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Culture

Star Wars : Le Réveil de la Force est le seul DVD que vous devriez éviter à tout prix ce mois-ci

En revanche pour ceux qui aiment les trucs bien, il y a Lenny et L'Agression.

Antonin et Étienne sont les fondateurs et présentateurs du Cinéma est mort, la meilleure émission de cinéma sur les radios françaises, diffusée sur Canal B. Ils parleront chaque mois sur VICE.com des sorties DVD et Blu-ray qu'ils adorent et des sorties DVD et Blu-ray qu'c'est pas la peine .

STAR WARS, LE RÉVEIL DE LA FORCE
Réalisateur : J.J. Abrams
Éditeur : Fox, sortie le 6 février 2016

Ça y est, le soufflé est retombé. On a le droit de dire que Le Réveil de la Force est un peu nul, non ? Peu ont osé, mais ils l'ont très bien fait. La plupart se sont fait complètement avoir par ce trip nostalgique dont la seule qualité serait presque de réhabiliter la prélogie de George Lucas. Aussi pourris soient-ils, ces trois films avaient au moins le mérite de prendre les fans à rebours – chose impossible maintenant que les analystes des studios veillent à ce que les spectateurs obtiennent exactement ce qu'ils sont venus chercher, et rien de plus.

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L'un des tristes mérites du film de J.J. Abrams est de tenir compte de cet état de fait. À l'image d'un Kylo Ren qui pigne de ne pas être aussi fortiche que son grand-père, ce Star Wars est hanté par un sentiment d'impuissance qui fait peine à voir. Pas étonnant, dès lors, que le film ne sache pas trop quoi faire de son seul personnage un tant soit peu héroïque – à savoir le pilote interprété par Oscar Isaac.

Dans Star Wars 7 , il n'y a de place que pour des vieux, qui vivent dans la nostalgie de leurs exploits datés, et pour des personnages sans passé car amnésiques ou aliénés, qui passent leur temps à fuir ou subir les confrontations. Les scènes d'action sont d'ailleurs traversées par les différents protagonistes comme s'ils étaient des joueurs d'un jeu vidéo coincés dans une cinématique interminable. Pour la chanson de geste, on repassera.

Le film vit dans sa gloire passée – celle des deux premiers épisodes, dont il recycle les principaux éléments dramaturgiques tout en exploitant les ruines qu'ils ont occasionnées.

Abrams fait partie de cette génération de cinéastes/fans qui, sous prétexte de vouloir rendre justice à la pop culture, finit par l'enterrer. Abrams est avant tout un spectateur – voilà pourquoi son meilleur film est Super 8, un très beau long-métrage sur le regard. Son jeune héros y était à la colle avec un pote réalisateur aveugle en tout, si ce n'est aux impératifs spectaculaires. Depuis Abrams a un peu plus de pognon pour faire ses bandes mais, au fond, il est resté ce geek auteur de fan fictions aussi respectueuses qu'inutiles.

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L'AGRESSION
Réalisateur : Gérard Pirès
Éditeur : Gaumont, sortie le 24 février 2016

On se permet un rattrapage de dernière minute pour cette édition low cost de février dernier, tant ce film étend les frontières du n'importe quoi jusqu'à atteindre le génie par mégarde – ou presque. On oublie trop souvent que Gérard Pirès, l'auteur de Taxi, n'est pas un type opportuniste cueilli par Besson à la sortie de son école de cinéma mais bien un vieux briscard hexagonal ayant eu son moment de gloire dans les années 1970. Je connaissais de lui les très sympathiques L'Entourloupe et Fantasia chez les ploucs , mais j'ignorais tout de L'Agression.

Le cinéma français des années 1970-1980 regorge de ce genre de pépites, ayant échappé au radar de la critique et à la reconnaissance publique. Dans cette optique-là, L'Agression est l'un des rares vigilante français. Le scénario ? Jean-Louis Trintignant et sa famille sont agressés par des blousons noirs en motocyclettes. Jean-Louis s'en sort. Sa famille, non. Jean-Louis veut se venger. Pour ce faire, il sera aidé par sa belle-sœur, interprétée par Catherine Deneuve, et par Claude Brasseur – un redneck en pays cathare, apôtre de la légitime défense. France, États-Unis, même combat : les pouvoirs publics ne font rien pour aider les honnêtes citoyens, c'est donc à ces derniers de prendre les choses en main.

