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Google vous regarde

Je voudrais en premier lieu féliciter les Australiens et les Américains. Bravo les gars, vous avez gagné, vous êtes répugnants. Vous pensez peut-être que vous pouvez glander tranquille sur la Toile mais détrompez-vous : Google sait qui vous êtes.

Recherche : « dog porn » [porno avec des chiens]. Dans le monde entier entre 2004 et aujourd’hui.

Note : les chiffres cités ci-dessous datent de fin 2012. Si vous faites vos propres recherches sur Google Trends aujourd’hui, vous tomberez sur des résultats sûrement différents. Au 21 janvier 2013, par exemple, le Pakistan était le pays qui avait rentré le plus de fois le terme « terrorism » [terrorisme] dans la barre de recherche Google. Essayez par vous-même. C’est très divertissant.

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Je voudrais en premier lieu féliciter les Australiens et les Américains. Bravo les gars, vous avez gagné, vous êtes répugnants. Pourquoi cherchez-vous des vidéos de gens qui se plantent des seringues dans les couilles ou qui se castrent tout seuls ? Vous pensez peut-être que vous pouvez glander tranquille sur la Toile mais détrompez-vous : Google sait qui vous êtes.

S’ils ne diffusent pas de données confidentielles, ils publient un compte rendu chaque année. Le Zeitgeist 2012 est une liste de choses redondantes que tout le monde connaît déjà. On sait que « Gangnam Style » a fait un tabac, on sait que The Hunger Games a bien marché et on sait aussi que tout le monde veut connaître le prochain produit Apple.

Bien sûr, Zeitgeist nous permet de comparer les tendances culturelles d’année en année. Mais y voit-on vraiment tout ? Que recherchent vraiment les gens à 3 heures du matin, à l’abri des regards ?

On peut taper ce qu’on veut dans Google Trends. Pour mes recherches, j’ai décidé de me concentrer sur les fétiches un peu particuliers, les gros mots et des concepts dérangeants. Les résultats de cette analyse rigoureuse ont été plutôt surprenants.

Dans la catégorie « faire sa propre bombe »

Essayez de taper « orgasm » [orgasme], et vous verrez que les Zimbabwéens s’intéressent beaucoup à ce mot. Les Pakistanais sont plutôt « horse porn » [porno avec des chevaux] ; les Sud-Africains veulent apprendre à faire des bombes et les Ghanéens sont très curieux de gonorrhée. Les Nigériens sont très préoccupés par le terrorisme. Et la liste continue. Même si tous les pays du G20 ont accès à Internet, certains pays en développement les ont largement dépassés sur certaines recherches taboues. J’y reviendrai plus tard.

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Google Trends ne donne pas le nombre exact de recherches faites autour d’un mot mais présente des résultats pondérés. Comme les Kényans sont les plus grands chercheurs de « dog porn» [porno avec des chiens], le résultat est de 100. Ils sont suivis des Pakistanais qui obtiennent 64, et de l’Inde avec un petit 49.

Google Trends, et plus particulièrement le Zeitgeist annuel, sont à l’image de ce qui se passe dans le monde. Les résultats sont retranscrits sur un graphique qui indique aussi les dates où les médias ont parlé de tel ou tel sujet.

Chez nous au Canada, on est très curieux de ce truc qu’on appelle marijuana. Le Canada se situe en tête de liste pour la recherche « Where to buy weed» [où acheter du cannabis], tandis que des termes comme «weed seeds» [graines de cannabis], « growing weed» [planter du cannabis], nous ont classés deuxième, derrière les États-Unis. Par contre, on les a défoncés en 2012 pour « Carly Rae Jepsen ». N’oubliez pas qu’elle est canadienne ! Il est intéressant de voir que Google ne s’occupe pas des petits pays économiquement insignifiants (en gros, les pays où Google n’est pas implanté).

La Papouasie-Nouvelle-Guinée. Vous les aviez oubliés, n’est-ce pas ? Moi aussi je les avais oubliés, jusqu’à ce que je recherche le mot « cunt » [chatte ; connard ; salope], que nos amis papous ont beaucoup tapé sur leurs touches de clavier en ricanant comme des petits tarés.

