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Life

J’ai suivi un inconnu à l’hôtel pour de l’argent

Ce qu'il vous arrive de faire entre le moment où un mec vous demande de vous prendre en photo et celui où vous lui pissez dans la bouche.
Inconnu hotel

Rien ne me prédisposait à accepter de l'argent en échange d'une faveur sexuelle. Aucune nécessité financière. Pas de problème d'estime de soi, pas d'attrait particulier non plus pour le sexe hétérosexuel. Pourtant, cinq minutes à peine ont suffi à me faire accepter l'une des propositions les plus saugrenues que l'on ne m'a jamais faites.

C'était une journée ensoleillée de septembre à Lyon et je sortais d'un entretien d'embauche. J'avais décroché le boulot. Après deux ans à enchaîner les périodes de chômage et les CDD, je venais d'obtenir le Graal enfin, un CDI dans une start-up plutôt sexy. J'étais conséquemment tout sourire, l'œil pétillant et d'excellente humeur, déambulant dans les rues lyonnaises vêtue d'une robe rouge coquelicot très seyante. Jusqu'à ce qu'un homme me rattrape soudain.

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Celui-ci avait un casque de moto à la main. Il semblait légèrement essoufflé. Il devait avoir autour des 45 ans, ou un peu plus. Il ne présentait pas trop mal.

« Excusez-moi Mademoiselle, a-t-il commencé. Je vous ai vue passer dans la rue, je n'ai pas pu faire autrement que de m'arrêter. Je voulais savoir si vous aviez déjà posé pour des photos ?

- Des photos ? C'est-à-dire ? »

Au moment où je lui demande, je sais bien entendu déjà où il veut en venir. Quand on est une femme disons, pas trop laide, c'est une rareté de n'avoir jamais été abordée de la sorte.

« C'est-à-dire que je suis photographe et que je fais appel à des modèles. Je vous trouve très belle et j'aimerais vous prendre en photo. Et moi, je paye. »

Bien sûr, à ce stade de la conversation, je sais qu'il ne va pas me proposer de faire des photos en col roulé. Je lui pose néanmoins la question, pour la forme.

« C'est quel genre de photos ?

- Oh je fais de tout. Des photos de charme, du nu. 200 euros, 200 euros de l'heure : c'est bien payé non ?

- Ahaha, je vois, ce ne sont pas les photos qui vous intéressent ! » je lui lance, bonnarde.

Étrangement, je me délecte de la situation. C'est à la fois flatteur et excessivement cliché. Drôle certes, mais aussi très tentant. Je n'ai pas de problèmes d'argent mais 200 euros, eh bien, ce n'est pas négligeable. Je souris. C'est peut-être l'occasion de réaliser un vieux fantasme. J'ai toujours voulu coucher au moins une fois pour le fric. Pour voir ce que ça fait. Parce que c'est scandaleux, que c'est risqué et que j'ai le goût du jeu. Je suis hésitante mais j'ai très envie d'accepter.

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« Moi j'adore regarder. Alors, ça vous dit ? 200 euros quand même. Vous en connaissez beaucoup vous, des boulots payés 200 euros de l'heure ?

- C'est vrai que c'est pas mal. Vous voulez faire ça où ?

- À l'hôtel. »

Là, il me surprend. En même temps, dans le pire des cas, il est impossible qu'il m'assassine et me laisse pour morte dans un l'hôtel. Trop de témoins. Et puis c'est le vrai trip prostitution, l'hôtel. Ça me plaît.

« Si ça vous dit, on boit un verre pour faire plus ample connaissance avant. Ça vous dit ? Allez, venez au café, je vous invite. » J'acquiesce et je le suis en terrasse quelques mètres plus bas.

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Photo via Flickr.

Mon ventre se noue. Je me félicite de mon audace. Mais bon, j'angoisse aussi. Je ne suis pas une grande fan de la pénétration, ni des hommes d'ailleurs. Comment vais-je m'y prendre pour le satisfaire sans trop donner de ma personne ? Au café, il va falloir la jouer finaude. Négocier les termes du contrat. Poser des limites. Et puis cette histoire de photos, ça ne me plaît pas. Ça pourrait circuler sur Internet.

Arrivée au comptoir, je commande un café et lui une bière. On papote. J'apprends qu'il s'appelle Henri, qu'il possède sa propre entreprise dans l'informatique. Ils sont trois à y travailler. Je lui demande s'il aborde souvent les filles de la sorte. Il me répond que ce n'est pas la première fois qu'il le fait. Mais il déplore que les réponses soient le plus souvent négatives. Seule une fille sur sept, selon ses statistiques personnelles, accepterait.

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En poursuivant, il se confie aussi un peu sur une femme dont il était amoureux et qui ne s'intéressait « qu'à son argent ». Il est relativement touchant. Assez repoussant aussi. Il a la peau grêlée et une bouche disgracieuse. Je décide de tenter le tout pour le tout et de retourner la situation. À pervers, perverse et demie.

« Henri, j'ai autre chose à vous proposer. Cette histoire de photos, ça ne me branche pas. Laissons tomber l'appareil. On va à l'hôtel et je vous pisse dans la bouche. Vous en pensez quoi ?

- Euh oui, répond-il, manifestement décontenancé. Je ne sais pas, je… Je n'ai jamais fait ça. »

Henri règle avec la carte bancaire de sa boîte, et demande une facture. Il a l'intention de faire passer notre rencontre à l'hôtel en note de frais.

