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Auto-fellation, urètres irrités et perruques pubiennes : on a analysé toutes vos façons d'arriver sur VICE.com

On a demandé à un spécialiste en optimisation de moteurs de recherche de nous dire pourquoi vous étiez si bizarres.

Grâce à la multinationale Google et à ses multiples ramifications, on a pu avoir accès à tout un tas de statistiques nous expliquant ce qu'avaient tapé les gens dans leur barre de recherche avant d'atterrir sur notre site. Si Google Analytics ressemble à un outil orwellien mâtiné d'un totalitarisme pyongyangois, il nous a tout de même permis d'apprendre qu'environ 131 personnes provenant de La Rochelle s'étaient retrouvées sur le site en tapant « comment faire qu'un cul soit un organe de musique porno » avant de partir sans se retourner.

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Aussi, on y apprend qu'il existe bien une corrélation entre l'utilisation du navigateur Internet Explorer et l'envie d'apprendre à se faire une auto-fellation, comme en atteste l'image ci-dessous. De nombreux nouveaux lecteurs de VICE se demandent également « comment réussir à sucer son prof gay » ou « comment la faire jouir avec le point g quand elle dort », ainsi qu'une pléthore de questions particulièrement spécifiques telles que « pourquoi les toreros sont ils élégants » ou « pourquoi manger sa propre merde ».

Afin d'en savoir plus sur les mystères du référencement sur Internet, on a fait appel à un spécialiste SEO (pour « search engine optimization ») de l'agence CSV, dont la vie consiste à comprendre les mécanismes de l'algorithme des moteurs de recherche – et accessoirement à « booster l'e-reputation » de ses clients par le biais d'une « intervention de nettoyeurs du net » et d'un « noyage de l'information problématique par des informations positives ». Il nous a gentiment éclairés sur son activité et sur les potentielles pathologies de notre lectorat.

VICE : Vous pouvez nous expliquer en quoi consiste votre métier exactement ?
Spécialiste SEO : Nous exerçons deux types d'activité. Tout d'abord, on permet à nos clients qui possèdent des sites Internet de les rentabiliser en les positionnant dans les premiers résultats sur les moteurs de recherche. On permet également à des particuliers ou à des entreprises d'avoir des réponses uniquement positives lorsque l'on tape leur nom sur Internet.

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Quelques exemples de requêtes compilés par notre responsable en activation digitale.

Si j'ai fait appel à votre expertise, c'est parce que je me suis rendu compte que les gens qui tombaient sur VICE cherchaient presque exclusivement des choses étranges.
En fait, si les gens tombent sur votre site, c'est parce qu'ils ne se contentent pas de rechercher un seul mot comme « chimpanzé », ils cherchent « comment sauver le chimpanzé ». Ces requêtes-là, c'est ce que nous appelons des requêtes de longue traîne.

Il existe deux types de recherches sur Internet : des recherches simples avec deux ou trois mots-clés, ou alors des recherches longues, qui comprennent souvent des questions – comme ici, « comment draguer une lesbienne avec des sous-entendus ». Lorsque Google ne comprend pas le sens de ces questions, son algorithme analyse les choses différemment. Il va faire ressortir les articles qui lui semblent les plus pertinents, c'est pour cela que votre site apparaît.

OK. Les gens qui viennent sur le site ont parfois des recherches très spécifiques, comme « quelle race de chien mangent les Asiatiques » ou « comment faire peur à un rigolo qui veut vous taper dessus ».
C'est vrai, on le voit très clairement ici. Prenons par exemple le sujet des chiens et des Asiatiques : on peut voir qu'un de vos articles contient la phrase « quelle race de chien était mangée ». Vu que vous avez quasiment posé la question, vous renforcez votre positionnement sur cette recherche. Google a également fait le rapprochement entre la ville de Hanoï au Vietnam, qu'évoque cet article, et le mot « asiatiques ».

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C'est hyper triste, en fait. Les gens viennent en espérant une réponse qu'ils n'obtiennent finalement jamais – l'algorithme Google les entraîne simplement vers des articles qui reformulent cette question.
Pour éviter un taux de rebond élevé, c'est-à-dire un grand nombre de personnes qui se rendent sur votre site pour repartir juste après, vous devriez faire un article sur les races de chiens que mangent les Asiatiques en répondant de manière générale à la question.

Personne ne veut voir Google dicter le contenu de son site, mais il proposera des résultats quoiqu'il arrive – votre site est condamné à apparaître suite à ce type de requêtes. On ne peut pas changer les internautes. Comme vous avez beaucoup de visiteurs, c'est normal que vous ayez beaucoup de requêtes bizarres.

Aujourd'hui, est-il encore possible d'être convenablement référencé avec un article qui ne tourne pas autour du cannabis, de l'auto-fellation ou de la coprophagie ?
L'important, c'est de trouver des mots-clés spécifiques qui apparaîtront dans votre article. Une requête de longue traîne comme « comment font les acteur du sex pour avoir des gros penis bites prennes t il un traitement » aboutit chez VICE parce que certains de vos articles contiennent au moins les 3/4 de ces mots.

Ce n'est qu'une hypothèse bien entendu, mais est-ce que le simple fait d'intégrer des mots-clés fréquemment recherchés comme « gros cul » permet de mieux référencer un article qui gagnerait peut-être plus à être lu ?
D'après vos statistiques, on observe qu'avec la recherche « gros cul », vous avez eu 38 000 visiteurs sur VICE. Quand je fais la recherche, je constate que c'est parce que vous avez un article qui s'intitule « Le plus gros cul du Brésil ». La personne qui tape « gros cul » est peut-être réellement intéressée par votre article, vous ne pensez pas ?

C'est possible.
Mais pour revenir à votre question, je pense qu'insérer ces termes ne serait pas suffisant. En fait, vous devriez créer un lien depuis l'article « Le plus gros cul du Brésil » en direction de votre nouvel article pour améliorer sa visibilité.

Les mots-clés n'ont pas toujours besoin d'être dans le titre de l'article, ils peuvent être dans le corps du texte quand les requêtes sont de très longue traîne. Le titre de l'article est très important pour Google, qui hiérarchise les contenus avec le titre, le « sous-titre » puis le contenu.

Ce que vous me dites, c'est que nous sommes condamnés à être lus par des internautes désireux d'insérer des objets contondants dans leur urètre.
Voilà, vous êtes fichus.