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Interviews

J’évite l’hiver depuis cinq ans

Ce type inonde son fil d'actualité Facebook de photos ensoleillées depuis une demi-décennie.

Pour les Occidentaux, le mois de février marque la suite d'une longue période placée sous le signe du froid et des ténèbres – plus communément appelée l'hiver. Ce n'est cependant pas le cas de l'Australien expatrié Rick Baker, qui a passé l'intégralité de ces cinq dernières années sous le soleil. En alternant régulièrement entre l'Australie et Los Angeles – et Hawaï quand il en a l'occasion –, ce jeune homme n'a pas connu d'hiver depuis 2010.

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Avant de vivre un été permanent, Rick a passé une décennie entière dans le froid, quand sa passion pour le snowboard le poussait à quitter sa ville natale dès que les températures se réchauffaient. Je lui ai passé un coup de fil pour savoir ce que cela faisait de vivre sans cycle saisonnier – mais aussi pour savoir quels en étaient les inconvénients, peut-être dans le but de me prouver que ma vie n'était pas qu'une vaste tartine de merde.

VICE : Hey Rick, comment tu fais pour éviter l'hiver depuis cinq ans ?
Rick Baker : Je passe une grande partie de l'année à Los Angeles, puis je reviens en Australie en décembre. J'y reste jusqu'à la fin de l'été, puis je retourne aux États-Unis dès que les températures se rafraîchissent. Au cours de ces trois dernières années, un ami a organisé des courses de paddles à Hawaï en plein mois d'août – j'y restais souvent trois à quatre semaines.

Mais ça ne te coûte pas trop cher ?
Si, mais je préfère placer mon argent dans des expériences. C'est ce que je me dis pour me rassurer.

C'est pas trop difficile de travailler ou d'entretenir une relation stable ?
Je travaille à mon compte – je suis designer, je réalise des sites web et je gère un petit magazine de snow australien, Pop. Quand je suis à Los Angeles, j'utilise Skype pour parler à mes collègues. J'ai mes deux frères qui vivent là-bas, mais à part avec eux, je crois que je pourrais facilement passer une semaine sans discuter en face-à-face avec quelqu'un.

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En ce qui concerne ma vie privée, ça me donne au moins l'occasion de faire ce que je veux dès que j'en ressens l'envie. Je peux emmener mon ordinateur portable à Hawaï et bosser au bord d'une piscine, ce qui est plutôt génial. Mais c'est vrai que je n'ai pas les bases confortables d'une vie normale.

Tu ne te sens jamais seul ?
J'ai grandi en faisant du snowboard et en voyageant souvent. De manière générale, les gens sont très saisonniers. Un de mes meilleurs amis est actuellement en train de naviguer à travers le monde. Je peux le rejoindre et passer quelques semaines avec lui, me rendre au Mexique quand il s'y trouve – ça me permet de vivre les aventures des autres.

Cette idée d'été permanent, c'est la suite logique de ton hiver interminable ?
Oui, c'est marrant. Je me rappelle avoir rematé mes demandes de visa, et constaté que je passais tous mes étés à faire du snow. Beaucoup de personnes de ce domaine finissent par préférer la plage et le surf à mesure qu'ils vieillissent.

Si tu devais comparer ton hiver pendant dix ans à ton été pendant cinq ans, quelles influences ces périodes ont-elles eues sur ton corps ?
Pour être honnête, le smog californien a plus d'influence sur ma santé qu'autre chose. Aussi, je ne pense pas que ce soit une bonne chose d'être exposé au soleil en permanence. Los Angeles est une ville vraiment sale aujourd'hui. Tous les habitants espèrent que la pluie finisse par tomber parce qu'il y a de la merde sur tous les trottoirs et que la ville empeste l'urine.

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C'est quand la dernière fois que tu as eu un rhume ?
J'en ai un en ce moment ! Je suis génétiquement enclin à choper la grippe – je l'attrape tous les ans. Quand il fait 35 degrés à l'extérieur et qu'on a la grippe, c'est l'enfer.

Et mentalement parlant ?
Je suis allé dans l'Oregon plusieurs fois – Portland est célèbre pour son temps un peu brumeux, et c'est magnifique d'y voir les saisons se succéder. Je pense que c'est agréable à voir, et une partie de moi regrette l'hiver à Melbourne. Je pense que je m'identifie plus aux habitants de Melbourne et New York qu'aux Californiens séchés par le soleil. Je ne sais pas si ça affecte ma santé mentale pour autant, mais ça me manque d'interagir avec des gens comme ça. Je pense que le mauvais temps nous fait du bien, en fait.

Je pensais que tu dirais exactement le contraire.
Les gens de New York ou de Melbourne sont un peu plus rudes, plus snobs – mais je crois que j'aime bien ça. C'est jamais chiant d'être au soleil tout le temps ?
Le pire, c'est quand je dois passer mes journées à travailler sur mon ordinateur. Il fait un temps magnifique à l'extérieur et je rêve de passer ma journée dehors. En réalité, une météo pourrie est un excellent facteur de motivation pour bosser.

C'est le pire inconvénient d'un été permanent ? Sérieux, ça n'a pas l'air si terrible que ça.
Quand on se réveille tous les matins sous un soleil radieux et qu'on occupe un emploi de bureau, c'est le beau temps qui nous motive à profiter de notre temps libre. On cherche toujours une excuse pour sortir et s'amuser. Bref, c'est difficile de bosser quand on a une deadline à tenir.

J'ai l'impression que tu préfères l'hiver, mais il y a bien une raison qui t'a poussé à abandonner le froid ?
Toute personne ayant grandi en Océanie et passionnée de snow passe les fêtes de fin d'année loin de sa famille et de ses amis, parce que c'est à ce moment-là que l'hiver débarque en Amérique du Nord. Ça finit par devenir un peu triste de dire au revoir à sa mère à chaque Noël parce que c'est ce jour-là que les vols sont moins chers.

OK, et vu que tu as passé pas mal de temps dans ces différents extrêmes, qu'est-ce que tu préfères ?
Tous ces voyages m'ont fait réaliser que Melbourne était un endroit fantastique – j'ai grandi sur la péninsule de Mornington, où l'on pouvait se balader sur des plages immaculées sans aucun touriste. C'est fantastique, et ça me manque. Mais je ne sais pas si je pourrais à nouveau endurer les hivers glaciaux de Melbourne. C'était sacrément brutal.

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