsi les Mexicains en concurrence avec le maïs américain – moins cher et subventionné par le gouvernement. En conséquence, beaucoup de fermiers ont dû abandonner leurs terres et leur mode de vie. Les importations de maïs américain ne cessent d’augmenter (plus de 25 % en 2011), malgré la hausse des prix. Plusieurs groupes activistes réclament plus de production locale de maïs avec le slogan « Sin maís no hay país » (Sans maïs, il n’y a pas de pays), mais personne ne les écoute. Cela dit, le déclin de la production locale de maïs n’est pas seulement dû aux décisions politiques et économiques. Adolfo Jiménez, conseiller au ministère de l’Agriculture, de l’Élevage, du Développement rural, de la Pêche et de la Nutrition, estime que le gouvernement est responsable de cette situation. « Il y a dix ou quinze ans, on pouvait prévoir les périodes de sécheresse ou de mousson, alors qu’aujourd’hui, c’est beaucoup plus difficile. Forcément, cela a des répercussions sur la production de maïs », dit-il. C’est bien plus compliqué de faire concurrence à l’industrie américaine lorsqu’on est handicapé par la nature.

Publicité

PAYS-BAS

Les Pays-Bas sont les 8e plus gros producteurs et les 5e plus gros exportateurs de gaz naturel au monde ; ils extraient 30 % du gaz naturel produit par les pays de l’Union européenne, principalement grâce au gisement de gaz naturel de Groningue, au nord-est du pays. Cependant, les différents acteurs de cette industrie sont d’accord pour dire que ce marché fructueux touche à sa fin. « Les Pays-Bas sont autonomes à 100 % », selon Aart Tacoma, spécialiste environnemental à l’Association de production et d’exploration du gaz et du pétrole des Pays-Bas, une association commerciale formée par les entreprises énergétiques hollandaises. « L’industrie hollandaise du gaz naturel fournit annuellement 12 milliards d’euros au Trésor public, et ce chiffre est en hausse constante. Mais, le gaz naturel se faisant de plus en plus rare, les Pays-Bas devront bientôt compter uniquement sur les importations de gaz. » On estime que les ressources de gaz naturel seront épuisées d’ici soixante-dix ans, ce qui aura de grosses répercussions sur l’économie. « Nous allons devoir importer du gaz de Russie et de Norvège, mais comme celui-ci est d’un type différent, on devra revoir toutes les usines, a déclaré Aart. Les revenus fiscaux diminueront et le chômage augmentera. »

ITALIE

Chaque année, entre 50 000 et 80 000 tonnes de sardines et d’anchois sont extraits des eaux italiennes, mais ce n’est qu’une question de temps avant que l’Italie ne se retrouve à court de ces délicatesses salées. Cela est essentiellement dû à une technique de pêche appelée volante, qui consiste à étendre un filet entre deux bateaux à quelques centimètres des fonds marins. Depuis la mise en place de cette méthode il y a maintenant quinze ans, celle-ci s’est largement répandue sur des territoires de pêche tels que Chioggia, Porto Tolle ou le canal de Sicile. De plus, le nombre de chalutiers a augmenté de 130 % entre 1995 et 2012. Ni le gouvernement italien, ni l’Union européenne n’ont mené d’études scientifiques pour évaluer les effets négatifs de cette technique de pêche que beaucoup accusent de nuire à la faune (après dix ans d’utilisation, elle est toujours considérée comme « expérimentale »). Selon Alessandro Gianni, directeur de campagne pour Greenpeace Italie, une étude montre que la population d’anchois et de sardines a diminué de plus de 75 % depuis les années 1990. Bien sûr, cela a eu pour conséquence l’augmentation du prix de ces poissons et une vive recrudescence de la pêche. En réaction à ce cercle vicieux, Greenpeace prévient que la pêche excessive aura des répercussions si fortes sur l’approvisionnement de sardines et d’anchois que les villes qui dépendent de cette industrie vont s’effondrer, et les Italiens seront privés de leur garniture de pizza préférée.

Publicité

AUSTRALIE

Au cours des deux cents dernières années, l’Australie a été le pays le plus touché par le déclin de sa faune et de sa flore, ce qui, tôt ou tard, aura de grosses ramifications sur son environnement et son économie. Nicholas Mikhailovich, de l’Institut du développement durable de l’Université de technologie de Sydney, a dit qu’avec l’extinction des plantes et des animaux, la nature a de plus en plus de mal à gérer sa pollinisation et à rendre nos terres cultivables. Cela pose aussi un problème au niveau du tourisme, qui représente 2,5 % du PIB – soit 27 milliards d’euros chaque année. Le parc de la Grande Barrière de corail rapporte à lui seul 4 milliards d’euros par an, mais on peut être sûr que le tourisme diminuera si la faune et la flore disparaissent à cause de l’acidification de l’océan. Selon Nicholas, cela arrivera d’ici 2050. L’exploitation minière, l’industrie principale du pays, représente la plus grosse menace sur la biodiversité australienne et elle n’est pas près de s’arrêter. Des écosystèmes fragiles comme le désert de Simpson, le Kimberley et Cairns sont envisagés pour de futurs projets miniers, ce qui concrétiserait sérieusement la menace environnementale. Malheureusement, la dépendance économique de l’Australie à l’exploitation minière – l’industrie représente 10 % du PIB – ne semble pas correspondre aux projets de préservation des plantes et des animaux australiens.

