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Interdiction aux femmes indonésiennes de chevaucher une moto

Dans la province d’Aceh en Indonésie, les femmes n’ont désormais plus le droit de tracer en moto correctement derrière un homme.

Dans la province d’Aceh en Indonésie, les femmes n’ont désormais plus le droit de tracer en moto correctement derrière un homme. Écarter les jambes sur un siège de moto est considéré comme une violation de la loi musulmane, sous prétexte que cette position donnerait aux femmes un air trop masculin. Elles doivent donc s’asseoir en amazone, position dont on n'a plus entendu parler depuis les années 1800. Cette position consiste à s’asseoir sur son véhicule (le plus souvent, un cheval) les jambes ballantes d’un côté. C'est chiant, con et dangereux, mais cette position assure la féminité de la femme sur l'engin motorisé. Parfois, celle-ci peut aussi se retrouver écrasée sous la roue arrière.

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Cette mesure (progressive !) est à l’image des multiples lois répressives imposées par la charia à Aceh. D’autres projets de lois prévoient d’interdire aux femmes de la région de porter des jeans moulants, d’autoriser les gens à casser la gueule aux homosexuels ou encore de punir l’adultère par la lapidation. De belles brochures d’information ont été envoyées au gouvernement et aux habitants de la province, et si tout se passe bien, ces jolis petits projets pourraient devenir de vraies lois dans les mois à venir.

Allez-y ! Amusez-vous à trouver la partie du Coran qui traite des motos. Enfin de toute façon, selon Suaidi Yahya – maire de Lhokseumawe, la deuxième plus grande ville d’Aceh – l’idée de la position amazone est en adéquation avec la charia car elle préserve la « morale et le bon comportement » de la population.

« Les femmes ne doivent pas s’asseoir à cheval sur les motos car cela pourrait provoquer le conducteur. Cela protègera les femmes de situations délicates […] Il est indécent de s’asseoir ainsi pour une femme. Nous ne faisons que mettre en pratique la loi musulmane. »

Au risque que les femmes d’Aceh pensent que cette loi puisse leur porter préjudice, le maire a ajouté : « nous souhaitons honorer les femmes par le biais de cette loi, car ce sont des créatures fragiles. » Merci bien, les romantiques indonésiens.

Le maire a rassuré ses citoyens en affirmant que les passagers en amazone ne tombaient que « rarement » ce qui a réconforté les femmes qui envisageront désormais de devenir paralytiques chaque fois qu’elles iront faire les courses. Sans surprise, des activistes arabes ont déjà exprimé leurs inquiétudes par le biais d’Internet. Ulil Abshar Abdalla, un activiste musulman basé à Jakarta a tweeté : « La charia ne dicte pas la manière de conduire une moto. Ni le Coran, ni les hadiths ne mentionnent ce sujet […] Dans un pays démocratique, le sens moral de l’opinion publique doit décider de ce que dit ou ne dit pas la charia avant que le gouvernement en fasse une loi. »

Le maire de Lhokseumawe n’a pas encore réagi à ces déclarations, mais il ne manquera pas de lui faire part de son bon sens : « Lorsqu’une femme chevauche une moto, elle a l’air d’un homme, alors que lorsqu’elle est en amazone, elle a l’air d’une femme. » Merci pour ces infos, Suaidi. Je vais peut-être réussir à pécho en scooter maintenant que je sais comment faire.

Suivez Rebecca sur Twitter : @RebeccaCFitz