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La magnifique rivière de Menya, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, ruisselant entre les collines du Pays des googleurs de chattes

Comment ça se fait que la PNG, un pays de 7 millions d’habitants, ait cherché ce mot plus que tous les autres pays ? Un homme m’a donné quelques réponses.

Après avoir passé quatre ans en tant que guide touristique en PNG, John Fairfull est revenu au Canada. Du fait de son travail, il a multiplié les contacts avec les habitants du pays. Il est tellement cool qu’il a été honoré d’une cérémonie ancestrale de scarification dans une tribu crocodile.

John m’a appris que le mot « cunt » était très populaire en PNG. Ils l’utilisent de la même manière que nous, mais John m’a aussi dit que les hommes de PNG le considèrent comme un truc marrant à dire. « C’est en fait un très vilain mot, a-t-il dit. C’est une société dans laquelle le mâle domine et a tendance à rabaisser les femmes en les appelant “cunt” [salope]. Ça ne me surprend pas qu’ils cherchent ce mot sur Google. »

Et rient-ils aussi de la sodomie, de l’inceste et des lesbiennes ? Ce sont trois mots qui se trouvaient dans la liste des mots les plus recherchés en PNG. Le sexe est un sujet très tabou dans ce pays. Les gens risquent 25 ans de prison pour tout incident lié à la pornographie – bien qu’il n’y ait pas vraiment de prison en PNG.

En 2010, la PNG n’était même pas dans le top 10 pour ce genre de recherches et voilà que deux ans plus tard, ils se retrouvent en tête. C’est comme s’ils venaient de se rendre compte qu’ils avaient une bosse sous leur caleçon.

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Qu’est-ce qui peut expliquer un tel phénomène ? Les Occidentaux, tout simplement. Ce sont les riches qui veulent caresser les douces ressources naturelles de la PNG. John a témoigné du développement du pays à partir de 2008. Depuis longtemps déjà, les étrangers viennent investir dans la construction de routes et dans l’exhumation de ressources naturelles. Selon John, ce sont les étrangers qui apprennent ce genre de gros mots aux locaux. Ces derniers s’ouvrent donc de plus en plus au sexe.

Dans un pays largement dominé par des mercenaires, où les hommes n’entendent pas parler de la position du missionnaire avant de se retrouver au lit avec leurs femmes, la venue de « l’homme blanc » a eu un effet évident sur la population.

Et la palme revient à…

En analysant les tendances des recherches à travers le monde, il faut s’attendre à faire des découvertes déstabilisantes. J’ai donc décidé de décerner un prix à celles que j’ai le plus appréciées et à celles que j’ai le moins aimées.

Le prix de la catégorie « insolite » est attribué au Ghana. Apparemment, ils ont passé une bonne partie de l’année à rechercher « Dead body » [cadavre] – plus que les autres pays en tout cas. Premier en 2011, le Pakistan n’était pas loin derrière mais n’a pas réussi à maintenir sa première place. Peut-être que les Ghanéens recherchent le corps de leur ancien Président, John Atta Mills, mort en juillet dernier… Ouais on va dire que c’est ça.

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Le prix de la catégorie « troublante » revient sans conteste au pays où il est sûrement OK d’écrire « nécrophilie » en bas de son CV, les Philippines. Félicitations, les Philippines. Si on peut justifier le pic de novembre par l’engouement médiatique autour d’une femme suédoise accusée de nécrophilie, je n’ai trouvé aucune explication pour les autres pics de recherche de cadavres utilisés à des fins sexuelles qu’on peut observer aux Philippines pour l’année 2012.

Enfin, je voudrais attirer votre attention sur l’expression suivante : « Pain Olympics » [les Olympiades de la douleur]. Le prix de la Terreur revient à l’Australie et aux États-Unis, à égalité. Ils ont la même passion pour l’automutilation et le démembrement. Ça m’angoisse. La nécrophilie, elle au moins, n’est pas devenu un sport national sur Internet.

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