FYI.

This story is over 5 years old.

LE NUMÉRO DES CAUSES PERDUES

Distant Planet

La fête est finie. Vous êtes désormais seuls avec vos verres d’eau trop grands pleins de Doliprane.

La fête est finie. Vous êtes désormais seuls avec vos verres d’eau trop grands pleins de Doliprane. Devant vous gisent ces cadeaux déprimants que vos tantes ou vos copines ont achetés d’après les recommandations de la presse unanime : débarrassez-vous de ces albums de Woodkid, Frank Ocean ou Lescop et ne les revendez même pas sur eBay. Personne ne mérite d’écouter ça lorsque son taux de sérotonine chute suite aux excès d’alcool et de Celebrations. Pour commencer l’année, dépensez plutôt vos étrennes en chopant la dernière compilation Liger Music mixée par Tom Noble & Eddie Funkster. Elle vous fera déjà songer à un été fait de chromes et de sexe intersidéral lorsque vous serez cerné par la soupe et la neige molle. Procurez-vous aussi la compilation Into the Light. Ses 12 titres de musique électronique grecque des quarante dernières années rendront moins amer ce début d’année sans avenir : en cas d’effondrement de l’économie, vous pourrez profiter de vos allocs et de votre temps libre pour mener de vraies entreprises glorieuses qui ne rempliront pas votre frigo, comme l’a fait Ilias Pitsios alias Dynamons. VICE : Salut Ilias. Comment t’as compilé tous ces morceaux de musique électronique grecque ?
Ilias : Tako Reyenga de Red Light Records a passé un hiver entier avec moi à Athènes. On a diggé ensemble tous les disquaires du coin et c’est comme ça qu’on est tombés sur ces titres. Tako connaissait la plupart d’entre eux grâce à un ami – qui n’est plus en vie et à qui le disque est dédié. Après le départ de Tako, j’ai continué à trouver des disques intéressants ; on s’est dit qu’on devait en faire une compilation. Vous avez contacté les artistes pour pouvoir faire une compile legit ?
On tenait à créditer ces mecs comme il se doit plutôt que de sortir un bootleg. On a récupéré la plupart des enregistrements originaux et tous les morceaux ont été remasterisés. Ça m’a pris pas mal de temps. J’ai réussi à rencontrer la moitié des artistes et ils étaient hyper excités qu’après tant d’années, un jeune s’intéresse à leurs travaux – et surtout, qu’il souhaite les ressortir. Très peu de gens connaissent ces titres. C’est comme ça que t’as obtenu ce morceau inédit de Dimitris Petsetakis ?
Oui je suis allé plusieurs fois chez lui et je savais que la première partie de son morceau « Clearance » demeurait inédite. Je lui ai demandé s’il pouvait combiner les deux parties en une et il l’a fait. C’est pas mal. Ces vieux compositeurs font toujours de la musique ?
Oui pour la plupart, mais ils ont changé de genre. Ils sont plus dans des trucs jazzy, des BO ou des morceaux à la guitare. Je ne connais rien à la Grèce, à l’exception des hits de Vangelis. Mais j’ai comme l’impression qu’il y a eu une scène importante là-bas.
Pas vraiment. La musique électronique est restée une niche ici, à part dans les années quatre-vingt, lorsque des hits locaux d’italo-disco ont envahi les charts. Certains ont même été des succès internationaux comme « Lost in the Night » de Kostas. Le succès de Vangelis n’a pas entraîné une vague de musique électronique dans le pays, mais il y a eu plusieurs entreprises personnelles qui – sans cacher leur inspiration puisée dans la new wave, l’electro ou l’italo – se distinguent par leur touche grecque. Et aujourd’hui, il se passe des choses ?
À vrai dire, je ne suis pas vraiment la scène actuelle – je passe mon temps à chercher des disques sur Discogs. Il me semble qu’il y a pas mal de jeunes producteurs mais ils ne produisent pas mon genre de musique. Il y a aussi des artistes expérimentaux, comme Lunar Miasma, qui sortent des trucs intéressants en live et en studio. C’est aussi la crise du point de vue de la musique ?
Si on parle de fréquentation des clubs et des bars, oui bien sûr. Mais si on parle de créativité, je pense que la crise est bénéfique, d’une certaine façon. Comment ça ?
Disons que depuis la crise, j’ai plus de temps pour me consacrer à la musique, c’est pour ça que j’ai été productif ces dernières années. Je suis architecte dans la vie de tous les jours, mais j’ai eu le temps de lancer mon label Echovolt il y a deux ans. Oui, d’ailleurs la compilation ne sort pas dessus. Pourquoi ?
On a préféré profiter de l’occasion pour créer un label spécialement dédié aux compilations. Echovolt demeure mon label principal – je le gère avec deux amis – mais ce sont deux choses différentes. On a un programme chargé pour 2013. On va sortir des EP de G-String du groupe R-A-G, D’Marc Cantu, un nouvel alias de Professor Genius, un producteur inconnu avec des morceaux de house/freestyle de 1992 et une collab de Simoncino avec le chanteur Julian Jonah. Et l’on prépare aussi une double compilation de presque tous les musiciens avec lesquels on a bossé. VA - Into the Light: A Journey into Greek Electronic Music, Classics & Rarities (1978–1991) (ITL001), Into The Light, Athènes/Amsterdam
VA - Liger Music Vol.3, mixé et compilé par Tom Noble & Eddie Funkster (LVM007), Liger Vision Media, LA/SF/DC/ATL/NASHVILLE
Jackin’ Bernard Badie - Bernards Got the Funk (MU020), Mojuba, Berlin
Murphy Jax - Lost Soundtracks Main Themes (LXRC11), Lux Rec, Zurich
Robert Williams & Ron Hardy presents: The Muzic Box (RH 122 PROMO), Rush Hour, Amsterdam