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Culture

J’ai été une superstar virale de l’embarras

Et croyez-moi, je n’ai pas apprécié mon statut de célébrité d’Internet.

La photo de l'auteur postée sur Twitter par Vicky Pattinson, de l'émission de téléréalité MTV Geordie Shore.

Le 14 octobre 2012 (un dimanche), je me suis réveillé avec une gueule de bois et très peu de souvenirs de ma soirée de la veille. Mais j'avais quand même le vague souvenir d'avoir chopé, ce qui m’a réjoui. Je me suis rendormi.

Environ une heure plus tard, un éclat de rire arrivait depuis les escaliers jusqu'à ma chambre. « Ron ! » criait quelqu’un (je suis roux, donc – comme tous les roux depuis la sortie de Harry Potter – mes colocs m'appellent « Ron »), « Tu vas rire ! »

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J'ai tout de suite su que je n'allais pas rire. Je me suis extirpé de mon lit. J’ai descendu les escaliers et je suis entré dans une pièce remplie de types souriants, montrant du doigt alternativement ma personne et un écran d'ordinateur. Je me suis penché vers la source de tous ces rires et j'ai vu la photo que vous voyez plus haut.

Puis, j'ai réalisé que le petit roux qui essayait d'enlacer la fille face à lui sans pouvoir faire le tour de son corps, c'était moi. En me référant à mes connaissances en langage corporel tirées de Heat, j'ai réalisé qu’apparemment, j'étais plus à fond qu'elle. Il y avait un bon flux de likes et de commentaires qui s'amassaient sous la photo.

« Papa demande si t'es en train de la gonfler », a dit mon cousin

« HAHAHAHAHAHAHAHAHA », s'est exclamé mon frère.

Après une semaine passée au centre de toutes les conversations, et ce partout où j'allais – la photo rassemblait presque 200 likes à ce moment – j’espérais qu’un truc se passe, n’importe quoi qui puisse détourner l'attention de moi, un freakout d'une célébrité en public, une catastrophe naturelle – n'importe quoi, vraiment. La blague allait probablement finir par s'épuiser par elle-même, pensais-je naïvement. Elle s’exténuerait et finirait par mourir et je pourrais redevenir un roux anonyme. Enfin, je veux dire, ça ne pouvait pas grossir, si ?

Environ un mois plus tôt, mes colocs m'avaient montré une page Facebook appelée « Embarrassing Nightclub Photos of the Week » [les photos de boîte embarrassantes de la semaine]. Vous aussi êtes sans doute passé par cette page. Elle accumule plus de 1,7 million de likes et c'est à la hauteur de vos attentes, et de son titre : une page remplie de photos humiliantes de gens en soirée. L’idée qui guide le truc, c’est que vous pouvez y trouver un certain réconfort quand vous vous réveillez, misérable, un lendemain de soirée arrosée au Jager. À moins, bien sûr, que vous ne figuriez vous-même sur une de ces photos.

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Et, juste au moment où l’agitation provoquée par cette photo parmi mon réseau d'amis commençait à faiblir, quelqu'un y a posté ma photo.

Peu de temps après avoir été postée, la photo avait déjà accumulé 7000 likes et se répandait rapidement à travers les Message boards et les News feed – juste comme une traînée de poudre, à la différence près qu’une traînée de poudre n’est généralement pas humiliante et ne vous donne pas envie de vous cogner la tête contre un mur jusqu'à devenir méconnaissable. Si, au début, cette mésaventure s’est avérée extrêmement embarrassante, après ce nouveau développement, le phénomène est devenu épuisant. Je me retrouvais sans arrêt acculé, à l’université ou dans la rue, obligé de raconter l'histoire, encore et encore. D’horribles bros de ma fac, qui ne m'avaient jamais adressé la parole auparavant, venaient me voir à la bibliothèque, m’assenaient de grandes tapes dans le dos avant de me sortir des blagues pourries et cruelles. À la fin, ma honte a fini par se muer en une profonde lassitude. J'étais plus gêné par tous les horribles commentaires visant la fille que j'embrassais qu'autre chose.

Parce que les commentaires fusaient. Je n’ai pas vraiment envie de les répéter ici, mais aucun n'était particulièrement flatteur, et l'IMMENSE majorité faisaient référence à moi en utilisant le prénom « Ron ». J'espère sincèrement que la fille – qui, aux yeux du monde, reste une simple anonyme adepte de sacs pourpre – n'a jamais vu la réaction d'Internet à son propos.

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En peu de temps, le nombre de likes a dépassé la barre des 10 000. Ce détail chiffré signifiait que quand des potes de mes colocs venaient chez nous et qu'on leur présentait la photo en guise de préliminaires, ils l'avaient majoritairement déjà vue.

« Mais nan ! C'est lui ? » est devenu le refrain qui définit la seconde moitié de mon année 2012.

Et pour couronner le tout, Vicky Pattinson, de Geordie Shore, a tweeté la photo à ses 900k+ followers.

Quelles sont les conséquences quand on est une superstar du web 2.0 ? Dans les grandes lignes, pas grand-chose. Tant que vous n'êtes pas hypersensible et que vous êtes capable de supporter un nombre incalculable de gens qui vous montrent du doigt et se foutent de votre gueule pendant un laps de temps indéfini, ça devrait aller.

Aujourd’hui, si vous tapez les mots « Ron », « Hermione » et « Jésus » dans Google images, c'est la toute première photo qui apparaît. C'est un patrimoine qui me place en gros sur le même piédestal culturel qu'Emma Watson et le fils de dieu, et pour ça, j’en suis reconnaissant.

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