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Gaming

Je m'appelle Tom et je suis accro aux jeux vidéo

J'étais un fanatique de La légende de Zelda. Les dernières versions de Zelda – je crois qu'il y en a un qui s'appelait L'Ocarina du temps – m'ont aidé à traverser des moments difficiles au lycée.

Image de Courtney Nicholas

« Je suis un nerd des jeux vidéo et j'adore ça ». C'est ce qu'avoue Tom Bissell dans son excellente confession,Extra Lives: Why Video Games Matter, où il analyse sa descente (ou son ascension ?) vers l'addiction aux jeux vidéo. Comme moi (et je dis ça en toute modestie), il était pendant un temps passionné de littérature et a passé une grande partie de sa vie intellectuelle et professionnelle plongé dedans : il lisait de la littérature, il écrivait sur la littérature et il enseignait la littérature. Mais avant qu'il n'ait la trentaine, les jeux vidéo ont pris le dessus.

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Tom semble être partagé sur son addiction aux jeux vidéo. Son livre présente d'excellents arguments sur le fait que le jeu vidéo est la forme d'art populaire la plus récente, et qu'ils offrent des possibilités différentes des autres formes. Les utilisateurs deviennent des joueurs et donc des créateurs à part entière du récit. Les joueurs peuvent également créer leurs propres avatars pour voyager à travers des mondes imaginaires. Le récit peut aussi être actif avec une fin ouverte, rendant ainsi chaque expérience unique. Ce dernier point est encore plus significatif dans les jeux à monde ouvert tels que Grand Theft Auto IV, où l'utilisateur peut se contenter de se promener.

Mais Tom semble aussi avouer ou défendre (mais le fait-il pour le lecteur ou pour lui-même ?) son attachement étroit aux jeux vidéo. Il y joue matin, midi et soir. Son livre s'achève (attention, spoiler !) sur une comparaison émouvante entre son addiction à Grand Theft Auto IV et son addiction concomitante à la cocaïne. Il parcourt le monde grâce à diverses aides et subventions avec la ferme intention de se débarrasser de ces deux dépendances – je crois qu'on appelle ces voyages des « échappées géographiques » dans le milieu – mais il replonge sans cesse. En fin de compte, on dirait que son addiction à la cocaïne a disparu, mais son livre montre que les jeux vidéo représentent encore une grande partie de sa vie. Ils sont sa vie.

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Au fil des ans, je me suis plongé dans de nombreux jeux vidéo. J'étais un fanatique de La légende de Zelda. Les dernières versions de Zelda – je crois qu'il y en a un qui s'appelait L'Ocarina du temps – m'ont aidé à traverser des moments difficiles au lycée, tout en me donnant l'impression d'être un loser parce que je passais des heures à jouer à un jeu pour enfants, alors que j'aurais pu être en train de socialiser avec les gens cools. Bien plus tard, j'ai joué à Grand Theft Auto : San Andreas, de Rockstar, à sa suite, Grand Theft Auto IV, puis aux autres jeux de cet éditeur, Red Dead Redemption et LA Noir. Je voulais être dans l'air du temps, et ces jeux faisaient référence à plein de sujets qui me passionnent, mais que je trouvais d'habitude dans les livres et dans les films. San Andreas, c'était la culture hip-hop du Los Angeles des années 1980 et 1990 que j'avais découverte au lycée, quand j'ai commencé à écouter Dr. Dre et les productions de Death Row, et lu LAbyrinth, le livre stupéfiant sur les meurtres de Tupac et de Biggie. GTA IV a capturé l'atmosphère de la pègre des immigrés de New York, à la manière de The Wire ou d'un film de Scorsese ou de Tarantino ; Red Dead Redemption semble être une référence à l'opus de Cormac McCarthy, Méridien de sang, qui met en scène la face cachée du mythe de la destinée manifeste et dresse un portrait du anti-héros occidental – une influence parfaite pour un jeu vidéo qui consiste à tuer ou se faire tuer. Et LA Noir a déclenché chez moi une passion pour la façon sordide dont James Elroy dépeint le crime à Los Angeles dans les années 1950.

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Mais ce qui m'a empêché de m'immerger complètement dans les jeux vidéo c'est le fait qu'ils prennent vraiment trop de temps. C'est la même chose avec la télévision. Comment suis-je censé regarder toutes les séries géniales et continuer à mener une vie normale et avoir des ambitions dans la vie réelle ? Si je m'autorise à passer trop de temps dans le monde des jeux vidéo, j'aurais l'impression de revenir au lycée et d'être un garçon triste qui fuit un monde social effrayant et ne trouve de confort que dans le monde de Link, un petit elfe qui tire des flèches et combat des dragons. Mais pour Tom Bissell, qui est conscient des conséquences désastreuses que son addiction a eu sur sa vraie vie, les expériences qu'il fait dans les jeux vidéo ont la même valeur que des expériences réelles. J'imagine que considérer ces jeux aussi sérieusement que Tom – avec les questions morales que posent certains jeux ou l'attachement émotionnel à certains personnages – peut créer des réactions plus profondes que le simple plaisir de trouver la solution à une énigme.

Ça paraît peut-être évident, mais ce qu'il y a d'impressionnant avec les jeux vidéo d'aujourd'hui, c'est la construction du monde. En fait, c'est à ça qu'on dépense le plus de temps et d'énergie, plutôt qu'à l'écriture. Tout comme un porno peut s'en tirer avec un mauvais jeu d'acteur du moment que les scènes de sexe sont bien, les jeux vidéo peuvent s'en tirer avec un mauvais scénario et de mauvais personnages du moment que la jouabilité est intéressante.

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Le but d'Extra Lives est de trouver ce qui est attirant dans les jeux vidéo, mais c'est aussi une sorte de recherche moderniste au sein de l'essence du support, qui se demande ce que les jeux vidéo ont de plus que d'autres médias. Si on essayait de transcrire les outils fournis aux joueurs de jeux vidéo à d'autres médias, on obtiendrait une sorte de livre de coloriage élaboré ou un livre d'aventure interactif. Mais à un autre degré, parce que les jeux vidéo peuvent désormais contenir des interactions aléatoires, des occurrences non-planifiées entre l'avatar du joueur, des personnages non-prévus programmés indépendamment et des éléments de l'univers du jeu. Ça signifie que les jeux vidéo s'approchent de plus en plus de la dynamique ouverte de la vie.

James est sur Twitter : @JamesFrancoTV

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