Comment insulter des inconnus dans différentes langues européennes
Toutes les illustrations sont de Timo ter Braak

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Comment insulter des inconnus dans différentes langues européennes

On a demandé à nos voisins quels étaient les équivalents de nos « sac à foutre », « enfoiré » ou autres « mange-merde ».

Peu importe le nombre d'heures que vous passerez au yoga, à la gym suédoise, ou à écouter l'intégralité de la discographie de Radiohead. Parfois, une insulte est le meilleur moyen de redevenir calme. Un doigt coincé dans votre porte, un coup de fermeture-éclair au niveau des testicules : les situations justifiant de lâcher un « Bordel ! » sont légion.

La vulgarité semble ancrée au plus profond des individus, un peu comme le chevènementisme ou l'amour des programmes TV débilitants. Malgré tout, c'est l'expression de cette vulgarité qui diffère en fonction des pays. Nous avons donc demandé à nos contributeurs européens de nous expliquer quels étaient les équivalents de nos « enculé », « fils de pute », ou encore « gros tas de merde ».

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ITALIE
Il est toujours fascinant de réaliser qu'en Italie, il est tout à fait possible de converser avec une personne de manière sensée en utilisant uniquement des insultes – elles sont tellement nombreuses qu'elles traduisent tous les sentiments humains. Vous pouvez marquer votre surprise, votre déception ou votre satisfaction en utilisant cazzo et minchia – qui veulent dire « bite » – merda ou encore figa – « chatte » dans la langue de Molière. Si vous avez l'intention d'offenser quelqu'un, mieux vaut privilégier les attaques familiales : figlio di puttana – « fils de pute » – ou mortacci tua – qui cible les défunts.

S'attaquer à Dieu, la Vierge Marie ou le Seigneur est une passion très italienne. Contrairement aux autres insultes, celles-ci sont étoffées, complexes, et impossibles à traduire.

La meilleure insulte nous vient du centre de l'Italie : Li mortacci tua, de tuo nonno, de tua madre e dei 3/4 daa palazzina tua . Si vous vous posez la question, cela veut à peu près dire : « Nique tes morts, ceux de ta grand-mère, de ta mère, et ceux des 3/4 des habitants de ton immeuble. »

– Alice Rossi

SERBIE
Le célèbre linguiste serbe Vuk Karadzic, à qui l'on doit la rédaction du premier dictionnaire serbe et du Nouveau Testament dans notre langue, a répertorié l'ensemble des insultes traditionnelles du pays.

Celles-ci visent bien évidemment en premier lieu la famille. Jebem ti mater est le Pape de toutes les insultes – un « nique ta mère » on ne peut plus classique. Sinon, les Serbes s'intéressent beaucoup aux vagins – Pizda ti materina veut dire « je nique la chatte pourrie de ta mère » – et à la masculinité – ce qui conduit à des attaques homophobes.

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Pour les moins velléitaires, il est toujours possible de se contenter d'un « je te chie dans la bouche ». Les vrais champions savent que les insultes suprêmes visent les ancêtres, voire l'absurdité complète. « Je nique ta bite dans une chatte » est un classique dans le pays, même si personne ne sait ce que cette phrase veut dire. – Magda Janjic

ROUMANIE
La culture de l'insulte roumaine tourne autour de trois constantes : le sexe oral, les mères et Jésus. L'invective la plus courant est muie, qui veut dire « suce mon pénis ». Certaines sont plus créatives, notamment Să mă fut în mă-ta – « je veux me baiser dans ta mère ». Cela ne vous surprendra pas d'apprendre que la recherche PornHub la plus courante en Roumanie est liée aux mères de famille.

L'insulte la plus controversée évoque la religion. Quand on sait que 81% de la population se déclare orthodoxe, hurler futu-ți Cristoșii și Dumnezeii mă-tii est assez mal vu. En effet, « je vais baiser les Dieux et Christs de ta mère » passe assez moyennement.

– Mihai Popescu

PAYS-BAS
Contrairement à nos camarades est-européens, nous ne nous intéressons pas vraiment aux mères de famille. Nos attaques sont plus frontales, et évoquent de terribles maladies – qu'il s'agisse de klere (le choléra), pest ou encore tering (la tuberculose).

Dans l'histoire récente, l'invective kanker (cancer) est devenue célèbre. Vous pouvez vous en servir dans de multiples situations, et la combiner avec d'autres termes, comme dans kankerlul (cancer de la bite).

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Ces maladies peuvent tout de même apparaître dans des situations plus positives. Si vous êtes occupé à prendre soin de votre corps dans une salle de sport, vous pouvez affirmer que vous êtes teringdruk (occupé comme un tuberculeux).