Ce qui frappe en premier lieu dans ce film, c'est la qualité des scènes de poursuite. Pirès, fan de grosses cylindrées, le Monsieur cascade du cinéma français, Rémy Julienne, et différents motards légendaires font des merveilles. On n'est pas devant Mad Max, mais il y a du niveau.

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Après, on ne boude pas son plaisir de mater un vigilante français où figurent des blousons noirs anxiogènes, des restoroutes moisis et une discothèque bien de chez nous – dont le groupe en live n'est autre que les Frenchies, avec le jeune Jean-Marie Poiré au chant.

Mais ce qui rend le film génial et presque surréaliste, c'est sa direction d'acteurs – ou son absence de direction d'acteurs, je ne saurais dire. Trintignant, Deneuve et Brasseur semblent constamment à côté de la plaque vis-à-vis des enjeux du scénario. Non pas qu'ils jouent mal, bien au contraire – ils font preuve d' énormément de conviction. On a simplement l'impression qu'ils ne jouent pas dans le bon film. De ce décalage naît une oeuvre improbable.

LENNY
Réalisateur : Bob Fosse
Éditeur : Wild Side, sortie le 30 mars 2016

Coincé entre les deux monstres virtuoses que sont Cabaret et Que le spectacle commence, Lenny fait figure de petite chose bizarre dans la courte carrière au cinéma de Bob Fosse. Pas de chorégraphies extravagantes, très peu de plans larges et une construction lacunaire qui respecte la personnalité complexe de Lenny Bruce – mort après avoir introduit dans le stand-up les thèmes aujourd'hui incontournables du genre, c'est-à-dire du cul, des grossièretés, des blagues raciales et de l'irrévérence politique.

Le film tient une ligne très étrange, entre le glamour et la très grande crudité, grâce, entre autres, à une photographie assez folle de Bruce Surtees. Un brin prisonnier de cette beauté plastique, le film peine à émouvoir pleinement – et demeure assez loin des biopics magnifiques auxquels il fait penser, à savoir Larry Flint et Man on the Moon de Miloš Forman.

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Malgré cela, il ne faut pas hésiter à acheter cette édition, rien que pour le bouquin qui l'accompagne. Samuel Blumenfeld y tire brillamment le portrait de son auteur, le fondu Bob Fosse, chorégraphe de génie, inventeur officieux du moonwalk, junky et pervers notoire.

AU COEUR DE L'OCÉAN
Réalisateur : Ron Howard
Éditeur : Warner, sortie le 20 avril 2016

Précisons deux ou trois choses avant de commencer. D'une part, j'adore les films qui se déroulent sur des bateaux. D'autre part, ma sympathie pour Ron Howard est éternelle grâce à Willow, film inoffensif mais adorable. L'époque plaide en ma faveur : les tâcherons d'hier sont les héros d'aujourd'hui. Les types de la même absence de trempe que Ron Howard – à savoir, les Martin Campbell, Richard Donner, Roger Donaldson, ou Roger Spottiswoode – manquent au cinéma américain.

Ces mecs courraient après un idéal de classicisme qu'ils n'arrivaient jamais à atteindre faute de talent mais, au moins, on sentait que les bonshommes se posaient quelques questions. Maintenant, la bouillie visuelle domine à cause de Michael Bay ou Tony Scott – pour prendre les meilleurs – ou de Paul Greengrass – et, plus largement, à cause de ces transfuges de la télévision qui tournent avec cinq caméras et assemblent le tout n'importe comment au montage. Chez Ron Howard, on sent encore un souci du découpage. C'est pataud, absolument sans génie, mais ça fait son office. L'action est lisible, les relations entre les personnages sont tenues et il y a une volonté de fournir ce sentiment d'inconnu propre aux films d'aventure – sentiment qui se fait de plus en plus rare aujourd'hui. Mais ne nous emballons pas. Dans le genre, ça arrive à peine à la cheville de Master and Commander.

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MAD MAX, FURY ROAD EN ULTRA HD 4K
Réalisateur : Georges Miller
Éditeur : Warner, sortie le 20 avril 2016

Le meilleur film du monde avec encore plus de pixels, c'est toujours bon à prendre. Manque toujours à l'appel la fameuse version en noir et blanc promise par Georges Miller.

On rachètera, c'est pas grave.

Les mecs du Cinéma est mort sont sur Twitter.