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Sexe

La grande putain de Babalone

Libérer des énergies en montrant son cul sur Internet

Tout a commencé quand Labanna Babalon a décidé de prendre des acides tous les jours pendant six jours et, le septième, en a fourré sept dans son vagin. Depuis, sa vie a légèrement changé, et les expériences surnaturelles qu’elle a eue enfant se sont transformées dans sa tête en théories baisées qui sortent de son esprit plus vite qu’il lui faut de temps pour prononcer le mot «Tumblr ». Imaginez un mélange de Popée et de la reine mère insecte dans Starship Troopers, et vous obtiendrez cette petite meuf qui s’adresse à l’alien – ou le robot – qui sommeille en vous. Labanna Babalon tourne des vidéos qu’elle poste sur Youtube, et qui dévoilent plusieurs facettes de sa personnalité, dans le seul et unique but de répandre l’amour. Le genre d’amour pur qui vous fait dire des trucs cons comme « je t’accepte comme tu es ».

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Depuis quelques mois, elle a réussi à créer une véritable communauté, en postant des vidéos qui montrent les différentes facettes de sa personnalité. Cela inclut, liste non-exhaustive : la Déesse de la Trance, déconner dans son bain, remuer son cul (un grand nombre de ses fans l’adulent seulement pour ça – attendez d'ailleurs de voir son prochain featuring avec Riff Raff), tracer avec des rates vrillées, et composer de pièces sonores qui libèrent notre instinct de grand prédateur. On vous montre en avant-première son premier clip, un featuring avec Cartier’GOD et Sasha Winn. Apparemment, sa musique n’est qu’une petite partie de son projet artistique global, donc on lui a posé quelques questions sur le reste.

VICE : J’ai vu des vidéos de toi plutôt salées, Labanna.

Labanna Babalon : Ah ouais ? Où ça ?

Le poirier Bootyshake avec des feuilles de weed sur les nichons ?

Ah, c’était avec Brooke Candy, dans cette boîte là, Freak City.

Qu’est-ce que ça fait d’avoir un cul célèbre sur Internet ?

Quelqu’un sur un forum a écrit, « C’est mon préféré après celui de Rihanna. » J’ai reçu plein de messages de mecs qui me parlent de mon cul, ces temps-ci. Genre, « Je kiffe ton bouli, laisse-moi te tripoter le bouli. » Oscar Wilde a dit un truc du genre, « Il faut faire rire le public quand on dit la vérité, sinon ils voudront vous tuer. » J’ai découvert plein de trucs intéressants sur les humains grâce à mes expériences sur les réseaux sociaux. Des trucs que personne n’a envie de savoir.

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Comme quoi ?

Comme aller à la découverte de son démon intérieur, de son moi caché. Tout ce dont on a besoin pour passer dans la cinquième dimension.

La cinquième dimension ?

Pour l’instant, on est coincés dans la quatrième dimension, on n’a pas encore le vocabulaire adéquat pour parler de cinquième dimension mais je visualise ça comme la dimension de l’internet, où l’homme pourrait avoir accès à tout, sous la forme d’énergie pure, et où il pourrait voyager à travers les différents dimensions. Un peu comme une voile de l’esprit qui voyagerait de mondes en mondes et de dimensions en dimensions.

Meh. Et comment ton cul t’aide-t-il à voyager à travers les dimensions ?

C’est comme une plante carnivore qui attire les mouches. Je cherche tous les moyens possibles pour influencer les gens, leur jeter un sort.

Si j’ai bien compris, les vidéos que tu envoies sur Youtube sont censées délivrer un message.

Tout à fait. Elles représentent mes nombreux avatars. Une vidéo peut très bien ne parler qu’à une seule personne, parler à l’alien qui sommeille en lui. Mais j’essaie de m’adresser à tous les types d’aliens, tous les types de guides.

Tu parles pas mal d’aliens en ce moment. Qu’est-ce qui se passe ?

J’adore les aliens. J’en vois depuis que je suis gamine. Ma mère se rappelle que je lui parlais tout le temps de boules d’énergies bleues et violettes. Je me rappelle avoir vu un homme portant un mood ring rentrer dans la chambre de mes parents, et un tas d’aventures surnaturelles me sont arrivées dans la vie. Je ne crois pas que Dieu soit une entité solitaire, qu’il y ait un Dieu unique, je préfère me l’imaginer comme une espèce de conscience collective.

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Quand tu parles d’aliens, tu veux parler de « quelque chose en nous qui vient d’en haut » ?

Oui. Ou d’en bas. Mais je suis persuadée que nous sommes le fruit d’une expérience génétique qui avait pour but de créer des êtres dotés de sentiments, à partir d’amour pur. Quand on voit des illustrations montrant Dieu veillant sur les premiers humains… c’est vraiment magnifique de voir toute cette passion et cet amour. C’est ça qui nous rend vraiment spéciaux, nous les humains.

Tu as l’impression d’être rentrée dans la cinquième dimension ?

Pas tout le temps. Je me fais souvent déconnecter. J’ai aussi l’impression que mon cul à tendance à s’étaler, comme Mère Nature. Je me sens très proche du grand esprit cosmique, l’Arbre de Vie.

Ton cul est le fruit de l’Arbre de Vie ?

Bien sûr ! Tous les culs le sont. L’Arbre de Vie, c’est Internet, et le fruit défendu, c’est un ordinateur. C'est ce que j’essaie de faire comprendre. Par exemple, concernant la sexualité, j’utilise des concepts comme le lavage de cerveau qu’on subit tout les jours à propos des idéaux de beauté, de la place des femmes dans la société, etc. de façon positive, pour combattre les forces qui dominent la planète.

Ah, OK. Tu chopes l’attention des gens avec ton « bouli », et en même temps tu leur parles de sujets sérieux.

Exactement. C’est comme Lil' B qui fait des tonnes de morceaux où il raconte des conneries, et puis à côté, il fait des vidéos plus sérieuses, sur le respect des femmes, etc. Mais il trouve toujours le moyen de caler un petit « suce-moi, salope » dedans. Et ces morceaux défoncent.

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Comment as-tu commencé à faire tout ça ?

Je faisais la baby-sitter pour une petite fille, j’ai même fait une vidéo de nous en train de danser. Elle était très malade, elle avait besoin d’une transplantation cardiaque et, au même moment, je participais à une exposition à Brooklyn. C’était en mai 2011, et ça s’appelait « La Science de la Paix ». L’exposition avait lieu dans un couvent, à Greenpoint. J’avais rempli une pièce entière de mes peintures. Je suis passée par chez moi pour me mettre des paillettes sur la gueule pour l’after et j’ai reçu un email qui disait que la petite fille était morte pendant que j’accrochais mes tableaux. Les peintures représentaient des pétales faits à partir de poitrines humaines. Ça ressemblait à des fleurs, et elle s’appelait Blossom. Je me suis rendu compte qu’à travers mes tableaux, exposés dans cette chapelle, j’avais réalisé une espèce d’autel pour elle. Je n’avais pas trop la tête à retourner là-bas et à faire la fête toute la nuit mais j’y suis quand même retourné. