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Comment j’ai retrouvé mes 17 frères et sœurs, également nés d’un don de sperme

Enfant, j'ai toujours rêvé d'avoir une grande famille – j'ai fini par la trouver sur Internet.
retrouvailles

L'auteure et sa demi-sœur Eve (à gauche) rencontrent leur demi-sœur Charlotte (à droite). Toutes les photos sont publiées avec l'aimable autorisation de l'auteure

Si vous me rencontrez pour la première fois et que vous me posez les questions d'usage – où as-tu grandi, as-tu des frères et sœurs – je vais sans doute vous répondre que je suis fille unique. Techniquement, j'ai aussi 17 frères et sœurs. Je vais vous expliquer pourquoi.

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Je suis née d'un don de sperme. Ma mère n'a jamais eu de problèmes avec les hommes, mais quand elle s'est retrouvée célibataire à 40 ans, elle a décidé qu'il était temps pour elle de réaliser son rêve d'avoir un enfant – même si cela impliquait de se débrouiller seule. Elle a parcouru un énorme registre de donneurs à la banque de sperme californienne et a rapidement fait son choix : il était en bonne santé, grand, athlétique et créatif. Cet homme serait mon père.

Dès le départ, ma mère s'est montrée honnête sur mes origines. Certains parents disent à leurs enfants que les bébés sont le fruit de « deux personnes qui s'aiment énormément ». Alors que ma mère m'a dit : « Tu as été conçue au coin de la 79e rue pendant ma pause-déjeuner. Aucun homme n'était présent ».

Si je n'en savais pas beaucoup plus sur mon père, il m'est arrivé de parcourir le registre de donneurs de spermes que ma mère gardait dans le salon. La description de mon donneur était courte mais instructive : il avait les cheveux bruns et bouclés, il faisait de l'athlétisme et de l'art. L'athlétisme est le seul sport auquel je suis bonne. J'ai fait de l'art. J'ai les cheveux bruns et bouclés. J'ai ressenti une connexion.

Pourtant, j'ai toujours eu l'impression qu'il manquait quelque chose. Il n'avait toujours été question que de ma mère et moi – un couple de grands-parents, un seul côté de l'arbre généalogique. J'enviais mes amis et leurs grandes familles. Je n'avais pas de frère avec qui me bagarrer, pas de sœur avec qui partager mes vêtements.

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Puis, à l'âge de sept ans, mon vœu a été exaucé. Ma mère m'a demandé de m'asseoir et m'a annoncé que j'avais bel et bien des frères et sœurs – deux, en fait. Elle les avait trouvés sur le Donor Sibling Registry, un site créé pour que les enfants issus d'un donneur et leurs parents puissent localiser les autres enfants de ce même donneur.

Il est difficile d'estimer le nombre d'enfants nés d'un don de sperme aux États-Unis, étant donné que « personne n'a jamais gardé de traces », explique Wendy Kramer, directrice du Donor Sibling Registry. Aujourd'hui, la base de données compte à elle seule 50 000 membres. Chaque donneur de sperme possède un numéro que vous pouvez utiliser pour trouver ses autres enfants – en tout cas, ceux qui sont inscrits sur le site. À ce jour, Donor Sibling Registry a permis de mettre en contact plus de 13 000 demi-frères et demi-sœurs.

L'auteure (à droite) avec son demi-frère Gus et sa demi-sœur Marcy

Cet été-là, nous sommes allées à Boston pour rencontrer mon nouveau frère et ma nouvelle sœur. Gus avait un an de moins que moi ; Marcy avait trois ans. Ils étaient frères et sœurs biologiques et avaient été élevés ensemble par une mère célibataire. Je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre, mais j'ai été timide et maladroite tout au long de notre promenade dans le parc. Nous avions certaines similitudes, mais j'avais l'impression d'être face à des inconnus.

Ce qui est le plus étrange, c'est qu'il n'y a pas de lien familial immédiat. Nous partageons notre ADN, mais nous n'avons pas vécu les mêmes expériences familiales. Pourtant, il y a quelque chose de spécial. Les gens cherchent leurs frères et sœurs sur Donor Sibling Registry pour une raison principale : « renforcer le sentiment d'identité », selon une étude réalisée sur 800 personnes apparentées. En rencontrant Gus et Marcy pour la première fois, je n'ai pas vraiment eu l'impression de gagner un frère et une sœur, mais cela a changé ma façon de voir les choses.

