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Culture

« The Revenant » est le seul DVD que vous devriez éviter à tout prix ce mois-ci

En revanche pour ceux qui aiment les trucs bien, il y a Spetters et S.O.S. Fantômes.

Antonin et Étienne sont les fondateurs et présentateurs du Cinéma est mort, la meilleure émission de cinéma sur les radios françaises, diffusée sur Canal B. Ils parleront chaque mois sur VICE.com des sorties DVD et Blu-ray qu'ils adorent et des sorties DVD et Blu-ray qu'c'est pas la peine .

THE REVENANT
Réalisateur : Alejandro González Iñárritu
Éditeur : Fox, sortie le 1er juillet 2016

Alejandro González Iñárritu s'est fait un nom grâce à son world cinéma en forme de récits choraux liés par un gloubi-boulga philosophique à la Paulo Coehlo. Il s'attaque avec The Revenant au genre du survival. Hormis le bébête dolorisme catholique propre à tous ses films, pas grand-chose ne prédisposait le pâteux réalisateur de Babel à s'attaquer à un genre nécessitant autant de sécheresse.

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De la douleur il y en a bien durant les 2h30 de The Revenant – mais pour la sécheresse, on ira plutôt voir le superbe film adapté de la même histoire, que trop peu ont évoqué lors de la sortie en salle, Le Convoi sauvage de Richard C. Sarafian.

On a en revanche beaucoup parlé de Terrence Malick pour évoquer le style emprunté par Iñárritu à l'occasion de son tournage guérilla – principalement parce que son chef opérateur, Emmanuel Lubezki, est le même que celui du maestro, en plein craquage depuis The Tree Of Life. Mais s'il y a bien un cinéaste émulé dans The Revenant, il s'agirait plutôt d'Alfonso Cuarón, dont Lubezki est également le chef opérateur. The Revenant reprend son usage du plan-séquence pour créer une qualité d'immersion assez inédite.

Cuarón et Lubezki ont inventé une nouvelle manière de filmer l'action dans Le Fils de l'Homme, avant de la radicaliser dans Gravity. La caméra s'y baladait avec une liberté folle dans des scènes d'action sans avoir recours au découpage – autrefois élément principal de la grammaire de ces scènes. The Revenant marque une nouvelle étape dans cette évolution.

La bataille inaugurale, impressionnante techniquement, souffre ainsi d'une absence totale de point de vue. On a vanté partout la force immersive de cette scène et des suivantes, et c'est probablement vrai. On est plongé au cœur de l'action, la caméra n'étant indexée sur aucun regard humain si ce n'est le nôtre – un peu à la manière d'un casque de réalité virtuelle piloté de façon faussement chaotique par le metteur en scène. L'une des conséquences de cette manière de filmer est la difficulté qu'ont les personnages à exister – l'empathie étant le cadet des soucis d'une mise en scène qui n'a pour objectif que le spectacle de sa propre virtuosité, dissimulée derrière un réalisme de façade.

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SPETTERS
Réalisateur : Paul Verhoeven
Éditeur : BQHL, sortie le 16 juin 2016

À l'heure où Paul Verhoeven entame brillamment la troisième partie de sa carrière, il aurait été chouette qu'un éditeur rende de nouveau disponible les films de sa période hollandaise – ce n'est pas le cas pour le moment. En revanche, l'inédit Spetters a enfin droit à une sortie DVD. Ça tombe bien, car c'est probablement le meilleur film de cette période – le plus radical en tout cas, qui poussera Verhoeven à s'exiler aux États Unis à la vue du tollé généré par son long-métrage.

Spetters est un portrait sans concession de la jeunesse hollandaise, dans lequel Verhoeven, comme à son habitude, refuse de prendre le spectateur par la main. Au final, ça lui vaudra des accusations de fascisme, de misogynie, d'homophobie et même de haine des handicapés – une constante chez lui, à la différence près que, contrairement à la plupart de ses films, rien n'y est dissimulé derrière ses talents d'entertainer de génie. Ce sont bien sûr ces derniers qui lui ont permis d'être repéré par quelques décideurs hollywoodiens – notamment Spielberg qui, impressionné par son film précédent Soldier of Orange, souffla son nom à Georges Lucas, qui cherchait un réalisateur pour Le Retour du Jedi. Entre-temps, Spetters est sorti, et Lucas et Spielberg retirèrent leur offre. « Ils ont dû avoir peur que les Jedi se mettent à baiser », dira Verhoeven.

