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Musique

Une soirée au... festival BPM de Playa Del Carmen

Le festival BPM de Playa Del Carmen mérite amplement le titre de festival le plus vulgaire au monde.

Le festival BPM est une institution vieille de 6 ans. La légende de l'inception de ce festival voudrait que « des DJ » se soient tous retrouvés un jour à Playa Del Carmen, une ville du Quintana Roo au Mexique, aient improvisé une fête énorme et ainsi fait naître l'idée du BPM, un festival de « musique électronique » – soit plusieurs milliers de mecs drogués, de filles à poil et de musique trop forte. Dans le lot de la programmation du festival 2013 qui s'étalait sur 10 jours, j'ai reconnu quelques DJ connus type Richie Hawtin, Wolf + Lamb ou Seth Troxler, puis d'autres DJ moins connus mais qui passaient de la musique tout aussi chiante.

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Le festival BPM de Playa Del Carmen mérite amplement le titre de festival le plus vulgaire au monde. On y trouve une faune d'hommes et de femmes qui se rasent intégralement le corps, des prothèses en silicone apparentes et une majorité de gens qui n'ont pas la même couleur de peau que le reste de l'espèce humaine. Un peu comme si les habitants de Liverpool et ceux du New Jersey s'étaient reproduits ensemble pour créer une nouvelle race de jeunesse internationale trop bronzée, dont la société reposerait sur les principes fondamentaux de la fiesta et de la playa et dont l'idée de séparation des pouvoirs consisterait à placer les dealers de coke près des toilettes pour hommes et les dealers d'herbe près des chiottes des filles.

Je me suis incidemment retrouvée à Playa Del Carmen entre le 8 et le 9 janvier. Du Coco Mayo au Cannibal Royale en passant par le Mamita's (plus « select »), j'ai écumé tous les spots de cette manifestation du mauvais goût festif à la recherche d'un peu de fun. Je n'en ai pas trouvé, mais j'ai fait un report photo de ce qui m'est très vite apparu comme la pire idée vacances de ma vie – après une croisière sur le Rhin gagnée par ma grand-mère à Pyramide.

Le sésame : une bande de tissu colorée autour du poignet. Le festivaliers ont déboursé plusieurs centaines d'euros pour ce garrot. Je remercie d'ailleurs le festival BPM d'avoir eu la délicatesse de marquer « MÉDIA » sur le bracelet avec lequel il m'a ligaturé le poignet, dans un pays où être journaliste est plus dangereux que faire du skate sur l'autoroute.

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Ceux qui n'avaient pas de bracelet choisissaient de s'installer de l'autre côté de la barrière des clubs. Ici au Kool Beach, vers 13 heures. Cela créait une sorte de sentiment aristocratique pété parmi les festivaliers à l'intérieur des barrières. Les plus démocrates se joignaient à la plèbe pour profiter de la mer.

Le lever du soleil au Blue Parrot. Notez le type à gauche qui a passé la soirée à faire la fête derrière la barrière. Maintenant, il photographie les festivaliers qui regardent le soleil qui se lève.

Le port du string est tout à fait OK à Playa Del Carmen, tout comme les tatouages tribaux et l'incapacité à situer sur une carte le pays dans lequel on se trouve.

Moi au BPM. Seule concession à l’esprit de la playa, ces boucles d'oreille en conque nacrée.

La bamboula bat son plein au Coco Mayo pour le Circo Loco.

Quand les basses résonnaient et que les beats par minute se faisaient plus nombreux, la foule levait les bras et émettait un petit cri mi-guerrier, mi-fatigué. Le DJ a eu tendance à abuser de ce trick sur les coups des 7 heures du matin.

Dos Equis, une marque de bière, avait recruté des gens pour danser sur des podiums fermés qui correspondaient à l'idéal physique des festivaliers : silicone, stéroïdes et peau de couleur marron. J'ai remarqué qu'ils bougeaient très peu pour des « danseurs », plus occupés à jeter des coups d'œil sur la bonne tenue de leurs pectoraux qu'à agiter le corps en rythme. Je pense aussi que cette quasi-immobilité était liée à une forme d'épuisement physique dû à une alimentation exclusivement composée de poudre lyophilisée et de maïs transgénique.

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Dos Equis rémunérait également des jolies petites rates pour faire la promotion de sa marque de bière. Leur travail consistait à « communiquer autour des produits Dos Equis » vêtues d'un maillot de bain qui leur rentrait dans les fesses.

J'ai rencontré Hugo, jeune Mexicain de 24 ans, au Blue Parrot. Il a bien voulu se laisser flasher en pleine nuit, mon appareil photo ne proposant pas de faire varier les iso. Il m'a demandé mon prénom avant de me parler de chakras. Puis il m'a présenté son frère qui avait « pris du LSD » et qui avait l'air de passer une bonne soirée, peut-être parce qu'il dansait sur un rythme très différent de la musique qui passait à plein volume à ce moment-là.

James, un Australien, avait pris de la kétamine, et m'a affirmé faire tous les jours cinquante pompes claquées avant de se coucher. Il m'a également confié ne pas s'être baigné dans la mer des Caraïbes une seule fois parce qu'il avait une peur panique des poissons.

Fernando, un Espagnol de 33 ans, m'a annoncé fièrement qu'il n'avait pas dormi depuis le début du festival, quatre jours auparavant.

D'après nos observations sur place, une fille sur trois portait des prothèses en silicone.

On s'ennuie beaucoup au BPM. Certains ne tenaient pas le coup et s'endormaient.

Ce type comptait montrer à ses amis Facebook à quel point il s'est éclaté.

Apparaissaient parfois d'adorables petites fées colorées qui redonnaient foi en la vie. Mais sur le coup des 9 heures du matin, prise d'une soudaine envie de respirer un air différent que l'haleine conjuguée de 2 000 festivaliers goinfrés de soleil et de MDMA, j'ai décidé de me tirer. À bientôt, monde déprimant de la techno minimale, on aura tout le temps de se revoir en Europe.