La fin du ramadan selon les kids de Manchester

Il y a plusieurs façons de célébrer l’Aïd el-Fitr, la fête musulmane qui marque la fin du ramadan. La façon la plus populaire est de se réunir en famille dès le matin pour prier, avant d’engloutir des tonnes de nourriture. La façon dont les Musulmans de Curry Mile le font à Rusholme, en bordure de Manchester, est pour le moins différente de ce qui se fait partout ailleurs.

Ici, les croyants des 20 kilomètres alentour arrivent en masse, font des burns en caisse, et y restent pour se bourrer la gueule jusqu’à la fin de la nuit. Je suis arrivé à Rusholme vers 19h30 vendredi dernier, et déjà tous les cafés, bars à chicha et bars à milkshake du coin affichaient complets. Des vendeurs et des artistes de rue bouchaient les trottoirs, tandis que les mecs qui passaient par là hurlaient, debout sur leur quad ou assis dans des berlines pleines à craquer, dont plusieurs passaient du dubstep à fond, déployant ce son strident si particulier d’imprimante en train d’agoniser.

L’ambiance hystérique de la fête a par le passé donné lieu à quelques bastons mémorables ; cette année, des rumeurs courraient sur la possibilité que des mecs de l’English Defense League, le groupuscule d’extrême droite le plus populaire d’Angleterre, viennent protester contre la fête de rue. Qu’ils aient été refoulés par la police ou non, ces derniers ne sont pourtant jamais arrivés jusqu’à nous.

BJ Chela – qui a lancé il y a quelque temps, seul, une campagne de protestation contre les traitements des prisonniers de Guantanamo en dansant la salsa dans les environs de Blackburn – était aussi de la partie, vêtu de cette tenue orange typique des prisonniers, avant qu’un groupe de filles ne le confondent avec un artiste de rue. Celles-ci lui ont demandé de se prendre des photos avec lui, transformant ponctuellement sa démarche en dommage collatéral festif.

Les choix vestimentaires des hommes présents semblaient varier entre Sean Paul dans « Like Glue » et le cadre de PME moyen en costard De Fursac. En me baladant avec mon appareil photo, j’ai eu l’impression d’être un photographe de soirée dont aucun blog ne voudrait des photos. Des groupes de mecs me demandaient parfois d’immortaliser leurs fingertricks plus ou moins vulgaires, soit avec leurs amis, soit dans leurs voitures de couleur métallisée. Tout le monde avait l’air de passer une soirée de malade, sauf moi, qui étais très seul. C’était cool.

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