J’ai demandé à plusieurs épidémiologistes comment créer une tenue à partir de parasites

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J’ai demandé à plusieurs épidémiologistes comment créer une tenue à partir de parasites

Une soirée à poser des questions stupides à un tas de scientifiques intelligents.

Toutes les illustrations sont de l'auteur

Ce qui est génial quand on est un crétin insipide, c'est que personne n'attend jamais rien de vous et que vous pouvez faire à peu près tout ce que vous voulez. Pendant cinq jours, je suis donc allée faire un tour à la conférence annuelle de l'Écologie et Évolution des maladies infectieuses à Athens, dans l'État de Géorgie. J'ai passé le plus clair de mon temps à traîner près du buffet et à complimenter des scientifiques sur leurs chaussures.

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Alors que j'assistais à une conférence sur les parasites tout en gardant un œil sur mon téléphone, mon article sur la conception d'un costume fait de ratons-laveurs vivants est réapparu dans mon fil d'actualités. J'ai commencé à me demander s'il serait possible de concevoir une combinaison recouverte d'ascaris. (De nombreuses personnes ont cru que j'attraperais la rage à cause des ratons-laveurs, mais j'étais personnellement plus effrayée à l'idée de contracter un Bayliscaris.) Comme j'étais entourée de scientifiques très intelligents venus des quatre coins du monde, je me suis dit que c'était l'occasion idéale de leur demander comment faire des fringues à base de parasites.

DU SRAS TEXTILE

Liam utilise des modèles statistiques pour prédire la transmissibilité des virus à ARN. Pendant la pause déjeuner, il m'a parlé d'un projet artistique sur lequel il travaillait avec Robbie Coleman, un artiste britannique. Coleman a conçu un textile en utilisant des représentations du virus SRAS, avant de l'utiliser comme papier peint dans une chambre d'hôtel. Le papier peint est resté là-bas, ouvert au public, à l'image du virus.

Quand Liam a essayé de m'expliquer son projet, j'ignorais s'il avait réellement intégré le virus du SRAS dans les fibres de son tissu. Bien entendu, ce n'était absolument pas le cas. Mais j'aime penser que les artistes repoussent sans cesse leurs limites, quitte à choper le SRAS. Bref, dans tous les cas, Liam m'a suggéré d'utiliser des représentations de parasites pour concevoir un textile, plutôt que de s'exposer au risque de contracter un virus.

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DES BIKINIS EN HETEORHABDITIS

Tim, qui fait des recherches sur la coévolution des hôtes parasites, s'est révélé être un visionnaire de la mode. J'ignore s'il était complètement bourré quand nous nous sommes rencontrés, mais je me rappelle plus ou moins avoir placé mon visage à quelques centimètres du sien, avec une haleine empestant le vin rouge.

« Que feriez-vous si vous pouviez concevoir un costume fait à partir de parasites ? », ai-je demandé.

« Un bikini », a-t-il répliqué.

J'ai haussé les sourcils. Je n'avais même pas envisagé cette possibilité.

« Je n'utiliserai que des vers », a ajouté Tim.

C'était une idée magnifique, très simple. Je me suis représentée des rangées de ténias crochetées les uns aux autres.

« Non, non, je n'utiliserai qu'un seul ver », a précisé Tim en faisant mine de se recouvrir le torse d'une bande étroite.

« Vous voulez dire, comme un soutien-gorge bandeau ?

– Oui, un ver qui recouvrirait les mamelons.

– Et comment feriez-vous le bas ?

Tim a mimé un autre ver imaginaire sur ses hanches, lequel faisait plus ou moins la largeur d'un fil dentaire. « Il en faudrait un de plus pour les fesses », a-t-il ajouté.

Encore une fois, je me suis représenté un assemblement de vers, mais je savais que l'idée de Tim était beaucoup plus audacieuses.

« Et quel genre de vers utiliseriez-vous ? », ai-je demandé.

Tim a pris quelques secondes pour réfléchir, avant de trancher : « Heterorhabditis. »

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UN SOUTIEN-GORGE MICROSCOPIQUE

Tanya, qui étudie la rage, m'a également suggéré d'utiliser des vers pour en faire un foulard. Elle a gentiment tapé sur l'épaule de sa partenaire de laboratoire – visiblement occupée à écrire un texto – pour lui demander son avis. Sa partenaire a levé les yeux de son téléphone avec un regard absent.

« Un soutien-gorge », a-t-elle proposé avant de retourner à son message.

« Réalisé à partir de quoi ? », ai-je insisté.

« Oh », a-t-elle lâché en détournant à nouveau le regard de son portable. « Des couleurs vives. »

« Mais avec quels parasites ? »

« Ça pourrait être n'importe quoi. » Cette fois-ci, elle n'a pas pris la peine de lever les yeux. « Des couleurs vives, quoi. De la microscopie. »

Je suis partie en imaginant les soutiens-gorges microscopiques devenir une réalité, quelque part aux alentours de 2018.

DU SANG

Peter est une figure importante dans le monde des maladies infectieuses. Quand je lui ai demandé ce qu'il ferait, sa réponse était très claire.

« J'utiliserai du sang.»

« Pour faire un style à la Carrie ? »

«Oui. »

DES ACCESSOIRES TRÉMATODES

Une des réponses des plus étranges m'est venue de Ian, un écologiste spécialisé dans les maladies. Le bar était en train de fermer et tout le monde cherchait un endroit où poursuivre la soirée. Nous étions tous en train de nous tenir debout, près d'une cuve géante de tiramisu. Lorsque son ami lui a posé ma question, il s'est exclamé : « Balle de tennis ! », comme s'il participait à un jeu télévisé.

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« Hein ? » s'est étonné son ami.

Ian s'est étiré les bras avant de se redresser.

« Un trématode », a-t-il expliqué. « Une sorte de balle de tennis, que l'on pourrait s'accrocher dans le dos. »

Son ami est intervenu. « Ce n'est pas ce qu'elle voulait dire, Ian. »

Je l'ai encouragé à continuer. Je trouvais son idée stupéfiante.

« Ainsi, le trématode se terre dans l'amphibien », a-t-il conclu.

Ensuite, je crois qu'il a employé des mots comme « acide rétinoïque », mais je n'en suis pas tout à fait sûre. Pour être honnête, je ne savais même pas de quoi il parlait. Selon mes résultats de recherche Google, cela ressemble à des trématodes, qui provoquent des malformations des membres chez les amphibiens. Selon le journal Ecology, cela ressemble aussi aux « données de terrain multi-échelles combinées avec des expériences de manipulation » de Ian, ce qui permettrait de mieux comprendre la compétition de parasites via Ribeiroia onatrae et Echinostoma trivolvis.

Wow, les épidémiologistes sont vraiment des gens très intelligents. Peut-être qu'un jour, toutes ces choses existeront, que les humains cesseront d'être si nombreux et qu'il y aura la paix sur Terre.

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