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La fin du monde : sixième édition

Un nouvel article de Nature explique que le sixième « épisode d'extinction massive » de la Terre a déjà commencé. Merde.

Comme leur nom l'indique, les épisodes d'extinction massive sont marqués par la mort d'au moins 75% des espèces vivantes, sur une période de temps géologique relativement courte. L'Histoire de la Terre compte cinq épisodes de ce genre. Des preuves génétiques et écologiques montrent que nos tendances actuelles nous mènent vers le chemin sinistre de l'extinction massive. Les changements climatiques sont la cause principale des extinctions massives ; bien entendu, ces changements n'avaient jamais été provoqués par une espèce auparavant. Bien joué, les humains.

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Voici un bref résumé des épisodes d'extinction massive qui ont eu lieu ces derniers millions d'années, et ont laissé derrière eux l'équivalent phylogénétique d'une poignée de cafards, d’un peu de mousse et de Charlie Sheen.

LE CRÉTACÉ - ÉPISODE TERTIAIRE

Il y a 65 millions d'années, 76% des espèces sont mortes

En gros, les dinosaures se sont tous fait exterminer par un astéroïde géant. Cet épisode d'extinction massive (qu'on va désormais appeler EEM maintenant) a été fréquemment cité, et il s'agit du plus récent. Mais les dinosaures ne sont pas les seuls à s'être fait massacrer par l'astéroïde et ses conséquences. Des espèces de microbiota, de plantes et d’insectes ont également péri lors de l'EEM du Crétacé. Et la seule classe qui a réussi à s'en sortir, à savoir les mammifères, s'en est sorti sans perdre la moindre descendance, et ont généré les espèces qui seront probablement responsables de la prochaine EEM. Allez savoir.

L'EXTINCTION DU TRIAS-JURASSIQUE

Il y a 200 millions d'années, 80% des espèces sont mortes

Cette EEM est caractérisée par une grande perte dans la vie aquatique, même si chaque écosystème a subi des dommages. Il a été marqué par la mort d'une classe entière, les conodontes, des espèces de grosses anguilles qui peuplaient l'océan. Cet EEM est considéré comme la conséquence du réchauffement climatique causé par un excès de CO2, qui a lui-même provoqué des éruptions volcaniques. On ne sait pas encore à ce jour si Lord Xenu ou si les armes atomiques y étaient pour quelque chose.

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L'EXTINCTION DU PERMIEN

Il y a 250 millions d'années, 96% des espèces sont mortes

Les scientifiques pensent que cet EEM a été causé par un enchaînement de désastres environnementaux qui ont eu lieu au même moment. Cet enfer sur terre fait passer les grandes inondations pour des petites mares ridicules. Je vais plutôt laisser un paléontologue vous expliquer avec ses mots concis, comme il l'a fait dans l'article de Nature :

Le volcanisme sibérien. Le réchauffement climatique. L'anoxie des eaux. Des fortes concentrations d'H25 et de C02 sur la terre et dans l'eau. L'acidification de l'océan. Reste à débattre si l'impact d'un astéroïde pourrait en être la cause.

L'EXTINCTION DU DÉVONIEN

Il y a 360 millions d'années, 75% des espèces sont mortes

À l'époque, le monde n'était qu'un gros continent qu'on appelait la Pangée. Il y a plusieurs théories intéressantes sur ce qui l'a provoqué. Dans la plupart des cas, une croissance du nombre d'espèces (spéciation) est suivie d'une décroissance pendant que les nouvelles espèces envahissent les anciennes niches. Lors de cet EEM, une grande diversification de plantes a mené à une baisse de C02, ce qui a mené à un refroidissement climatique. Ce refroidissement a provoqué un changement des niveaux de la mer, et de nombreuses espèces aquatiques se sont éteintes. Les plantes sont à l'extinction du dévonien ce que les humains sont au prochain EEM, sauf qu'elles n'ont pas à se sentir coupables.

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L'EXTINCTION DE L'ORDOVICIEN-SILURIEN

Il y a 443 millions d'années, 86% des espèces sont mortes

Pendant l'Ordovicien, la vie était exclusivement marine, et vivait dans les bas-fonds des mers entourant la Pangée. Alors que l'immense continent dérivait vers le sud et que l'âge de glace commençait à poindre, les températures ont dramatiquement baissé, les concentrations de C02 ont chuté et le niveau de la mer variait sans arrêt. La plupart des espèces vivant dans les fragiles écosystèmes ordoviciens n'ont pas supporté tous ces changements et se sont vite éteintes. En plus de ça, les Appalaches - qui allaient devenir aussi grandes que le sont celles de l'Himalaya aujourd’hui - étaient en pleine puberté et troublaient la chimie de la Pangée. Heureusement, quelques espèces s'en sont sorties.

On peut maintenant se demander si on va avoir le droit à un EEM à notre tour. Elizabeth Ferrer et ses collègues semblent penser que oui.

Les scientifiques sont en train de reconnaître l'extinction des espèces et des populations. Les chiffres semblent être sous-évalués, puisque la plupart des espèces n'ont pas encore été formellement décrites. De telles observations suggèrent que les humains sont en train de causer la sixième extinction massive en épuisant les ressources naturelles, en introduisant des espèces allogènes, en en répandant des pathogènes, en tuant directement des espèces et en modifiant le climat. Si cela arrive, le rétablissement de la biodiversité n'arrivera pas avant très longtemps. L'évolution de nouvelles espèces prend typiquement des centaines de milliers d'années, et se remettre de tous les épisodes d'extinction massive pourrait en prendre des millions.

L'extinction massive actuelle pourrait bien se retrouver avec un nom barbant du style « L'extinction du quaternaire », mais pour ça il faudrait que notre espèce négligée vive assez longtemps pour la baptiser. Peut-être qu'on devrait juste l'appeler « la grande finale ».

SAM MCDOUGLE