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devenir adulte

Ce que j'ai appris en ayant mon premier enfant

Six conseils indispensables pour ce qui s'avèrera être la pire expérience de votre vie.

Cet article fait partie de la série 'COMMENT DEVENIR ADULTE' présentée par So Actif. Rendez-vous sur le site.

Que les choses soient claires : je n'ai jamais voulu d'enfant. J'avais mille raisons pour justifier mon choix, mais la meilleure restait probablement : tout le monde en fait, je vois pas pourquoi j'en ferais. Mais un jour, autour de 30 ans, la majorité des mecs se retrouvent confrontés à la montée d'hormone de leur meuf qui ressent fatalement l'appel de la terre et de la complétion de soi qui ne connaît qu'une seule concrétisation : l'enfant. A 29 ans, ayant réalisé que tous les « non » que j'avais pu balancer à la face de la société ne m'avaient mené à rien, j'ai lâché l'affaire et j'ai tiré un trait sur le dernier qui me restait dans la poche. Mon ego n'en était plus à ça près, je ne valais déjà plus rien à mes propres yeux, donc autant me donner une chance de trouver le salut dans les yeux d'un autre. Nommément : un enfant. En me préparant à l'échéance fatale, je m'étais fait une liste mentale des choses que j'allais devoir affronter. Mais pour être parfaitement franc, la plupart des choses que j'ai apprises en ayant mon premier enfant ne s'y trouvaient pas. Pourtant, alors que j'ai pu regretter certains de mes « oui », je n'ai jamais regretté celui-là.

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1/ Mieux vaut avoir une fille qu'un garçon
Les filles vous feront probablement plus un enfer une fois arrivées à l'adolescence. Mais les premières années, pour avoir vu grandir mon fils entouré de deux cousines, j'ai compris que si l'eugénisme était légalisé, le monde serait probablement super déséquilibré. Discipline, écoute, concentration, désir de bien faire, hygiène, voilà des qualités que vous ne pourrez pas admirer chez votre enfant s'il est pourvu d'une paire de testicules.

2/ Respectez-vous si vous voulez vous faire respecter
Détail important si vous décidez d'avoir un enfant : apprenez à vous respecter si vous voulez faire preuve d'un tant soit peu d'autorité. Etant doté d'un sens de l'autodérision un peu atrophié et d'un manque d'égo absolument astronomique, je suis convaincu que ce que je prenais pour des qualités se sont avérés être un défaut extrêmement majeur dans l'éducation de mon fils. Est-ce à cause d'elles que j'ai engendré l'enfant le plus imperméable à l'autorité que j'ai jamais croisé ? Punitions, fessées, insultes (oui, c'est arrivé)… Mon fils, qui n'a pourtant rien d'un simple d'esprit a toujours essuyé ces assauts avec un dédain à deux doigts de l'insolence crasse. J'avais fini par le prendre pour moi jusqu'à ce que je réalise qu'il en était de même avec ses profs. J'ai un jour compris que j'avais engendré un punk de catégorie 1 et que si je lui avais fait miroiter l'illusion que son père était un mec respectable, mes manifestations autoritaires auraient peut-être un peu plus porté leurs fruits. Le revers positif de la médaille, c'est que les premiers mots qu'il a dits dans sa vie, c'est « c'est une blague » et qu'il manie la dérision, le sarcasme et l'ironie avec une acuité rare. Et je me demande souvent si ce n'est pas aussi bien comme ça.

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3/ N'attendez aucune sorte de gratification
Vous aurez beau tenter d'apprendre un tas de choses passionnantes à votre enfant, n'attendez aucune gratification de sa part. Apprenez lui tout ce que vous voudrez, faites lui découvrir le monde, lisez lui une histoire tous les soirs, vous serez bien heureux si vous avez une preuve tangible que tout ça aura servi à quelque chose. Un merci ? Un bisou gratos ? Tout au mieux, votre fils se fera dans la main parce qu'il était en train de lire un bouquin et que ça le soûlait d'aller aux toilettes. A 7 ans. Voilà le genre de gratification à laquelle vous devez vous attendre après avoir passé des heures à lui apprendre que les toilettes étaient mieux qu'un lit ou qu'un pantalon pour pisser. Si vous avez plus, estimez-vous extrêmement privilégié.

