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LE NUMÉRO MODE 2013

Chop, drop, and roll

Toute ma putain de vie, je n’ai fait que ça : perdre des heures et des heures chez des barbiers afro. Et le pire, c’est que souvent, ce n’était même pas pour me faire coiffer. Le barbier noir, tradition américaine immémoriale, fait partie des derniers...

PHOTOS : AWOL ERIZKU
DIRECTION ARTISTIQUE ET TEXTE : WILBERT L. COOPER
Assistant photographe : Adrian Phillips ; coiffure : Rico London ; maquillage : Stephanie Clouden
Merci au Levels Barbershop, New York City

Toute ma putain de vie, je n’ai fait que ça : perdre des heures et des heures chez des barbiers afro. Et le pire, c’est que souvent, ce n’était même pas pour me faire coiffer. Le barbier noir, tradition américaine immémoriale, fait partie des derniers sanctuaires des États-Unis. On y va pour choper des potins, débattre sur les plus beaux culs du coin, jouer de l’argent, regarder le sport, acheter des baskets volées à un escroc, parler tartes aux haricots avec des black muslims, mais surtout, pour tuer le temps. En d’autres termes, la clientèle d’un barbier transforme son salon en bien plus qu’un simple endroit où se faire couper les tifs.

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La moindre des choses, c’est d’arriver chez le barbier avec un bon groupe de potes. Il n’y a pas d’autre moyen d’attendre debout, des heures durant, alors que d’autres mecs sont en train de se faire tailler des symboles païens et autres conneries plus ou moins géométriques dans les cheveux. Afin de souligner l’importance des barbiers noirs dans le style et la culture américains, le photographe Awol Erizku et moi-même nous sommes attelés à une rétrospective des coupes de cheveux les plus impressionnantes et les plus fly de l’histoire des cheveux crépus. Nous avons d’abord fait appel à Tribe NYC, un collectif de jeunes créateurs réunis autour de leur amour pour la jeunesse noire de la fin des années 1980 ; puis à Joshua Kissi, le cofondateur de Street Etiquette, un site Internet qui honore chaque jour l’héritage du style masculin afro-américain ; et enfin, les jumeaux Bruce et Glen Proctor, couturiers et créateurs de la ligne de bracelets de luxe BruceGlen. Chaque dimanche, ces derniers assistent également le pasteur lors de la messe organisée dans le légendaire Apollo Theater de Harlem.

Les photos qui suivent, pleines de mecs dotés de coiffures asymétriques, mettent en lumière la toute dernière vague d’une longue tradition – celle de jeunes hommes noirs qui s’expriment à travers leurs follicules tout en rendant chaque jour hommage à leur passé.