Il reste là, interloqué. Du coup, je souris. Puis il ajoute : « Mais je ne dis pas non. Ça pourrait me plaire. »

S'ensuit une discussion sur les limites que je souhaite ne pas franchir. Je sens déjà qu'il essaie de gratter tout ce qu'il peut. De simple « photos », il faut déjà que je bataille pour refuser la fellation et le cunnilingus. J'ai un doute. Et si une fois à l'hôtel il ne respectait pas notre arrangement ? Vu la manière dont il m'a abordée, il en est objectivement capable. Petite angoisse. Je respire. Être directive, savoir s'imposer et tout devrait bien se passer.

Avant de partir nous nous arrêtons devant un distributeur. Il y retire 200 euros, qu'il me met directement dans la poche. Je regarde à droite et à gauche, j'ai l'impression que tout le monde comprend ce qu'il se trame entre nous. Puis il tire encore 200 euros, selon lui, « au cas où je souhaiterais aller plus loin ». Nous convenons qu'une fois notre affaire terminée, il me ramènera là où il m'a trouvée.

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Je monte sur son scooter. Il connaît un hôtel dans un coin tranquille de la ville. Je regarde défiler le paysage. Je pense déjà à ce que je vais faire de l'argent : j'ai vu un très beau manteau bleu roi dans mon dépôt-vente préféré. L'hôtel en question est un hôtel de milieu de gamme comme on en trouve partout en France. Nous arrivons à la réception aux alentours des 14 heures, sans réservation et sans bagages. Je me demande ce que pense la réceptionniste. Se dit-elle que je suis une escorte ? Que nous sommes des collègues de travail qui nous envoyons en l'air ? Que nous trompons nos conjoints ? Impossible de le savoir. Elle magnétise la carte qui nous donnera accès à la chambre sans trop nous regarder. Henri règle avec la carte bancaire de sa boîte, et demande une facture. Il a l'intention de faire passer notre rencontre en note de frais.

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Photo via Flickr.

Nous montons. Dans l'ascenseur je réalise que je me suis peut-être un peu avancée. Je me suis fantasmée en maîtresse dominatrice mais maintenant, il va falloir que j'occupe l'animal pendant une heure. Ça risque d'être long. Lui, en tout cas, ne perd pas son temps. Il se déshabille direct en entrant dans la chambre, garde son slip, et met sa main dedans. Puis s'allonge sur le lit en me regardant. Ça me laisse un peu pantoise. Je commence une sorte de strip-tease – un peu empruntée, pour être franche. Il m'invite à le rejoindre. Il demande s'il peut me caresser. Je ne refuse pas. Il me complimente sur mon corps.

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Je suis soulagée qu'il ne tente pas de m'embrasser. Il se caresse le sexe. Celui-ci est très gros. Je suis vaguement mal à l'aise, mais pas tant que ça. Je le laisse me lécher les seins, me regarder. Bien entendu, il me propose un cunnilingus. Je refuse. Il insiste pour « lécher mon petit bonhomme », l'expression est accompagnée d'une démonstration mimée atroce. Décidément, il faut le recadrer. Je dis non gentiment mais fermement. Il est temps de passer aux choses sérieuses.

Nous passons dans la salle de bains. Je l'invite à se coucher dans la baignoire. Je fais couler l'eau chaude du pommeau de douche et le passe sur nos deux corps tout à tour. Moi debout, une jambe de part et d'autre de son corps, je me concentre pour uriner. Il faut croire que j'ai le trac puisque ça peine à venir, malgré l'eau qui coule.

Puis, ça y est. Pssssiiiiit. Un grand jet qui lui éclabousse le visage. J'essaie de viser la bouche, que je lui intime d'ouvrir, et les yeux. Lui manifestement se concentre sur l'action de ne pas avaler. J'arrête puis je recommence. J'essaie de varier la puissance du jet. Je lui intime l'ordre de se masturber en même temps. Il s'exécute sans trop broncher. Intérieurement je me dis que, tout de même, la situation est cocasse.

Les meilleures choses ayant une fin, mon jet s'amenuise. Puis s'arrête. Henri prend alors le pommeau de douche et se rince le visage en faisant rentrer l'eau dans sa bouche, puis en la recrachant. On dirait qu'il fait exprès de baver. Je serais presque vexée qu'il n'ait pas apprécié le goût de mon urée.

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Maintenant il va falloir le faire jouir, bien évidemment. De fait, il est dans mon intérêt de régler la chose au plus vite. Je décide de prendre le problème à bras-le-corps et son pénis en main.

Il est debout, je m'accroupis. Je le masturbe. Au bout de quelque temps, il jouit. C'est un soulagement pour lui comme pour moi. J'ai la satisfaction du travail accompli. Je me sens comme une comédienne exténuée à la fin d'une représentation. Ou une marathonienne à la fin d'une course. La tension redescend, j'ai réussi l'épreuve. J'ai mené peu ou prou le projet jusqu'à sa fin. Il me remercie. Je souffle.

Nous ne traînons guère plus. Après une rapide douche, nous nous rhabillons. Je suis guillerette. Sur le trajet du retour, je souris jusqu'aux oreilles : aujourd'hui j'ai trouvé un boulot, j'ai assouvi un fantasme, j'ai surmonté mes peurs et j'ai 200 euros dans la poche. Je les dépenserai dans la semaine, en fringues et en restos.

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