« Keep Calm and Vote FN »

Ce lundi, Martin Schulz, le président du Parlement européen, a saisi l'Office européen de lutte anti-fraude du cas litigieux de vingt assistants parlementaires du Front national. Bien que rémunérés par l'institution, ces assistants « pour la plupart présents dans l'organigramme du FN » sont « fortement suspectés de ne jamais travailler sur le front européen » selon Le Monde, qui estime le préjudice subi – s'il est avéré – à 7,5 millions d'euros pour les contribuables. Suite à cette révélation, Marine Le Pen, présidente du parti, a annoncé vouloir porter plainte pour diffamation. « Manuel Valls mobilise ses amis socialistes contre le Front national : le président du Parlement européen sort la grosse caisse. Une plainte sera déposée contre lui pour dénonciation calomnieuse », a-t-elle posté sur Twitter.

Déjà visé dans une autre enquête pour « blanchiment en bande organisée », le Front national pourrait ainsi prochainement être témoin de l'arrestation de ses principaux cadres. Déjà, en janvier dernier, Frédéric Chatillon, proche de Marine Le Pen de longue date et figure de l'extrême droite radicale, a été mis en examen après deux jours de garde à vue pour « faux et usage de faux », « escroquerie », « abus de biens sociaux » et « blanchiment d'abus de biens sociaux ».

Malgré tous ces déboires, la bonne ambiance légendaire qui semble régner dans le parti n'a pas été affectée. Ainsi, mercredi 11, suite à la reprise de ces informations par tous les médias français, Marine Le Pen, Marie-Christine Arnautu et Florian Philippot se sont moqués de ces derniers en plein Parlement européen. « Vous aviez tous vos caméras braquées sur nous. On a un peu d'humour, on a adressé un petit signe amical », a expliqué au Figaro Marie-Christine Arnautu, eurodéputée FN du Sud-Est. « Dans le fond, Martin Schulz a raison… Nos assistants ne travaillent pas pour l'Union européenne mais contre elle ! », a quant à lui renchéri Florian Philippot, le vice-président du parti.

Si Marine Le Pen s'est notamment illustrée en tenant dans les mains une feuille sur laquelle était inscrite la phrase « Coucou Libé ! » et en soufflant un baiser en direction de la tribune de presse, Florian Philippot s'est lui surtout fait remarquer pour sa coque d'iPhone « KEEP CALM & VOTE FN » sur fond de Général de Gaulle. L'image, qui reprend la fameuse affiche du gouvernement britannique à l'aube de la Seconde guerre mondiale pour remonter le moral de ses troupes, fait suite à celle postée par Jean-Marie Le Pen sur Twitter peu après les attentats de janvier à Paris. Ainsi, alors que la boutique du FN proposait déjà les très laids et kitschs pin's officiels « Touche pas à mon peuple » et « Aimez-la ou quittez-la », il semblerait bien que les communicants du parti se soient décidés à reprendre les memes les plus pourris d'Internet pour tenter de rajeunir leur image décrépie.

Face à un swag frontiste sans précédent dans l'histoire de la politique française, les réseaux sociaux n'ont évidemment pas pu s'empêcher de tourner en ironie l'action des trois députés – qui ont d'ailleurs à plusieurs reprises été critiqués pour leur absentéisme dans l'hémicycle européen. Alexandre Hervaud, journaliste à Libération, a même fait le tour du net pour s'être photographié en reprenant la posture de Marine Le Pen, le « Coucou Libé ! » de l'affiche sobrement remplacé par le dessin d'une bite.

Alors que les élections départementales des 22 et 29 mars approchent à grand pas – et que le FN se fait dans le même temps épingler pour les nombreux dérapages de ses candidats –, espérons que les partisans frontistes et leurs dirigeants continuent chaque jour à égayer un peu cette morose campagne électorale. Hier, une autre polémique toute aussi passionnante concernant les « visages de l'espérance » des candidats du parti faisait rage, pour le plus grand plaisir des spectateurs de tout ce cirque que nous sommes.

@GlennCloarec