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drogue

Des drogués nous ont dit combien leur coûtait leur addiction

Cocaïnomanes, alcooliques ou crackheads – ils ont tous dépensé des milliers d'euros en came.
rails de coke

À l'âge de 20 ans, Jennifer gagnait 3 300 euros par semaine en faisant du strip-tease à Ottawa, au Canada. Elle dépensait près de la totalité de cette somme en cocaïne.

« Il m'est impossible de calculer tout ce que j'ai pu dépenser en drogue », raconte Jennifer, aujourd'hui âgée de 47 ans. « C'est colossal. Je pourrais être millionnaire à l'heure qu'il est. » Elle survit désormais grâce aux aides sociales. « Je n'ai plus un seul centime », précise-t-elle.

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Selon une étude réalisée en 2015 par l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies, le coût social des drogues en France représenterait près de 250 milliards d'euros. VICE a contacté plusieurs consommateurs afin d'en savoir plus sur le poids économique des dépenses liées à la drogue.


Cocaïne
Coût : 50 €/gramme ; 400 - 1 100 €/jour

Jennifer a commencé à se déshabiller contre de l'argent à l'âge de 14 ans – ce qui était bien sûr illégal. À 16 ans, elle était accro à la coke. Selon ses dires, « toutes les filles en prenaient parce que ça permet tenir toute la nuit ».

Son addiction n'a fait qu'empirer quand elle a fêté ses 20 ans. Tout son argent y passait – entre 1 300 et 3 400 euros par semaine. Selon ce qu'elle gagnait, elle pouvait dépenser entre 400 et 1 100 euros par jour. « Je dormais entre 10 heures par nuit, et le reste du temps je me droguais. » Elle a mené ce train de vie jusqu'à ses 29 ans.

« J'étais devenue trop vieille pour faire du strip-tease et mon addiction était trop envahissante, déclare-t-elle. J'ai fini par me prostituer. » Faire le trottoir lui rapportait 1 300 euros par nuit. Elle s'est mise à s'injecter de la cocaïne en intraveineuse pour une défonce « plus intense », tout en continuant à la sniffer.

Elle a alors commencé à dealer du crack, avant de finir en prison pour une durée de sept ans. Depuis quatre ans, elle vole dans les épiceries. « Surtout de la viande et du fromage », déclare-t-elle, ajoutant qu'il y a beaucoup d'argent en jeu sur le marché noir de la viande. « Avec un rôti à 23 euros, je me fais une marge de 10 euros. J'en volais jusqu'à 16 par jour. »

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Jennifer essaie d'arrêter la cocaïne depuis deux ans, mais elle rechute de temps en temps. Elle participe à des campagnes de prévention au sujet des risques liés à l'usage des drogues, et s'occupe de femmes ayant été victimes de violence. Elle a récemment témoigné au tribunal contre un homme qui l'aurait violée.

Aujourd'hui, Jennifer survit grâce aux allocations et essaie de ne commettre aucun délit, bien que la tentation soit toujours là. « J'y pensais ce matin même, avoue-t-elle. Je suis allée voir une amie qui m'a montré sa came et les trucs qu'elle avait volés. J'ai dû partir. »

Hydromorphone. Photo via Flick CC.

Opioïdes sur ordonnance
Coût : 2,60 €/comprimé ; 65 €/jour

Sean LeBlanc, 43 ans, vit avec sa copine dans un petit appartement d'Ottawa. Il a un bon boulot, une relation stable, mais a beaucoup de mal à accepter le fait que, sans sa consommation d'opioïdes, il aurait pu s'offrir une maison.

Il y a neuf ans, Sean a commencé à prendre de l'hydromorphone, un puissant antidouleur. À l'époque, il était étudiant à l'université St. Thomas. Sa copine, enceinte, venait de succomber à une overdose. Une semaine après sa mort, un type lui a filé du Dilaudid afin de faire disparaître sa peine.

Les effets du Dilaudid s'estompant au bout de cinq ou six heures, cela a obligé Sean à en consommer de plus en plus. Au sommet de son addiction, il ingérait 160 mg par jour. Il a arrêté d'aller en cours et s'est fait virer de la fac. « Les jours où je ne dépensais pas au moins 90 euros étaient rares », déclare-t-il. Il s'est mis à voler dans différents magasins.

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Hormis la weed et une dose occasionnelle de méthadone, Sean ne touche plus aux drogues dures. Selon ses estimations, il aurait dépensé 180 000 euros en Dilaudid – sans compter la cocaïne, l'alcool et le LSD, qu'il consommait également.

Photo via Flickr CC.

Alcool
Coût : 45€/jour

Héroïne
Coût : 200€/gramme

Rick Sproule, un Canadien de 58 ans, a commencé à boire à l'âge de 12 ans. Quatre ans plus tard, il était alcoolique. Au moment où son addiction était la plus sévère, il buvait jusqu'à une bouteille de rhum par jour, ainsi qu'une vingtaine de bières. « J'avais l'habitude de confectionner ma propre bière, raconte-t-il. J'étais bourré plus vite comme ça. » Dans les années 1980, il gagnait 4 euros de l'heure en bossant comme cuisinier. Il dépensait la moitié de son salaire en alcool.

Sproule a fini par tomber dans l'héroïne. Un gramme coûtait à peu près 200 euros à l'époque. Il dépensait autour de 340 euros par jour.« Je faisais partie de la classe moyenne. J'avais une famille, une carrière, un régime d'épargne-retraite. Maintenant, je n'ai plus rien. »

Photo via l'utilisateur Flickr Tedsblog

Crack
Coût : 50€/gramme ; 200€/jour

Steven a touché au crack pour la première fois à 16 ans. Avant cela, en compagnie de ses potes, il pouvait dépenser jusqu'à 50 euros pour un gramme de cocaïne. Pour se la payer, il volait des produits électroniques, des bijoux, et faisait la manche.

En vieillissant, il s'est mis à dépenser près de 200 euros par jour pour trois grammes de crack. Il a commencé à prendre de l'hydromorphone en intraveineuse pour éviter les bad trips. Il y a sept ans, son médecin lui a diagnostiqué le VIH. Son frère est dans la même situation.

Steven a vécu dans la rue pendant quelque temps, mais touche désormais une pension d'invalidité de 740 euros euros par mois. Il en dépense près de deux cents dans le crack. Il déclare avoir diminué sa consommation parce qu'il était « trop fatigué ».

Au cours de sa vie, Steven a dépensé près de 130 000 euros rien qu'en crack.

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