– Twan Stoffels

AUTRICHE
En Autriche, si quelqu'un vous énerve, vous pouvez crier hure, le putain local. Sinon, les Autrichiens font référence aux différents organes du corps humain, comme beidl (le scrotum).

Notre pays n'échappe pas aux traditionnelles insultes homophobes, comme schwuchtel, et celles à destination des handicapés – mongo. Si un Autrichien vous emmerde, n'hésitez pas à lui répondre Geh scheißen (va chier), ça le calmera sans aucun doute. – Markus Lust

DANEMARK
Une insulte danoise de qualité se doit d'évoquer le fait d'être dévoré par un truc effrayant. On pourrait citer satanedme (Satan me mange) ou encore kraftedme (le cancer me mange), ce qui ne sonne pas vraiment comme une insulte, je vous l'accorde. Imaginons qu'un type vous bouscule et fasse tomber votre livre de contes rédigés par H.C. Andersen – vous lui répondriez : « C'est trop Satan me mange ! »

Il existe aussi tout un tas de traductions approximatives d'insultes anglaises, comme on peut en trouver dans les sous-titres de films. On y trouve des perles telles que skidespræller (remueur de merde), kors i røven (une croix dans le cul), etrøvbanan (cul de banane) – apparemment, c'est le meilleur moyen que les Danois ont trouvé pour avoir des insultes aussi simples et efficaces que putain, merde et enfoiré. Sachez aussi que notre traduction du « Yippie ki-yay, motherfucker ! » de John McClane dans la saga Die Hard est « Merci et au revoir, frère merde ! » Par pitié, venez-nous en aide.

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– Alfred Maddox

GRÈCE
La Grèce et les insultes vont de pair. Malakas est sans doute l'invective la plus célèbre – ce mot veut dire « branleur », mais peut aussi servir dans des situations plus amicales, pour dire « mec ». Sinon, les Grecs peuvent faire preuve d'imagination en se lançant à la gueule na se pane tesseris – une expression impossible à traduire, mais qui évoque ce moment au cours duquel quatre personnes portent votre cercueil.

Pour finir, n'oubliez jamais que les Grecs s'adaptent à leur époque. Durant les années 1980 et 1990, « que ton magnétoscope brûle » était à la mode. Si vous ne comprenez pas la gravité de cette insulte, c'est que vous n'avez aucune idée du prix des magnétoscopes dans ce temps-là. – Pavlos Toubekis

ALLEMAGNE
Les insultes allemandes sont un peu à l'image de notre pays – assez chiantes, en fait. Dumme Kuh (conne de vache), Pissnelke (un mot qui désigne à la fois un pissenlit et une jeune fille prude et ennuyeuse), ou Flachzange (qui signifie pince plate, mais aussi idiot).

Mais comparé aux autres pays, l'Allemagne se concentre plus sur les matières fécales et autres joyeusetés scatophiles qu'aux actes sexuels. En général, le premier gros mot allemand que les étrangers apprennent est Scheiße (merde), même si Arschloch (trou du cul) est aussi très populaire.

Ceci étant dit, nos meilleurs jurons viennent du rap allemand. Les rappeurs ont introduit l'Allemagne à l'idée de forniquer avec la mère des autres, avec des termes tels que Hurensohn (fils de pute) et Ich ficke deine Mutter (Je baise ta mère). Ils ont aussi amené la tradition allemande des insultes toutes mignonnes à un tout autre niveau en inventant des jurons tels que Du Lauch ! (espèce de poireau).

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Barbara Dabrowska

ESPAGNE
L'Espagne est un pays profondément religieux depuis la naissance de Jésus. Il est donc logique que nos insultes tournent autour du fait de cracher sur les yeux de Dieu, de Jésus, sa mère Marie et toute la bande. Cette superbe tradition espagnole commence à faire les frais du politiquement correct, mais il est toujours possible d'entendre des vieux hurler des choses telles que : Me cago en la puta madre de Jesús, en su padre y en toda su jodida corte celestial (Je chie dans cette pute de mère de Jésus, dans son père et toute leur putain de cour céleste). Je me rappelle aussi avoir entendu mon grand-père se fâcher contre quelqu'un au point de dire me cago en su corazó (Je chie dans son cœur) – j'ai encore des frissons quand j'y repense aujourd'hui.

Pour résumer : si vous voulez vraiment insulter quelqu'un en espagnol, il faut que vous chiiez dans une partie de son corps, ou celle d'une figure sainte.

- Juanjo Villalba