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SILENT RUNNING
Réalisateur : Douglas Trumbull
Éditeur : Wild Side, sortie le 5 juillet 2016

Silent Running fait partie de ces films un peu maudits que l'on aimerait adorer mais qui, en réalité, ne sont pas si agréables que ça à regarder – on pourrait parler de « chouettes curiosités ». Réalisé en 1971 par Douglas Trumbull – le technicien génial à qui l'on doit les effets spéciaux de 2001, l'Odyssée de l'espace , Rencontres du troisième type et Blade Runner – et écrit entre autres par Michael Cimino, le film met en avant une thématique originale, que l'on peut trouver au choix assez géniale, ou alors un peu niaise.

Pour résumer, des convoyeurs spatiaux transportent les derniers spécimens d'arbres, plantes et animaux en provenance d'une Terre ravagée par des catastrophes écologiques. Ces spécimens sont chéris et bichonnés par l'un des astronautes – interprété par cette endive de Bruce Dern – qui leur fait des bisous en écoutant du Joan Baez. Pas de doute, on est bien au début des années 1970.

Au premier degré, le film a de grosse faiblesse de rythme, ses enjeux sont balourdement exploités et les décors sont trop pauvres pour capter durablement le regard. Au second degré, il ne va pas assez loin dans le n'importe quoi pour être l'ultime nanar SF écolo-hippie. Ce titre-là est de toute façon détenu par La Belle Verte de Coline Serreau – même si juxtaposer une chanson de Joan Baez sur des images de croiseurs intersidéraux reste une proposition de cinéma assez folle.

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Ni trop bon, ni trop mauvais, Silent Running demeure un film assez attachant. Wild Side lui consacre une superbe édition, entièrement dévolue à son créateur Douglas Trumbull, présent dans les nombreux bonus. Encore très actif malgré son relatif anonymat, Trumbull annonce toujours qu'il compte révolutionner le cinéma en accroissant ses capacités immersives. On serait tenté de la croire, le type ayant tout de même inventé le tournage à 60 images seconde, le cinéma dynamique, et tout un tas de techniques de SFX particulièrement opérantes. Par contre, un regard artistique ne serait peut-être pas de trop pour les appliquer – sinon, autant aller au Futuroscope.

LA PROIE DE L'AUTOSTOP
Réalisateur : Pasquale Festa Campanile
Éditeur : Artus Films, sortie le 4 mai 2016

La Proie de l'autostop , comme expliqué dans les bonus, est l'un des films les plus charcutés de l'histoire de la VHS. Il sort enfin en version intégrale dans une très belle édition, amoureusement accompagnée d'un bouquin passionné, drôle et instructif signé David Didelot. Ce dernier s'intéresse au rape and revenge – à savoir ces films où une femme est violée sauvagement et finit par se venger de façon idoine – et conclut en affirmant que La Proie de l'autostop échappe un tant soit peu à ce genre.

Comme l'écrit très bien Didelot, le viol y est plus ou moins consenti – et se rapproche en cela de l'ambiguïté de celui des Chiens de Paille. De plus, la revanche n'est pas forcément là où on s'y attend. Malgré tout, La Proie de l'autostop partage avec la plupart des films du genre une misandrie totale alliée, film d'exploitation oblige, à un voyeurisme décomplexé dans la représentation de la plastique avantageuse de sa protagoniste – la très chouette Corinne Clery.

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Cette jouissive hypocrisie mise à part, le film est sans concession dans son portrait d'une masculinité violente et lâche. Les improbables scènes de couple inaugurales sont d'une agressivité et d'une vulgarité si inouïes que le passage au trio par l'adjonction d'un auto-stoppeur psychopathe apparaît presque comme une libération. Pas forcément super optimiste sur la viabilité du binôme homme-femme, cette radiographie de la guerre des sexes est une version trash du Voyage en Italie de Rossellini, en somme. Parfaitement jouissif.

S.O.S. FANTÔMES 1 ET 2
Réalisateur : Ivan Reitman
Éditeur : Sony Pictures, sortie le 7 juillet 2016

À l'époque où les premiers DVD sortaient, je me rappelle avoir passé un petit bout de temps à diffuser image par image certaines scènes de S.O.S. Fantômes 2 – toutes impliquant Bill Murray. J'avais un objectif scientifique : saisir l'essence du génie comique de ce mec. À l'époque j'avais échoué. C'était peut-être une question de support, en fait. Avec la haute définition 4K, je réussirai – peut-être.

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