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LE NUMÉRO MODE 2012

Distant Planet

Quentin « Zaltan » Vandewalle vient de monter le label Antinote avec pour première sortie un EP réalisé par Gwen Jamois alias IUEKE...

Quentin « Zaltan » Vandewalle vient de monter le label Antinote avec pour première sortie un EP réalisé par Gwen Jamois alias IUEKE (célèbre crate-digger et marchand) vers 1991-1992 alors qu’il n’avait que 19 ans. On a parlé de ce disque en leur compagnie en buvant des verres de vin.

VICE : Gwen aussi participe au label ?
Quentin : Oui, et aussi Check Morris pour l’artwork qu’on a fait sérigraphier par mon ami Valentin Bourré. J’ai rencontré Gwen dans le quartier. Pote de potes. Ça faisait un petit moment que je voulais monter un label mais je ne savais pas quelle direction prendre. Gwen m’a révélé avoir traversé une période techno, alors je l’ai tanné trois mois durant, jusqu’à ce qu’il exhume cette cassette.

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Ça ne ressemble pas vraiment aux sons de l’époque que je connais, ça me fait plus penser aux sorties Berghain, Dettmann et consorts.
Gwen : C’est relativement proche de quelques trucs de 1992 quand même, il y avait beaucoup de sorties sombres, dures.
Q : Genre « The Art of Stalking » de Suburban Knight, mais c’est vrai que tous les gens à qui on a fait écouter l’EP nous ont parlé de Dettmann. Si on cherche des comparaisons récentes, je pense plus à un mec comme Levon Vincent ou à certains projets de Blawan. C’est cool, parce que ça montre que ce disque ne va pas forcément être rangé avec les sorties rétro, fausse vieille house qui pullulent désormais. OK c’est de 1991-1992, mais ça prend tout son sens aujourd’hui.
G : La techno était encore en voie de définition ; aujourd’hui les genres et styles ont été identifiés et nommés. Cet EP échappe peut-être à ça parce qu’il n’est pas une tentative de correspondre à ces critères, qui n’étaient pas encore clairement établis. Je ne vais pas jouer le mec qui prétend avoir inventé une forme de techno avant tout le monde.

T’écoutais quoi à l’époque ?
G : Detroit, Chicago, du reggae, de l’expérimental, etc. Ce que j’adorais, c’était les trucs un peu sombres, l’idée que quand tu danses, tu te bats contre des robots. Je jouais « Play It Loud » de Larry Heard, des morceaux sans mélodie ou alors des mélodies qui te rendent fou, devant des mecs déboîtés sous MDMA. C’était la crack house.

Le bon temps, quoi.
Quand j’ai fait ces tracks, je bossais dans un studio de reggae, on sortait des morceaux de Yabby You, Sugar Minott, etc. J’habitais dans le quartier jamaïcain et je bossais dans les studios du coin, genre tape-op. J’utilisais les temps morts pour faire mes propres trucs.

T’as pas essayé de les sortir à l’époque ?
G : J’étais en commande avec Aphex Twin pour Rephlex, c’est un pote de longue date. Je faisais des morceaux qui n’avaient rien à voir avec ça, beaucoup plus expérimentaux. Finalement, ça ne s’est pas fait : je n’ai pas osé lui faire écouter les morceaux du EP. Pour moi c’était un exercice de style commercial, j’avais un peu honte. Un an plus tard, je les ai envoyés à Jeff Mills sur les conseils d’un pote, mais il m’a répondu : « Ça m’intéresse pas pour mon label, ça ressemble trop à ma musique. »

Donc t’as d’autres inédits dans tes cartons.
G : Des sacs-poubelles remplis de vieilles K7 TDK. Pas que de la techno, des trucs expérimentaux, du reggae early digital aussi, avec ce son hyper mat façon Casiotone.
Q : On a reçu les test press du EP hier, c’est un maxi 45 tours. On l’a écouté en 33 et ça ressemble à du reggae. Tu vas sortir ces trucs, aussi ?
G : Éventuellement, mais c’est pas à moi de décider. Je n’ai pas assez de recul, c’est Quentin qui verra ça. Ce label n’est pas un véhicule pour ma musique. On va se concentrer sur des archives, des inédits.
Q : Ouais, à la base, ton truc, c’est de faire connaître des choses à côté desquelles tout le monde est passé. C’est marrant parce que ce que t’as vécu vis-à-vis de Bernard Fèvre quand t’as participé à la redécouverte de Black Devil Disco Club, c’est un peu ce que je vis avec toi. Il y a aussi une génération de différence entre nous : 15 ans d’âge, et 20 entre la réalisation des morceaux et leur sortie.
G : J’avoue que j’espérais un peu qu’un jeune comme Quentin vienne me voir et me dise : « On va sortir ça. » Vous ne sortirez que de la musique électronique ?
Q : Oui, mais s’il y a une piste de flûte de pan c’est pas un problème. Et des morceaux contemporains ?
Q : Ce n’est pas prévu, mais après tout pourquoi pas – si on reçoit une démo géniale, ce serait débilos de ne pas le faire. En tout cas on n’est pas dans un délire revival vintage. Si un gamin de 17 piges talentueux comme Lone nous contacte, on est chauds.
G : Ouais, on sortira tout ce qui nous plaira mais on va d’abord exploiter notre réseau. J’ai croisé tellement de vieux de la vieille inconnus qui ont des tonnes de tracks hyper bien jamais sortis…
Q : On a de super projets. Je préfère ne pas m’avancer, par superstition, mais ça s’annonce très bien, tu verras.

IUEKE – Tapes (ATN001), Antinote, Paris
Ruf Dug – Ruf Kutz #4 (RK4), Ruf Kutz, Manchester
The Head Technician – Black Mill Tapes Vol.3: All Pathways Open (pca003), Pie Corner Audio Transcription Services
Omar S & OB IGNITT – Wayne County Hill Cop’S Part.2 (FXHE- 0&0), FXHE Records, Detroit
Ron Trent – Kids at Play (EBOO1LTD),
Electric Blue Records, Francfort