Comment emménager en couple affecte votre vie sexuelle

La plupart des couples qui cherchent à franchir une nouvelle étape de leur relation finissent par emménager ensemble. Après tout, c'est un moyen comme un autre de hurler à la face du monde que vous échangez régulièrement vos fluides corporels avec un autre être humain.

Pour beaucoup, ce cap est aussi synonyme de longues nuits passées à regarder la télévision et à acheter des savons parfumés en ligne. Mais comment la colocation affecte-t-elle la vie sexuelle d'un couple ? Est-il possible de maintenir une certaine tension sexuelle tout en enchaînant des disputes au sujet de la répartition des tâches ménagères ? Les humains peuvent-ils vraiment s'accoupler en captivité ? Pour en savoir plus, nous avons sollicité plusieurs humains.

« C'était assez bizarre. Ce n'était pas mieux, ni pire pour autant – simplement différent. La fréquence de nos rapports a baissé, mais je dirais qu'ils ont gagné en « qualité ». On était aussi ravi de ne plus avoir de colocataire – cela signifiait qu'on pouvait baiser où on voulait, quand on voulait, sans jamais craindre d'être interrompus. Mais on savait aussi que vivre ensemble impliquait de ne pas nécessairement baiser dès qu'on dormait dans le même lit. On s'est très vite fait à l'idée, et on s'est mis à essayer beaucoup plus de choses différentes. Aussi, le sexe est parfois devenu une corvée – on couchait ensemble parce qu'on culpabilisait de ne pas l'avoir assez fait sur une certaine période de temps. Ça, c'était nul à chier. » – Carla, 30 ans

« J'imagine qu'on a pas vraiment un parcours « classique », dans le sens où on habitait ensemble avant même de devenir un couple. Je venais de déménager dans une nouvelle ville. J'avais prévu de dormir sur son canapé, mais j'ai atterri dans son lit. J'étais jeune et immature, et on était tous les deux très bourrés cette nuit-là – mais on ne s'est jamais quitté depuis.

C'était il y a deux ans et demi. À l'époque, on avait des emplois du temps de ministre – en conséquence, on se voyait très peu, ce qui créait parfois des tensions. Je ressentais son absence, mais comme on vivait ensemble, on ne se sentait jamais obligé de se réserver une soirée tous les deux. Quand on vit en couple, on partage son lit en permanence et le sexe peut vite devenir une obligation. Notre vie sexuelle est bien meilleure depuis qu'on ne vit plus ensemble – on couche ensemble par choix, et non pas par nécessité. » – Davis, 24 ans

« Au début, j'étais ravie qu'on emménage ensemble. Cela voulait dire qu'on pouvait baiser autant qu'on le voulait, et j'avais vraiment l'impression de faire partie d'un couple. On entend souvent des nouveaux couples raconter qu'ils couchent ensemble sept fois par jour, ou que sais-je encore – ça n'a jamais été notre cas, mais j'ai toujours eu la dose de sexe qu'il me fallait.

Avant, on voyageait beaucoup, ce qui faisait de chacune de nos retrouvailles une fête. Maintenant, la situation a un peu évolué et nous avons tous deux besoin d'un plus d'espace. On a fini par déménager, histoire de se reconnecter physiquement et émotionnellement parlant. Notre relation n'a fait que s'améliorer depuis. Bien sûr, il y a eu des hauts et des bas, mais on fait des compromis et on parle beaucoup entre nous. Je ne pense pas que notre vie sexuelle en ait pâti – il est contorsionniste et je suis prof de yoga, vous vous attendiez à quoi ? » – Paulo, 24 ans

« Notre relation a toujours été un peu compliquée, mais tout s'est dégradé quand mon propriétaire a décidé de me virer de mon appartement. Je l'ai très mal vécu. Il n'y avait aucun appartement à Londres au loyer aussi peu élevé que le mien. C'est là que j'ai eu une idée brillante : j'allais emménager en couple, dans une maison remplie d'autres couples. Trois chambres pour trois couples – j'avais l'impression de tenir le concept du siècle.

L'année où j'ai emménagé avec elle, on a commencé à être de plus en plus rancuniers l'un envers l'autre. Dès le premier jour, on s'est rendu compte que la cohabitation n'était pas faite pour nous. On avait envie que l'autre change et se conforme un peu plus à nos attentes. Au bout d'un moment, il était devenu évident qu'on restait ensemble le temps que notre contrat de location se termine. Le sexe s'est fait de plus en plus rare, et j'ai même utilisé ma libido en berne comme une arme – à des moments cruciaux de nos disputes, je refusais de coucher avec elle rien que pour la punir. C'était horrible de ma part, vraiment.

On est parti à Amsterdam pour raviver la flamme. J'ai détesté le fait qu'elle me fasse dépenser de l'argent pour un voyage que j'aurais préféré faire avec quelqu'un dont j'appréciais vraiment la compagnie. Nous n'avons pas baisé ce week-end-là. Peu après notre retour, j'ai décidé que j'allais dormir sur le canapé jusqu'à la fin de notre contrat.

Ceci dit, nos relations sexuelles (quand il y en avait) étaient toujours agréables, mais je me rappelle surtout de notre sexe post-rupture. C'est là que c'est devenu vraiment intéressant : on avait absolument rien à prouver. Notre dernier rapport fut le meilleur de tous. Elle m'a emmené dans son nouvel appartement – qui était beaucoup mieux que le mien d'ailleurs, avec un gigantesque miroir adossé au mur. Elle m'a demandé de la baiser devant ce miroir, tout en fixant intensément son reflet. Nous avons extrêmement mal vécu notre cohabitation, mais je me souviendrais toujours d'elle comme ce reflet dans un miroir – sans la moindre rancune. » – Jamie, 26 ans

« Notre vie sexuelle a drastiquement changé – on a pu redoubler d'inventivité en cessant de se limiter à notre chambre. On couchait ensemble dans la cuisine, le salon, la douche, sur le canapé. Je détestais mon ancien appartement, et maintenant que nous avons un endroit rien que pour nous, je suis ravi de pouvoir expérimenter beaucoup plus.

On s'absente souvent de l'appartement, chacun de notre côté. Du coup, on adore se retrouver – c'est toujours un moment très spécial. » – Jenny, 27 ans

« Je suis sorti avec Giuliana pendant cinq ans. On a passé six mois à distance, puis un an et demi dans un appartement qu'on partageait avec d'autres colocataires. Puis on a emménagé rien que tous les deux.

Au début de toute relation, on passe son temps à baiser – mais ça finit toujours par se calmer un peu, que l'on vive ensemble ou non. C'était la première fois que j'habitais avec une fille, et c'était intéressant de voir comment ça influençait notre rythme sexuel. Pendant la semaine, il ne se passait pas grand-chose, mais on y allait comme des fous le samedi matin. C'était un des rares moments que l'on pouvait passer ensemble, sans être crevés de notre journée de boulot – mais c'est vrai que ça devenait un peu trop figé.

Le sexe était bien, mais la routine a fini par s'immiscer dans nos vies. On a testé plein de nouveaux trucs, comme le sexe tantrique. C'était très excitant. Il faut toujours savoir se montrer créatif et ne pas prendre l'autre pour acquis.

Puis elle a déménagé, et on se voyait tellement rarement qu'on se mettait beaucoup trop la pression : il fallait que chaque moment passé ensemble soit parfait. C'est là que notre relation est partie en vrille. » – Stefan, 31 ans