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Cécile : C'est une démarche personnelle, une quête. La curiosité n'est pas quelque chose de rationnel. Je me suis sentie happée dès mes 25 ans, mais je ne pensais pas avoir la légitimité de le faire – et encore moins quelque chose à apporter. La confiance me manquait. Quand j'ai rencontré une connaissance intégrée à la loge, j'ai été attirée par sa façon d'être et de parler. Je l'ai suivie.Peux-tu justement revenir sur les rites d'entrée parmi la communauté franc-maçonne ?
La lettre de motivation est un manuscrit que j'ai réalisé avec mon être, ma conscience et mes motivations. Puis vient l'enquête. Celle-ci est une façon pour les potentiels frères d'observer si vous êtes en adéquation avec les valeurs générales de la communauté. Car l'esprit communautaire y est fort. C'est un phénomène que j'apprécie, qui me met en lien avec des individus qui partagent le même désir. Je ne suis pas attirée par la Franc-maçonnerie en tant que réseau. Il est vrai que le principe est de se rendre service. Mais finalement, cette façon de s'entraider dans la vie devrait exister au-delà des frontières entre initiés et profanes, et atteindre la société entière. Cette manière de penser m'intéresse pour ce qu'elle a d'apolitique.À quoi ressemblent les gens que tu as rencontrés en loge ?
Ils sont de toutes origines, âges, et milieux sociaux. Leurs comportements, leurs goûts et leur façon de vivre composent un patchwork. Il y a quelque chose d'assez « polyphonique » qui se neutralise le temps de la « tenue », c'est-à-dire de la réunion maçonnique. Celle-ci nous porte vers un désir commun. En ce qui concerne la moyenne d'âge, je dirais qu'elle est de 47 ans. La plupart de mes « frères » et « sœurs » sont en effet nettement plus âgés que moi. En effet, quand je suis rentré en franc-maçonnerie, j'ai pu remarquer qu'il y avait peu de d'individus de mon âge. Je reste la plus jeune et j'ai 34 ans !
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Comment la Franc-maçonnerie est-elle perçue par la jeunesse française ?Le dicton dit vrai : « avec les amis, on ne parle ni politique, ni religion. »
On entend de tout à son sujet. Pour certains, il s'agirait du Diable ou d'une secte. Internet ou la télévision nous donnent des définitions erronées de la Franc-maçonnerie et cultivent une distance avec la matière philosophique. C'est sans doute le fait du « secret » sur lequel s'est bâtie la franc-maçonnerie. Les fantasmes médiatiques sont nombreux.De quelle façon vis-tu avec tes croyances dans le monde laïc d'aujourd'hui ?
En ce qui me concerne, je vis une intimité spirituelle. Je laisse mes tracas à l'extérieur de la loge. De même, mes amis et ma famille ne sont pas, pour la plupart, informés de mes choix maçonniques. En ce qui concerne les influences politiques que l'on a tendance à critiquer, tout dépend des loges. Les idéologies ne concernent pas le symbole. Il a une valeur universelle. Dans la loge où je me rends deux fois par mois, je suis libre de penser ce que je veux.
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Mon appartenance à la franc-maçonnerie bien sûr, mais bien d'autres qui me sont chers et relatifs à mes affinités politiques et morales. Une fois avec mes amis, je conserve certains secrets. Le dicton dit vrai : « avec les amis, on ne parle ni politique, ni religion ».
Mes relations n'ont absolument pas changé. Seul mon mode de vie a évolué. Je bascule peu à peu vers d'autres désirs. La fête, l'ivresse des nuits dansantes et alcoolisées qui s'éternisent m'intéresse moins. Je me suis assagie et m'oriente autrement. Mes amis restent les mêmes à mes yeux mais je partage d'autres types de moments. Poussée par d'autres envies, la sérénité prend place et c'est le fruit d'un cheminement progressif. Mais, cela fait juste un an que j'ai véritablement rejoint la loge. Alors, le meilleur reste à venir.
Que fait-on une fois en loge ? À quelle fréquence t'y rends-tu ?Il m'est malheureusement impossible d'en dire plus sur ce qui se passe en loge. Cela fait partie du secret maçonnique.
En loge, tout est rituel. Nous traitons de sujets philosophiques, pour l'essentiel. Nos réflexions se font par l'étude de nombreux symboles. Ma loge est surtout axée sur tout ce qui est philosophique. D'autres sont plus orientées sur le sociétal.Je me rends dans ma loge deux fois par mois, mais il est possible d'en visiter d'autres et d'assister à leur rituel. La fréquence minimum officielle est de deux fois par mois. Il est préférable d'être assidu, pour soi comme pour les autres. L'assiduité fait partie des valeurs maçonniques.
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Le trajet est lent, et implique de nombreuses épreuves. Les rites maçons provoquent une autre appréhension du temps pour celui qui les côtoie. Il ne s'agit pas d'une chronologie classique. Le rythme de l'Histoire n'a rien à voir avec la Franc-maçonnerie ; il n'est pas diachronique mais plutôt universel. Il s'éprouve au fil du temps, guidé par les sentiments du cœur et la joie. La part de subjectivité est grande. C'est aussi pour cela que la Franc-maçonnerie fut pour moi une révélation.
Eh bien, je ne suis pas d'accord non plus avec cela. C'est un lieu commun de penser que la franc-maçonnerie entretient un rapport hermétique et complexe à la vie intellectuelle. Pour preuve, mon métier est très « réel ». Je crée des vêtements avec mes mains ! Je ne me consacre pas non plus particulièrement à l'écriture. Je n'ai pas fait d'études poussées et je ne fais pas partie d'une quelconque élite intellectuelle. Et pourtant, je me régale de ses échanges où, réunis hors du temps, hors des zones de vie sociale classiques, nous pouvons accéder à une forme de pensée méditative et active.Est-ce qu'en tant que jeune, tu te confrontes parfois au sein de la loge à des valeurs qui ne sont pas les tiennes ?
Comme partout, je dirais. Je suis plutôt orientée « à droite » d'un point de vue politique. La majorité des frères et sœurs de ma loge sont à gauche. Ces distinctions qui influencent nos vies et les rencontres que nous faisons ne sont pas présentes en loge. Nous nous respectons, nous et nos différences. Nous ne sommes pas contraints de nous aimer mais, lorsque nous sommes ensemble, nous partageons des valeurs d'écoute et de tolérance.OK, merci Cécile.Charlotte est sur Twitter.