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LES CHIENS NE FONT PAS DES CHATS MAIS PAS DES CHEVAUX NON PLUS

Hey, quelqu’un peut-il réguler la prostitution allemande ?

Apparemment, ni leur gouvernement, ni leurs militants. Du coup on a demandé à une pute.

Photo publiée avec l'aimable autorisation de iStockphoto/RapidEye

Le commerce tarifé du sexe est partiellement légal en Allemagne depuis 1927. En 2002, le Parlement a adopté un ensemble de lois visant à améliorer la condition des prostitués dans le pays. L’idée consistait à accorder aux travailleurs du sexe des droits et des devoirs dont bénéficient d’autres corps de -métier – notamment celui d’accéder à la sécurité sociale et celui de payer des impôts en retour. Au final, le pays est devenu un aimant à putes et à gigolos, et il y aurait désormais 400 000 prostitués opérant sur le territoire, satisfaisant quotidiennement un million d’hommes, selon les estimations.

Beaucoup de gens ne voient pas cet effort de régulation d’un très bon œil. Une étude parue en 2013 et commissionnée par l’Union européenne affirme que, dans l’ensemble, les tentatives de normalisation du plus vieux métier du monde n’auraient pas permis de réduire le trafic d’êtres humains. Aussi, des militants ont appelé à la criminalisation de « l’achat » de sexe dans un effort d’éradication de la prostitution. Le gouvernement veut également interdire la prostitution « forfaitaire » – celle où les clients paient un montant fixe pour passer une nuit de roulé-boulé. Je me suis demandé ce que les prostitués pensaient de tout ça, c’est pourquoi j’ai appelé Undine de Revière, porte-parole de l’Association des professionnels de services érotiques et sexuels, qui bosse dans le business de la chair depuis plus de vingt ans.

VICE : Que pensez-vous des études affirmant qu’il existe de nombreux cas de maltraitance d’êtres humains dans l’industrie du sexe ? Cela vous inquiète-t-il ?
Undine de Revière : L’une des deux études se fonde sur des rapports gouvernementaux de qualité variable. Pour mes recherches, j’ai vu comment les procès pour trafic d’humains se déroulaient. Tout ce que je peux dire, c’est qu’ils sont très complexes. La plupart des affaires de traite concernent des cas de prostitution -basiques, mais avec un tiers qui tente d’attirer des clients, de gérer leur flux ou d’inciter les prostitués à accepter telle ou telle pratique.

Comment savoir qu’un prostitué est en danger ?
Le danger ne se limite pas à l’industrie du sexe – tous les jobs pouvant confronter des professionnels à des gens ivres sont potentiellement dangereux. Je suis pour -l’autonomisation et l’éducation des prostitués. Cela explique mon soutien à des projets parallèles : ceux qui informent les prostitués de leurs droits et de leurs responsabilités ou leur donnent des cours d’allemand et d’autodéfense. La racine principale de ces dangers est la pauvreté. Pour y remédier, les descentes policières ne sont pas une solution.

La police n’est-elle pas censée protéger les prostitués qui ne font rien d’illégal ?
Je connais certaines femmes qui se sont fait maltraiter par la police. Les descentes dans les bordels ont tendance à être assez violentes. Les policiers ont des chiens, des armes et sont peu courtois avec les prostitués. Au lieu de nous engager dans une application stricte de la loi, je pense que nous nous porterions tous mieux si des campagnes encourageant le bon traitement des prostitués étaient organisées par les autorités.