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Tous les trucs que vous pouvez imprimer en 3D étaient au salon de l’imprimante 3D

Le futur de l’humanité ressemble étrangement à aujourd’hui (en 3D).

À la fin de l’été, des amis nerds m'avaient parlé du salon de l'imprimante 3D, laquelle devait se tenir à Paris au mois de novembre. Ces amis nerds l’avaient qualifiée « d’immanquable ». Comme je suis stagiaire chez VICE et qu’en conséquence, 80 % de mon temps se résume à rester assise devant un bureau avec Word Reference à proximité, je me suis dit que mes amis nerds avaient bien fait de me parler de ça ; au lieu de me mettre sur une énième traduction, j’ai décidé d’aller voir à quoi ressemblerait un futur où tout élément serait possiblement reproductible à l’infini.

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Bon, je ne vais pas vous cacher que je n’y connais rien en impression 3D. En plus, je n’y ai jamais mis du mien. À part quelques vagues articles sur des pistolets imprimés opérationnels ou sur les talents culinaires de la NASA, je n'ai pas beaucoup étudié la question. Tout ce qu'on m'en a dit, c'est que c’était le futur, et qu'il arrivait à grands pas. Prenez Barack Obama, par exemple : il pense que l'impression 3D marque le début de la prochaine révolution industrielle. C’est pourquoi la communauté 3D l’aime bien, et que plusieurs œuvres d'art sont imprimées à son effigie.

Quand je suis arrivée devant le Carrousel du Louvre, à Paris, il y déjà avait une queue impressionnante. À l'intérieur, la population était masculine dans son écrasante majorité. Le staff n’avait pas été sélectionné pour son physique ; il était manifeste que ces gens-là en connaissaient un rayon en matière d'impression 3D. Ils utilisaient tous des mots que je ne comprenais pas.

Ma première vision a été celle d'un objet non identifié en cours d’impression. Je n'avais jamais vu d'imprimante 3D : j'ai pu constater que les matériaux n’étaient pas, comme je croyais, imbriqués dans des cartouches – comme sur les imprimantes normales, en 2D –, mais dans des espèces de bobines qui se déroulent, passent dans la tête d'impression et finissent propulsés là où il faut pour fabriquer, couche par couche, le truc qu'on a conçu au préalable à l’aide d’un logiciel 3D. Certaines imprimantes étaient cubiques et opaques, d'autres ressemblaient à des machines à coudre.

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Je n'avais pas de plan du salon. J'errais donc, sans but, lorsque j’ai vu une longue file de gens. Je me suis renseignée ; ils attendaient de s’asseoir en vue d’un prochain séminaire. Vu le monde, je me suis dit que ça devait être hyper intéressant. « T’es là pour voir Stratasys ?» ma demandé un mec à l’entrée. Comme je ne savais pas de quoi il parlait, j'ai répondu que oui – il s'agissait d'une boîte de 3D printing, en fait.

Malheureusement, j'ai loupé le tout début de la présentation, et donc le moment où il se passait encore des trucs compréhensibles pour une néophyte. En sortant de là, j’ai juré que je n’irais plus jamais dans un séminaire de ma vie. Puis j’ai tenté de recenser tous les trucs que l’on peut imprimer aujourd’hui, si l’on a de la poudre à imprimer, une imprimante et aucune vie sociale.

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VOUS POUVEZ IMPRIMER UN ROBOT AIDE-MÉNAGER

En sortant, j'ai été soulagée d’apercevoir un truc que je captais : un robot avec une visseuse dans la main. D’après ce qu’on m’a dit, ce robot-bricoleur sait faire plein de trucs : il répond à la voix, à un iPhone, et capte tout ce qui se passe devant lui. Il y avait aussi un bras exposé que l’on pouvait diriger en bougeant son avant-bras et sa main au-dessus d'un tout petit capteur rectangulaire. Mais le truc va plus loin : si vous avez une imprimante 3D et que vous êtes un peu bricoleur, vous pouvez aussi imprimer les pièces et fabriquer vous-même votre propre robot.

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VOUS POUVEZ IMPRIMER VOTRE MAISON

Je n'ose pas imaginer la taille de l'imprimante qu'il faut pour faire ça, mais apparemment, il est désormais possible d’imprimer sa maison. C'est plutôt logique, les architectes impriment bien leurs modèles avec des imprimantes 3D. Là, c'est juste un agrandissement et d’autres matériaux. Le bout de mur exposé était seulement là pour donner un aperçu du résultat, mais sachez que c'est un business très sérieux, l'impression de maisons. « On peut tout faire dans les moindres détails, même les toilettes ! » prétextait, rieur, le présentateur à des spectateurs très intéressés par sa démonstration. Comme le présentateur avait l’air occupé – et comme je n'étais pas un homme de 50 ans en costume-cravate – il n’a pas daigné répondre à mes questions, c’est pourquoi je ne connaîtrais pas la taille de l’imprimante nécessaire à l’impression d’une maison. Mais il paraît qu'on peut imprimer des trucs plus grands que son imprimante. OK.

