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LE NUMÉRO MODE 2013

Anarchie dans le hip-hop

Les cultures hip-hop et punk ont vu le jour en même temps (à la fin des années 1970), au même endroit (à New York). Mais, d’un point de vue vestimentaire, elles n’ont jamais été compatibles.

Photo : Steve Robertson

Les cultures hip-hop et punk ont vu le jour en même temps (à la fin des années 1970), au même endroit (à New York). Mais, d’un point de vue vestimentaire, elles n’ont jamais été compatibles. Bien que certains aient tenté une pollinisation mutuelle des styles – Public Enemy se sapaient comme Minor Treat ou Lil’ Jon en Bad Brains –, les mecs du rap ont toujours préféré les vêtements trop larges et très chers, tandis que les punks, eux, ont développé un look à base de jeans troués et de fripes dégueu.

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Mais les choses ont changé et aujourd’hui, les MC se sapent comme pour aller au CBGB : les skateurs d’Odd Future s’autoproclament punks et portent des jeans slim et les A$AP Mob de Harlem, qui reconnaissent des influences goth, portent des vestes de bikers pompées sur les Ramones. Les grosses légumes s’y sont mises, elles aussi : Lil’ Wayne a opté pour un look « punk » lors de son shooting photo pour le magazine Interview, et vous avez tous dû voir l’iroquoise bleachée de Wiz Khalifa.

Même combat pour les mecs du R&B. Aux dernières nouvelles, Miguel arborait une banane à la Joe Strummer et Chris Brown s’est pointé sur un tapis rouge vêtu d’une veste crust punk. Bizarrement, son blouson luisant et clouté sur lequel apparaissaient les logos Exploited, Cro-Mags et D.R.I. (il avait d’abord été porté par Rihanna) provient de chez Noel Austin, un type de Seattle âgé de 40 ans, propriétaire de DNA Fashion Designs.

Noel ne sait même pas comment l’une de ses vestes s’est retrouvée entre les mains de Breezy. « Je n’ai pas toujours été le mec le plus sobre et le plus sain qui soit, explique-t-il. Parfois, dans la rue, je tombe sur des trucs que j’ai créés et dont je ne me souvenais pas. »

Avant, Noel refusait catégoriquement de vendre ses créations. « Je disais aux gens : “Va te faire mettre, fais-t’en une toi-même.” » Mais il a cédé quand il a eu besoin de payer son loyer. Aujourd’hui, il facture 5 000 euros la veste aux stars, quand il n’en crée pas des gratuites pour les vieux de Poison Idea et de D.R.I. « Je veux vendre mes daubes à ces sacs à merde de grosses stars », nous confie Noel avant d’ajouter que comme les punks, les stars du rap et du R&B cherchent l’authenticité. « Ils veulent avoir l’air de vrais bad boys et d’empester la clope et le whisky. »

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L’illustrateur australien James Jirat Patradoon, qui s’est foutu de la gueule de Chris Brown en dessinant une veste crust punk criblée de patchs d’artistes R&B, nous a donné son point de vue : « C’est un phénomène de pan-subculture ; on bascule facilement d’un look à l’autre. » Après tout, on peut se procurer des ceintures d’inspiration bondage chez H&M.

Alors que certains rappeurs cultivent une réelle esthétique punk dans leur musique, d’autres sont clairement en train de poser. « Si je croisais un groupe de mecs en perf’ avec une iroquoise sur la tête, je penserais qu’ils font partie d’un boys band, a déclaré James. Peut-être que la vraie façon de se rebeller, c’est de porter un costume trois-pièces en toute occasion. »

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