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La caverne de la brutalité : les poils de chat

Tous ces trucs qui vous grattent et s'accrochent à vos vêtements.

Je vous ai déjà parlé de l'étendue du sujet de cette colonne. Pour la énième fois, elle n'évoquera pas uniquement les fosses de la mort ou les coups bas de l'existence. Il y a tellement de choses dont on peut parler quand il s'agit de la brutalité et des humiliations quotidiennes.

Prenez les poils de chats par exemple. J'en suis recouvert. Au moment où je vous écris, je suis en train de retirer un à un les poils coincés entre les touches de mon clavier. Parfois – disons, toutes les heures –, je prends une lame de rasoir et je nettoie les touffes planquées sous mes touches. Je suis comme le mec au début de A Scanner Darkly, qui est convaincu d'avoir des insectes fourrés dans ses meubles, ses fringues, ses cheveux, ses poumons et sous la peau. Sauf que là, à la place des insectes, ce sont des putains de poils et je ne les imagine pas du tout.

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Être recouvert de poils de chats, c'est un problème. En public, je suis constamment en train d'épousseter mes vêtements, un geste qui me donne simultanément un air de gros maniaque et de gros creep crado. Je sais bien que vous êtes peu nombreux à compatir avec ma situation. Et ce n'est pas très sympa de votre part. Si un poulpe géant était en train de m'asperger d'encre, ou qu'un essaim d'abeilles me recouvrait de miel, chacun d'entre vous serait en train de récolter des dons pour ma cause. Mais OK, c'est pas grave. Votre apathie est une bonne chose. Elle me force à garder la tête froide. Jusqu'ici, j'ai pensé à sept solutions pour résoudre mon problème, seul :

A. La brosse adhésive

Oui, j'en suis là. Mais ce n'est vraiment pas très efficace. La fourrure resurgi sur mes fringues plus vite que la brosse ne les attrape. Souvent, j'ai l'impression que les poils raides sont immunisés contre le papier collant, le lavage, le grattage et même le feu (ils se transfèrent juste sur les autres fringues que j'achète).

B. Porter exclusivement du blanc

Cette solution signifierait : imiter ces connards de dandys des temps modernes qui se baladent avec des canotiers et des guêtres. En fait, je serais même pire que ces mecs, parce que j'aurais été forcé de devenir un dandy par un concours de circonstances terrible et non pas par choix. Le manque de confiance en moi qui en résulterait me ferait ressembler un l'un de ces gourous rejetés par leur propre secte – lorsqu'on découvre qu'avant de donner des solutions spirituelles aux gens, le type en question débouchait des éviers ou jouait dans un groupe de folk raté.

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C. Accepter la situation en arborant un tee-shirt humoristique

Je ne sais pas pourquoi mais le côté honnête de cette solution me botte pas mal. Je me ferais bien un tee-shirt avec écrit en gros au choix : « VOUS AVEZ UN CHAT ? »  ou « VOUS AVEZ UN BRANLEUR RAMPANT ? » ou encore « VOUS AVEZ 5 CENTS POUR ME FOUTRE UN COUP DANS LES COUILLES ? »

D. S'excuser auprès du monde avec un tee-shirt humoristique

Pareil que C. Mais avec 40 ou 60 000 mots écrit en police 8 dans le dos.

E. Abandonner ses chats dans la nature

Ça marcherait, vous croyez ? Je suis sûr que, même si je faisais ça, dans 50 ans je serai toujours en train d'enlever des poils de chats de mes tee-shirts, coincé dans la chambre tout confort de ma maison de retraite. En plus, cette option ne me semble pas très réglo. Pourquoi mes chats auraient-ils le droit d'aller sautiller dans la forêt, en essayant de bouffer des papillons alors que je suis encore en train de galérer dans mon marathon de la brosse adhésive ?

F. Abandonner

Être démoralisé, c'est accepter de passer de A à F en un mois. Finalement, c'est un peu ce que j'ai fait en écrivant cette colonne, je crois.

G. Porter des fringues en poils de chat

Cette option me semble la plus ingénieuse et combine l'honnêteté des solutions C et D ainsi que la simplicité de la F, tout en évitant le dur labeur qu'impliquent A, B et E. Serait-ce trop compliqué de fabriquer ces vêtements ? Je ne pense pas. J'aurais simplement besoin de me foutre à poil, d'écarter les bras et de laisser les poils de chats me recouvrir ; je retrouverais ainsi l'extase procurée par l'idée d'être à la fois dominé et dépassé, l'accepter et finalement, m'en foutre.

Précédemment dans La caverne de la brutalité : le lavomatique