4/ Vous n'arriverez pas à rattraper le temps perdu
Avant d'avoir un enfant, je n'aurais jamais pensé me projeter à ce point dans mon fils. A peine né, voilà que vous serez animé d'une tonne d'envies et d'idées, qui, bien que ça vous échappe alors, convergent vers une seule direction : faire de lui une meilleure personne que celle que vous êtes. A moins d'être un fieffé vaurien animé par des pulsions de jalousie qui vous pousseront à écraser votre enfant, c'est parfaitement naturel. En revanche, il faudra vite vous rendre à l'évidence : vous n'y arriverez pas. Dès qu'il aura gagné son autonomie relative – en gros, utiliser son cerveau – votre enfant prendra la tangente. Et vous aurez beau tout faire pour subtilement lui éviter de reproduire les idioties que vous avez faites et de faire certains choix malheureux que vous auriez pu faire, vous vous trouverez vite face à une cellule indépendante dotée de libre arbitre qui n'en aura rien à taper de vos conseils, aussi sages soient-ils. Et il faudra accepter ce triste constat : vous aurez peut-être engendré quelqu'un de pire que vous.

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5/ Vous pouvez aimer deux personnes, mais vous en baverez
J'ai vu un paquet de couples se détruire dans les trois ans suivant la naissance de leur premier enfant. Pas que je tienne particulièrement à la « valeur couple », mais parfois j'ai vu se séparer des gens qui avaient l'air très bien ensemble, et dans ce cas, j'ai trouvé ça dommage. Je n'ai compris ce relatif systématisme qu'à la naissance de mon propre fils. Avoir un enfant vous force à aimer une deuxième personne, et ce n'est agréable pour personne, si ce n'est pour lui, puisqu'il reçoit une double dose d'amour alors que le père et la mère ne se reçoivent que des jets de pisse, et doivent gérer leur malaise face au constat inattendu qu'ils n'ont plus de place pour aimer l'autre. Mais qu'en plus, l'autre leur renvoie exactement le même sentiment. C'est ultra douloureux, totalement inimaginable avant de le vivre et voilà pourquoi je suis ravi de pouvoir prodiguer cette amère leçon aujourd'hui. Ouais, vous n'aimerez plus votre comparse pendant un temps, et il ne vous aimera plus non plus, mais pas d'inquiétude. C'est juste qu'avant d'avoir un enfant – vos discours polyamoureux tout moisis n'y changeront rien - votre cerveau n'est pas préparé à aimer également et aussi intensément deux êtres. Cette nouvelle quadrature exige un temps d'adaptation difficile à traverser, à digérer et à accepter. Mais dites-vous qu'avoir un premier enfant ressemble à un album de Paul McCartney. Difficile de croire qu'il ait pu faire des trucs en solo aussi bien que ce qu'il faisait avec les Beatles. Mais après avoir entendu 10 fois McCartney II, il faut bien se rendre à l'évidence : tout est possible.

6/ Ça coûte plus d'argent que je l'aurais imaginé, mais au moins, ça m'a responsabilisé
Voilà, de loin, la leçon la plus importante que j'ai apprise en ayant mon premier enfant. Quand j'ai compris qu'un nouvel être allait habiter notre foyer, je ne me suis pas trop fait de mouron quant à ma faculté à l'entretenir. J'avais déjà eu des chats, et au final, les croquettes et le sable pèsent assez peu dans votre budget. J'imaginais donc que mes emplois divers et précaires suffiraient à subvenir aux besoins de mon futur enfant. Big mistake. Primo, les petits pots et les couches coûtent super cher, mais en plus je ne pensais pas un bébé capable de consommer autant de couches à la journée. Par ailleurs, si je n'ai pas trop eu à m'en faire la première année de mon fils en terme de fringues (grand-mères, cousines, sœurs, oncles, amis, tous se mettent d'accord pour saper votre enfant, et les plus malins prévoient quelques mois d'avance), est arrivé le moment où j'ai dû recycler une garde-robe tous les semestres. Ok, on peut remercier la Suède d'avoir inventé H&M, mais au final, même en profitant des soldes – qui touchent rarement les fringues bébé – habiller son enfant, ça douille. En plus de ça, je me suis retrouvé con quand j'ai réalisé qu'en faisant appel à une nounou, j'allais me transformer en patron en bonne et due forme, devant s'acquitter mensuellement de ses charges sociales. Merci la France, les allocations étaient là pour m'aider, mais entre les fringues, la nounou et les couches, il a fallu que je me fasse une raison : le salaire de sa mère n'allait pas suffire, mon fils n'allait pas se satisfaire de mes piges aléatoires pour passer l'hiver sans avoir à compter sur son urine pour se réchauffer les miches. Pour le pire, ou le meilleur, je ne sais pas encore, j'ai commencé à gagner ma vie comme un daron.

Si vous pensez vous aussi qu'avoir un premier enfant nécessite un budget conséquent, rendez-vous sur le site So Actif. Vous y retrouverez des bons plans, des conseils, etc…

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