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Guitar Wolf est toujours le plus grand groupe japonais de l’histoire

Comme beaucoup de groupes des années 1990 Guitar Wolf fait partie du mouvement Gunk Punk – terme inventé par Eric Davidson, le chanteur des New Bomb Turks.

Il y a un an, on m’avait chargé d’écrire un article sur le punk japonais. À l’époque, j’avais pris la liberté de ne pas inclure Guitar Wolf dans la liste de groupes que je citais car pour moi, ils étaient devenus wack. Genre, à mort. Je pense que j’étais devenu un adulte ou un truc comme ça. Je préférais les groupes de perdants ultimes, type Cülo. Pourtant, quelques mois plus tôt, alors que je trimais dans les métiers de la manutention pour un SMIC, Guitar Wolf était encore l’amour de ma vie. Mon putain de groupe préféré. Du coup le mois dernier, quand j’ai appris qu’ils passaient au Gibus pour la sortie de Beast Vibrator sur Okami Records, je me suis rué sur les places disponibles, avec l’idée de parler à Seiji, leur frontman, histoire de renouer avec mes amours passées.

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Comme beaucoup de groupes des années 1990 Guitar Wolf fait partie du mouvement Gunk Punk – terme inventé par Eric Davidson, le chanteur des New Bomb Turks. En 1993, ils ont enregistré  Wolf Rock dans leur garage, qui a atterri quelques moi plus tard sur Goner Records. Six mois plus tard, ils étaient des légendes. Depuis leurs premiers concerts avec Teengenerate à Tokyo, ils foutent des larsens entrecoupés de hurlements sur 90% des morceaux qu’ils jouent. C’est génial, et c’est aussi la raison pour laquelle je n’ai jamais rien capté à ce qu’ils racontaient dans leurs morceaux. Ça et, le fait que tous leurs morceaux soient écrits et interprétés en japonais.

Après 25 ans de carrière, les membres du groupe, fidèles à la tradition japonaise, possèdent toujours le même niveau d’anglais qu’un élève de 6ème. Cet élément pose évidemment quelques problèmes de communication pour les fans et les journalistes européens, type moi. Avant l’interview, cette barrière linguistique m’effrayait. Leur agent, qui réglait les formalités de notre rencontre, m’a même expressément contacté à quelques jours du concert pour m’intimer l’ordre de dégoter un interprète anglais/japonais illico. Après plusieurs cris d’appel à l’aide, j’ai réussi à renouer contact avec Léo, un pote bilingue rencontré il y a deux ans à lors d’un concert des Irritones à Marseille. Avant d’aller au Gibus, on a brièvement débattu du meilleur titre des Sex Pistols puis on s’est entretenus avec Seiji dans un anglais excessivement basique.

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VICE : Salut Seiji. Ça roule ?
Seiji : Salut, mec. Ça va très bien, je suis super content d’être à Paris.

Ça fait à peu près la 600ème fois que vous venez en France.
Bah, j’aime vraiment beaucoup jouer à Paris et en France en général. D’ailleurs après en avoir terminé ici on va à Limoges. J’adore les parisiennes !

OK, tu sais que certains considèrent le Gibus comme le CBGB’s de Paris. C’était le QG de Johnny Thunders, à une époque.
Oui, ça me fait un petit truc de jouer ici. Ce gars était vraiment cool. On fera de notre mieux pour être meilleurs que lui, en tout cas. On veut montrer aux gens qu’on peut être aussi bons que nos idoles.

Je connais bien votre musique en revanche, je ne sais toujours pas comment vous avez commencé.
J’ai quitté Nagasaki pour m’installer à Tokyo, après le lycée. De là j’ai rencontré Billy, puis Toru. On a commencé aux États-Unis, à Memphis exactement. On avait une démo qu’on a filé aux mecs de Goner. On est rentrés au Japon et six mois après on sortait notre premier album, Wolf Rock.

Parlez-moi du Japon ; vous êtes genre Elvis Presley, là-bas.
Le public vient à nos concerts depuis le début. Mais, comme en France, la scène punk est très restreinte là-bas. On peut dire qu’on est des légendes là-bas, oui, mais pas vraiment des stars.

Pourtant pour participer à Wild Zero, le film que vous avez tourné, il faut quand même être une star locale non ?
Quand on l’a fait, c’était plus pour se marrer. C’est le réalisateur qui nous a contacté pour faire son truc. Il voulait un groupe de rock pour son film de zombies. Le mieux, ça a été d’éclater de faux zombies avec une guitare et de faire gicler des litres de faux sang partout par terre.

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Vous êtes des guerriers japonais du punk, si on veut.
Plus des samouraïs, à mon avis. Aussi, on aborde beaucoup de thèmes liés à l’histoire du Japon dans nos chansons parce que qu’on vient de là-bas. On parle souvent de Nagasaki parce que c’est là que j’ai grandi. Il y a aussi beaucoup de références à la science-fiction, un truc très japonais également.

Le problème, c’est que le japonais est très difficile à comprendre.
Tu sais, tu devrais regarder les traductions de nos paroles qui sont inscrites dans les inserts de nos albums ; ça pourrait t’aider. Ça prend un peu de temps mais au bout d’un moment tu en seras capable.

Cool. Dans le même genre, Teengenerate refuse également de se soumettre à la langue anglaise.
Ouais, ce sont des potes à nous. Il se sont séparés il y a plus de 10 ans ; c’est con. C’est un peu à l’image de la scène rock au Japon et dans le monde je pense. On était de gros fans de ce groupe. Il y avait une sorte de rivalité entre nous, mais on n’était pas en compétition. C’était toujours très cordial. Ça m’a vraiment marqué quand ils se sont séparés – j’étais très triste le jour où je l’ai appris.

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