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Tandis que Rushdie finissait son café frappé, je lui ai demandé quel effet cela faisait d'être l'objet de telles anecdotes rapportées par d'autres gens. « Je n'en ai rien à secouer, a-t-il répondu. J'ai l'immense chance d'avoir eu une belle carrière d'écrivain. Les gens ont bien réagi à mon travail et ça m'a permis d'avoir une belle vie. »
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qu'ils attendent. »La manière dont nous racontons les histoires et la raison pour laquelle nous en avons tant besoin sont des questions qui se trouvent au cœur du dernier livre de Rushdie, Deux ans, huit jours et vingt-huit nuits. Le roman, son douzième, raconte le conflit post-apocalyptique qui oppose, de nos jours, les humains aux djinns, créatures mythiques décrites par le Coran comme des êtres composés de « feu sans fumée » et qui, écrit Rushdie, vivent dans un monde « séparé du nôtre par un voile ». L'écrivain nous explique en quelques mots que Deux ans a pris vie grâce aux contes de l'Inde et du Moyen-Orient – Les Aventures d'Hamir Amza, Le Panchatantra ou Les Mille et Une Nuits. Sa fascination pour ces livres, dans lesquels on retrouve de nombreuses histoires traditionnelles relatives aux djinns, lui vient de son enfance et imprègne ses écrits depuis 1981, date à laquelle est paru Les Enfants de minuit. Elle est enracinée plus profondément encore dans Deux ans, ne serait-ce que par le titre – deux ans équivalant à un total de 1 001 nuits.
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J'ai suggéré que sa propre expérience, le fait d'avoir vécu sous la menace d'une fatwa, avait peut-être contribué à sa hargne. « Le sentiment que j'ai, a-t-il répondu, c'est que les gens n'apprennent jamais rien. Pire, ils retiennent les mauvaises leçons. Ils ont tiré de tout cela une leçon d'apaisement, au lieu de comprendre que la liberté d'expression était une question à laquelle on ne peut répondre que par oui ou par non. "Est-ce que tu y crois ?" Dès que tu dis "mais", tu as arrêté d'y croire. » Parmi les six, quelques-uns étaient de vieux amis. « Aujourd'hui, ils ne me parlent plus. »La liberté d'expression est une question à laquelle on ne peut répondre que par oui ou par non. "Est-ce que tu y crois ?" Dès que tu dis "mais", tu as arrêté d'y croire.
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