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Sexe

Entre les cuisses

Que pensent réellement les gays de notre entrejambe à nous, les filles ? Puisqu'ils n'ont jamais vu (ou presque) cette partie de l'anatomie féminine, de quoi se nourrit leur imaginaire ? Et surtout, est-ce que c'est forcément toujours dégueulasse ?

La première fois que j'ai entendu le mot « terrarium », c'était dans la bouche de mon ex-colocataire Tyler, un professeur de Pilate gay originaire du Michigan. Il m'a montré cette photo et m'a dit : « Voilà, pour moi c'est ça, la chatte d'une meuf : un truc tout renfermé, humide et inutile. » Deux ans plus tard et alors que j'évoquais cette anecdote, ma copine Julie m'a raconté qu'elle avait connu le moment le plus embarrassant de sa vie quand son boss s'était pointé derrière elle pile au moment où s'affichait sur son écran l'énorme photo d'une vulve. Celle-ci lui avait été envoyée par un stagiaire homo qui cherchait à illustrer sa théorie : « Chatte = escalope. »

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Je me suis alors interrogée : que pensent réellement les gays de notre entrejambe à nous, les filles ? Puisqu'ils n'ont jamais vu (ou presque) cette partie de l'anatomie féminine, de quoi se nourrit leur imaginaire ? Et surtout, est-ce que c'est forcément toujours supérieurement sale, pour eux ? Je suis allée à la rencontre de garçons qui aiment les garçons pour tenter de répondre à toutes ces questions.

Étienne, 31 ans, bosse dans une banque

Salut ! Si je te parle du sexe de la femme, tu penses à quoi ?

Étienne : Minou, c'est doux ! Je pense à du poil, à une langue… mais j'aurais du mal à trouver un truc comparable. Ce qui est sûr, c'est que ça n'est jamais synonyme pour moi de désir sexuel. Le sexe d'une fille, c'est un truc que je vois très rarement. C'est à part, très surprenant et je dois dire, presque beau. Mais d'une beauté plastique, tu vois ? Comme un moulage. Quand je vois une vulve, dans un film par exemple, j'ai toujours l'impression d'être face à quelque chose d'exceptionnel. Je suis plein de respect devant l'entrejambe d'une femme. C'est comme un sanctuaire… Tellement sacré que je n'oserai jamais y toucher.

Romain, 22, étudiant

Hey Romain, c'est comment pour toi, un vagin ?

Romain : Je sais pas… À une moule ? À un truc répugnant en tous cas. Enfin, peut-être pas répugnant mais… bizarre. Comme une langue de bœuf. Une fois, il y a plusieurs années, une meuf de ma troupe de théâtre s'est jetée sur moi dans les coulisses. C'est la seule nana avec qui j'ai jamais couché, j'étais bourré – limite un viol, quoi. Mais je ne repense jamais à sa chatte. C'est marrant, parce que ça me travaillait beaucoup quand j'étais enfant, à quoi ça ressemblait, tout ça. Plus maintenant. Maintenant, je suis plus travaillé par autre chose…

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Jems, 27 ans, chargé de com

Tu te représentes une chatte comment ?

Jems : La chatte, la chatte… Lasciate mi cantareeee ! Ça ne me fait penser à rien. Ah si, à la chanson : « Si tu as très faim, mange un vagin, si t'as un p'tit creux, mange une grosse queue ! » J'ai déjà couché avec des meufs mais je n'en garde aucun souvenir, à part que c'est moelleux et trop large, avec un arrière-goût de vodka. À chaque fois, j'étais bourré. Maintenant, je n'en vois plus que de temps en temps, dans des films de cul. Putain, t'magines le jour où ils vont créer le porno en odorama ? L'horreur ! En attendant, si je devais comparer à un truc précis, je dirais que c'est comme ces limaces de mers thaïlandaises, tu sais les fluo, là… Voilà, une chatte, c'est une limace fluo thaï super queer.

Mehdi, 26 ans, animateur spécialisé

Salut Mehdi, comment tu décrirais un con ?

Mehdi : Je pense à un truc indéfini mais assez dégueulasse, ou aux schémas en coupe des trompes de Fallope qu'on me montrait à l'école. À l'Origine du Monde de Courbet, aussi. Et puis à ma mère. Le but d'un vagin, c'est quand même la reproduction. Je n'ai jamais couché avec une fille, en partie parce que je considère qu'une chatte, c'est pas assez dur. Pour moi, c'est le fion qui est vraiment fait pour la bite. Et les gens qui disent que la sodomie, c'est dégueulasse, je les ignore. Je suis arabe et pour moi, les racistes et les opposants à la baise entre hommes, il faut les traiter pareil : par le mépris. Oh et tu montres pas ma tête sur la photo s'il te plaît ? Je bosse avec des mômes et je voudrais pas que des connards viennent me causer des problèmes.

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Bastien, 21 ans, chômeur

Bastien, si je te dis sexe de fille, qu'est-ce qui te vient à l'esprit ?

Bastien : J'ai une image hyper sale de l'anatomie féminine. Ça me rappelle cette scène immonde dans Sheitan, tu vois, celle avec un plateau de charcuterie filmé en gros plan. Tu me dis « chatte », je me mets direct à penser à de la charcuterie, ou à un carpaccio. Puis, sans l'envie que la bouffe suscite habituellement chez moi. Il y a un côté sanglant. Comme si les femmes avaient reçu un coup de couteau entre les cuisses et que depuis, elles avaient une plaie à cet endroit-là. J'ai pris conscience de l'anatomie humaine vers 10, 11 ans et j'ai senti que le corps des filles ne m'attirait pas. Le véritable dégoût est venu ensuite, en matant du porno vers 13 ans. Au début, je me branlais sur ce que je trouvais, c'est-à-dire les films de cul hétéro de Canal, sans décodeur. Le trou des meufs en crypté, ça passait à peu près et puis je me concentrais surtout sur les coups de reins. En clair, j'ai vite compris que ça n'allait pas le faire.

Victor, 27, étudiant en médecine

Vu les études que tu fais, tu dois savoir à quoi ressemblent les organes génitaux d'une femme, même si t'y touches pas.

Victor : Je pense tout de suite à des choses précises, d'abord parce que j'ai couché avec quelques meufs, ensuite parce que j'ai récemment fait un internat en gynécologie. C'est là que je me suis rendu compte que quand tu fais l'amour avec une nana, tu ne regardes pas vraiment son anatomie en détail, alors que quand tu es devant elle avec un spéculum… J'ai vu des trucs hard aux urgences : une nana qui puait tellement que j'ai dû me mettre de la lotion hydro-alcoolique sous les narines pour l'examiner, des filles qui ont des pertes au point que tu ressors avec le spéculum qui goutte, ou encore celles qui ont des lèvres « portes de saloon »… Le pire, c'est les accouchements, quand la tête du bébé ressort en faisant « plop ! » Enfin, hors problème gynéco, ça ressemble quand même à toutes les autres muqueuses, comme une gorge ou un anus. Et elles sont toujours là genre, « docteur, j'ai un problème avec ma chatte ». D'ailleurs, je me demande si du point de vue de la représentation sociologique, on trouve ça compliqué parce que c'est à l'intérieur, ou si c'est pas aussi parce que c'est un truc de filles.

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Coline est rédac chef de PiiAF, une webradio qui sera en ligne dès le 5 juin prochain. Plus d'infos ici.

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