VOUS POUVEZ IMPRIMER UN TRICÉRATOPS

Il n'y a pas que des trucs révolutionnaires dans le salon. Il y a même des trucs qui s’inscrivent fondamentalement contre l’idée de révolution. Par exemple, plusieurs stands s'intéressaient à la reproduction de dinosaures. Ce tricératops taille réelle coûtait dans les 30 000 €, mais on pouvait aussi le louer. Quand j’ai demandé à l’un des organisateurs pourquoi quelqu’un irait louer un tricératops de plus de deux mètres cinquante de haut, celui-ci m’a répondu : « Pour un événement ou un mariage ? C’est comme louer un costume, vous voyez ? »

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VOUS POUVEZ IMPRIMER DES SUPER-HÉROS GRANDEUR NATURE

Ça, c’est la partie exposition du salon. C'était plus calme, même si un groupe de rock asiatique jouait, caché derrière des rideaux, la bande son d'un défilé qui allait avoir lieu plus tard dans la journée. Il y avait des personnages de films taille réelle (tous provenant d’imprimantes 3D), notamment Neytiri d'Avatar et le personnage qui joue Iron Man dans Iron Man. Tout le monde avait l'air impressionné et prenait plein de photos. Il y avait aussi plein de petites – et moins petites – sculptures pleines de détails, le genre de truc hyper précis impossible à faire à la main, mais possible à faire à l’imprimante 3D. C’est l’avantage de l'imprimante 3D : on fait vraiment ce qu'on veut, on ne se limite pas, on vous est même reconnaissant si vous produisez des trucs qui ne serviront jamais. On peut par exemple imprimer une maille d'un seul coup, sans avoir à assembler les anneaux. Ou des chaussures plus futuristes que le film Johnny Mnemonic.

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VOUS POUVEZ IMPRIMER VOTRE PROPRE VISAGE

Après, je suis passée à côté d'un kiosque qui scannait le visage d'une personne en prenant neuf photos de son visage, tandis que l'ordinateur recréait le visage de la personne en 3D via un logiciel extrêmement savant. Ensuite, lorsque votre gueule était numérisée, il suffisait de l’imprimer sur une matière dégueulasse – sauf que l'impression ne se fait pas sur place. La figurine, une fois payée, vous est envoyée par la poste. J'ai trouvé ça mignon, mais comme par hasard, le truc était en réalité plus fourbe.

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Ce qu’ils veulent, ce n’est pas imprimer vos imperfections en trois dimensions, mais que des gens investissent sur leur marque en achetant leur scanner dans leur boutique – pas l'imprimante, qu’ils gardent pour eux. Ensuite les mecs viennent choper leur tronche en PVC chez eux et se font du blé sur ça. «  Imaginez la valeur de votre entreprise, si vous pouviez vendre une centaine de visages par jour avec une marge allant jusqu'à 50 % sur le prix public ! », pérorait le mec au comptoir. Ce type ressemblait à un Méphistophélès réel, mais super faible, donc d’autant plus maléfique, avec sans doute sous son complet Brice un enfant attaché à son propre bide comme le chef des rebelles dans Total Recall.

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VOUS POUVEZ IMPRIMER DES DESSINS UN PEU POURRIS DANS L’ESPACE

Alors ça – ça, c’est trop bien. Mais vraiment. En plus d’arracher l'impression à la 2D, le futur a également décidé que le crayon ne saurait s'épanouir pleinement seulement sur du papier. Maintenant, le crayon peut sculpter. C'est vraiment beaucoup trop génial, l’humanité ne mérite sans doute pas ça, mais bon ça va c’est pas non plus totalement démocratique, puisqu’un stylo coûte 100 €. Comme tous les trucs mis en display dans le salon, ce stylo ressemble à un caprice d’enfant hyperactif, sauf qu’il n'y avait pas la moindre personne âgée de moins de 22 ans au salon, et tous avaient l'air d'apprécier le nouveau stylo. Là encore, on peut faire ce qu'on veut – moi, j'ai dessiné en 3D une magnifique maison. On peut aussi fabriquer des vrais trucs, comme des bijoux. Il y avait aussi un stand qui proposait d'imprimer en 3D les dessins de vos enfants, ce qui est l’idée la plus inutile et admirable que j’aie entendue de toute ma vie de fille.

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VOUS NE POUVEZ PAS ENCORE IMPRIMER DES VOITURES DÉBILES

Ce truc orange là, c'est une voiture imprimée. C'est la voiture la plus écolo au monde, une hybride à faible consommation qui se recharge entre 8 et 10 heures sur une prise 220 vols classique. Niveau essence elle se contente de 40 litres pour faire le trajet entre New York et San Francisco, soit 4 675 kilomètres. Son impression a duré 15 ans et a coûté l’équivalent de 40 000 euros. Comme l'impression 3D a fait d'immenses progrès depuis le début du chantier à la fin des années 1990, la compagnie espère commercialiser d'ici quelques années un modèle avec une banquette arrière qui coûterait le prix d’une caisse traditionnelle, c’est-à-dire 10 000 euros.

En repartant du salon, j’étais à la fois impressionnée par la réalité du truc et flippée pour le futur de l’humanité. Sérieux, si ce truc se commercialise à prix abordable et devient objectivement opérationnel, alors ce sera la fin du monde barbare dans lequel nous vivons et le début d’un monde encore plus barbare où la notion de bien aura disparu et où le troc sera redevenu la norme, comme quand les civilisations n’existaient pas. En revanche, il existe aussi pas mal de chances pour que ce projet de tout imprimer avorte et que rien ne change.

C’est ce que semble indiquer cette manette de Xbox imprimée, trouvée à la sortie du salon, qui ressemble à un gros chewing-gum en plastique échoué sur un présentoir. Elle montre à quel point les hommes n’ont pas envie de changer. Ils veulent continuer à bouffer des chips devant GTA V en attendant de retourner au boulot. Je dois reconnaître que c’est aussi mon cas.