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Chaque année après ça, un nouveau frère ou une nouvelle sœur apparaissait sur le registre et nous procédions à la même routine : « Salut, je m'appelle Claudia et apparemment, nous partageons le même ADN ».

Quand j'avais 11 ans, nous avons fêté notre premier Thanksgiving « en famille ». Nous nous sommes réunis chez Gus et Marcy et nous avons rencontré pour la première fois Eve et Matt, des frères et sœurs originaires de Californie. Eve et moi n'avions que trois mois d'écart et nous nous ressemblions comme deux gouttes d'eau. C'était un peu comme rejouer À nous quatre. Nos vies avaient été différentes – j'ai grandi à New York, elle en Californie ; elle a un frère, je suis fille unique ; j'ai une mère célibataire, elle a deux mères – mais nous savions que nous étions taillées dans la même étoffe.

Ce premier Thanksgiving a été étrange et irréel, mais aussi incroyablement normal. J'étais serrée sur le canapé entre mes deux frères et mes deux sœurs, et nous rigolions ensemble, comme j'en avais toujours rêvé. Nos mamans ont passé beaucoup de temps dans la cuisine à échanger les histoires de nos éducations, à comparer nos taches de rousseur et nos pointures. Elles nous ont fait nous aligner contre un mur blanc pour comparer notre taille. Elles ont pris des photos à profusion alors que nous posions maladroitement, mais ensemble.

Les années ont passé et nous avons trouvé encore plus de frères et sœurs. Nous ne nous voyions qu'une fois par an, tout au plus, mais notre « nouvelle famille » était devenue une « famille », tout simplement. Nous nous souhaitions nos anniversaires, nous partagions nos nouvelles dans une conversation de groupe et nous traversions le pays pour nous voir.

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L'auteure avec ses demi-frères et demi-sœurs lors d'une « réunion de famille »

Nous avons eu notre plus grande « réunion de famille » en date lorsque j'avais 16 ans. Sept d'entre nous, plus nos mamans, nous sommes réunis dans le nord de la Californie, où vit ma demi-sœur Charlotte. Alors que nos mères buvaient du vin et se racontaient des anecdotes dans la cuisine, nous sommes allés dans la chambre de Charlotte. Nous étions beaucoup trop nombreux pour tenir sur le lit, donc nous nous sommes assis par terre et avons parlé de nos vies. Certains étaient des enfants uniques, d'autres avaient des frères et sœurs biologiques ; certains n'avaient jamais eu de père, d'autres avaient eu un père adoptif. Certains d'entre nous avaient été scolarisés en école privée, d'autres en école publique ; certains vivaient dans d es zones rurales, quand d'autres vivaient dans des grandes villes. Mais chacune de nos mères s'était battue pour avoir un enfant, et chacun de nous savait ce que ça faisait de grandir en s'interrogeant sur cette seconde moitié de notre matériel génétique. Plus que notre ADN, nous avons partagé cette expérience.

Nous sommes 18 désormais. Il nous est tout à fait possible de contacter notre donneur, mais aucun de nous n'a encore franchi le pas. Quand nous le ferons, je ne suis pas sûre qu'il sera préparé à cela – je ne parle pas du fait de rencontrer 18 enfants nés d'un don de sperme, mais de réaliser que nous avons tous forgé une « famille ».

Le mois dernier, ma mère et moi avons trouvé une nouvelle sœur – le 17e membre de la famille que nous avons trouvé sur le Donor Sibling Registry jusqu'à présent. Nous l'avons rencontrée, elle et sa mère, trois jours plus tard. Ma nouvelle sœur s'était inscrite sur le site il y a un an, mais n'espérait aucun résultat. Au cours du dîner, je lui ai dit de se tenir prête : elle s'est peut-être sentie comme une fille unique toute sa vie, mais sa famille est sur le point de s'agrandir.

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