Publicité

SUÈDE

En Suède, l’industrie forestière est surnommée « la colonne vertébrale de l’économie suédoise ». Plus de 60 % du territoire est recouvert de forêts et le bois est l’une des principales exportations du pays. Cela ne veut pas dire que les Suédois vivent dans un paradis naturel de forêts : la moitié de celles-ci sont artificielles et donc fortement contrôlées par le gouvernement et les bûcherons. Seules 1 % d’entre elles sont des forêts primaires. C’est un problème majeur, puisque même si 100 millions d’hectares d’arbres sont plantés chaque année pour supplanter les 80 millions d’hectares arrachés, les forêts artificielles ne génèrent pas le bois mort qui participe à la survie des petits organismes indispensables à la conservation de l’écosystème. Selon Gunnar Isacsson, entomologiste à l’Agence des forêts suédoises, il faut des milliers d’années avant qu’une forêt puisse générer assez de bois mort pour permettre la survie de certaines créatures. Suite à la disparition de la quasi-totalité des forêts primaires, plusieurs espèces – comme le pic à dos blanc ou les capricornes – sont aujourd’hui en voie d’extinction.

ROYAUME-UNI

Les gisements de gaz naturel de la mer du Nord ont beaucoup participé à la richesse du pays durant les dernières décennies, mais cela ne sera bientôt plus qu’un souvenir lointain. La production était à son comble en 2000 et n’a cessé de décroître depuis. Le Royaume-Uni est devenu un importateur net de gaz naturel au cours de l’année dernière. Une partie du problème est due au fait que le Royaume-Uni dépend du gaz naturel pour une grande part de sa production d’électricité depuis la « ruée sur le gaz naturel » dans les années quatre-vingt-dix. Moins coûteuses à cette époque, plusieurs centrales thermiques à flammes ont été construites. Il est presque impossible de prévoir la date à laquelle la mer du Nord sera à court de gaz, et son prix et la demande dépendent justement de la quantité restante et de la facilité à l’extraire. Si la production continue à décroître à cette vitesse, elle sera nulle d’ici 2015, et le pays devra se procurer du gaz ailleurs (en ce moment, le Qatar est son fournisseur principal). On peut facilement imaginer que le Royaume Uni dépendra un jour des pays étrangers pour une grande partie de son énergie et cela pourrait avoir des conséquences comme la hausse des prix, voire une guerre des ressources.

Publicité

AUTRICHE

Tous les experts avec qui nous nous sommes entretenus nous ont confirmé que l’Autriche est encore loin de venir à bout de ses ressources naturelles. Le pays est riche en pétrole, en cuivre, en zinc, en lignite, en bois, en minerai de fer et en magnésite. Chaque année, les industries en extraient près de 169 millions de tonnes. Robert Holnstiener, du ministère fédéral de l’Économie, de la Famille et de la Jeunesse a déclaré que les pénuries auxquelles le pays fait face ne sont pas dues à un épuisement des ressources mais à la géopolitique. Cela dit, l’industrie agricole autrichienne subit le déclin de la viabilité économique des petites fermes. Contrairement aux États-Unis, de nombreuses fermes ne sont pas remplacées par des lotissements mais par des forêts. Ces forêts ne sont pas exploitées car l’Autriche importe la majorité du bois dont elle a besoin. Les Autrichiens ne semblent pas contre l’idée d’abandonner leurs fermes pour laisser la nature suivre son cours.

POLOGNE

Selon l’Institut polonais de géologie, le pays se dirige avant tout vers une pénurie de zinc et de plomb. Le plomb est nécessaire à la production de piles, de câbles, de tuyaux, de peinture et des lourdes couvertures que l’on enfile lors des radiographies chez le dentiste. Le zinc est principalement utilisé comme agent anticorrosif, pour éviter la rouille et la casse. Miroslaw Rutkowski, porte-parole de l’Institut polonais de géologie, a dit qu’il était difficile de prévoir l’avenir des ressources naturelles polonaises, comme nous ne savons pas comment vont évoluer les technologies. Il y a vingt ans, personne n’aurait imaginé les besoins actuels en lithium – utilisé pour les batteries des téléphones portables. En tout cas, même une fois les ressources nationales épuisées, la Pologne aura toujours besoin de plomb et de zinc.

BRÉSIL

Le niobium, peu connu, est un métal de transition gris, mou et brillant qui a plus de valeur que l’or. Il est tellement malléable et flexible qu’il est devenu essentiel pour les industries de l’espace, nucléaires, de construction lourde, ainsi que pour les équipements médicaux comme les prothèses, les IRM et les scanners. Le niobium est aussi résistant à la corrosion et aux chaleurs extrêmes. Donc en gros, c’est pas du matos de merde, et le Brésil possède 98 % des ressources mondiales en niobium. Presque 75 % du niobium utilisé dans le monde provient d’une seule et unique mine située dans la ville d’Araxá. Cependant, le niobium n’est pas éternel. Que fera le monde le jour où le Brésil n’en aura plus ? Les minéraux qui pourraient le remplacer sont le titane, le tungstène et le tantale, mais ces alternatives sont coûteuses. Il reste à espérer que l’on trouve de nouveaux métaux magiques avant que le niobium ne nous abandonne. Enfin, de toute façon, ça n’arrivera pas avant des centaines d’années et d’ici là, on sera sûrement tous déjà morts.