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Dans le futur, votre dealer sera une imprimante

Comment imprimer des drogues en 3-D avec de l'encre chelou et des machines qui n'existent pas encore

Les dealos du futur auront l'air bien plus aimables que ceux de maintenant.

Acheter de la dope fait partie des trucs les plus relou sur terre. Si ce n'est pas par l'intermédiaire d'un pote qui connait un type dans un quartier chelou rempli de mecs à capuches assis sur des balançoires, c'est auprès d'une petite frappe qui a eu son BEP y'a 13 ans et qui s'alimente avec des kébabs depuis.

Mais ne vous inquiétez-pas, ce ne sera pas toujours comme ça. Les scientifiques sont déjà sur le coup et ont trouvé la solution. Et cette solution se trouve du côté de l'impression tridimensionnelle. Au lieu d'aller chercher votre dope dans la rue, vous allez pouvoir imprimer des drogues sur mesures adaptées au moindre de vos besoins, et tout ça sans bouger de votre chambre, croulant désormais sous les emballages de plats surgelés, et en compagnie de votre chat défoncé comme jamais, car comme tous les ados du monde le savent, les chats sont incapables d'éliminer le THC.

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D'ailleurs, vous n'achèterez plus de dope proprement dite ; vous téléchargerez des applications. Ces applications vous donneront accès à des fichiers qui vous indiqueront ce dont vous avez besoin. Et vous n'aurez plus besoin de vous soucier de la légalité de ce que vous prendrez, parce qu'il n'y aura plus de législation concernant la drogue. Parce que les drogues seront tellement adaptées à votre physiologie qu'il sera impossible à l'État de tout contrôler sans se résoudre à devenir lui-même fournisseur.

L'état actuel du marché de la drogue, où de véritables guerres sont menées et des milliards échangés illégalement, ne sera qu'un mauvais souvenir. Avec l'avènement de la stéréolithographie et des drogues imprimables en 3D, on entrera dans un monde où prendre n'importe quelle drogue sera aussi anodin que de boire une tasse de café. Ce qui est plutôt cool, tant qu'on ne devient pas accro à quelque chose qui nous filerait l'envie de bouffer le visage de son voisin.

Mais l'impression 3D de substances chimiques est surtout un bon moyen de soigner les gens en leur apportant les médicaments dont ils ont besoin, des médicaments permettant de combattre des maladies qui sont pour le moment incurables. Vous êtes prédisposé à une maladie hyper vénère ? Alors vous allez  prendre des médicaments préventifs dès votre naissance. En plus on pourra enfin dire adieu aux grands groupes pharmaceutiques corrompus jusqu'aux os, parce que du moment qu'une substance sera homologuée, n'importe qui pourra vendre son produit directement au consommateur.

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J'ai pu discuter avec le Professeur Lee Cronin – un des scientifiques à l'origine de cette technologie et travaillant à l'Université de Glasgow – afin d'en savoir un peu plus sur cette putain d'imprimante à drogue.

VICE : Salut Lee. Pour commencer, peux-tu nous expliquer comment faire pour imprimer une substance en 3D. Genre, on peut créer une vraie pill ?

Lee Cronin : OK, je vais essayer. Imagine la scène suivante : 1) tu vas sur une pharmacie en ligne ; 2) tu choisis ce dont tu as besoin ; 3) t'achètes le fichier et l'encre ; 4) tu reçois l'encre chez toi dans un emballage sécurisé ; 5) tu imprimes la substance avec l'encre spéciale et le fichier ; 6) tu prends ton produit.

OK. Alors comment ça marcherait avec les médicaments sur mesure ?

Je ne peux pas t'en dire plus, désolé.

Lee Cronin, dans son laboratoire.

Allez…

OK, je peux te donner quelques indices. Supposons que je dispose d'un laboratoire permettant de faire tout ce dont on vient de parler. Supposons que j'ai ton génome… Ah aussi, avant que tout ça puisse vraiment fonctionner, il faudrait que les imprimantes 3D et les substances chimiques de base soient massivement disponibles, comme les smartphones aujourd'hui. Ça arrivera un jour, on va assister à une véritable révolution…

Je vois, on aura bientôt tous des imprimantes 3D chez nous.

Oui ; le futur c'est la chimie sur mesure.

Donc les gens auront des médicaments sur mesure basés sur leur ADN ?

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Non, enfin pas seulement. J'ai une méthode qui permet de combiner hérédité et milieu.

Tu peux élaborer ?

Pour faire simple, on va dire que je suis en train de créer une time-machine biologique qui permettra de savoir quelle maladie on risque d'avoir en étudiant l'hérédité et le milieu. Et ensuite de créer la substance pour y remédier.

Donc tu vas regarder leur code génétique et leurs conditions de vie, et tu vas pouvoir en déduire la probabilité qu'ils souffrent de telle ou telle maladie ?

Oui, en quelque sorte.

Tu penses qu'on pourra vivre indéfiniment avec ce genre d'avancées technologiques ?

Non, pas au delà d'une certaine limite ; ce genre de choses ne m'intéressent pas. Mon objectif est de garder les gens en bonne santé le plus longtemps possible.

Je suppose que tout ça pourrait avoir un impact positif pour les pays les plus pauvres ? Ça rendrait les médicaments moins chers et plus accessibles ?

Oui, en effet.

Peut-on imaginer l'apparition de « créateurs » en marge des groupes pharmaceutiques, comme on a pu voir dans d'autres domaines de l'impression tridimensionnelle ? Des chimistes amateurs qui expérimenteraient diverses substances ?

Oui, c'est exactement comme dans les technologies ARM. Dans le futur, on ne vendra plus de médicaments, mais des fichiers ou des applications. Ces applications seront testées et validées dans des laboratoires avant d'être disponibles.

Et comment ferait-on pour empêcher les gens d'abuser de cette nouvelle technologie, comme par exemple les dealers qui chercheraient à créer de nouvelles drogues ?

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Il y aurait une sorte de limitation, c'est un débat qu'il faut avoir. Mais ça pourrait être similaire à ce qu'Apple fait avec l'iPhone et les applications non-autorisées.

OK mais on peut facilement jailbreaker l'iPhone. De manière générale, il y aura toujours quelqu'un pour détourner la technologie.

Les gens peuvent entrer par effraction dans des laboratoires et fabriquer ce qu'ils veulent.

Ouais OK, il y a des gens qui fabriquent de la dope illégalement ; mais ne plus avoir besoin de laboratoire faciliterait quand même bien les choses.

Non, c'est inexact puisque l'encre et les logiciels seront liés, et surtout cryptés. Tu parles d'un truc qui est très compliqué d'un point de vue éthique, législatif et surtout vis à vis des libertés individuelles. Mais on peut faire en sorte que l'encre soit inutilisable si on essaie de casser la cartouche. La façon dont elle sera conditionnée et distribuée fera qu'elle ne sera pas utilisable pour autre chose.

Dans combien de temps on pourra avoir ça chez soi ? Quelques années ? Plusieurs décennies ?

D'ici 10 à 15 ans ? Qui sait, peut-être 5 ou 10.

Ça défonce. Merci Lee.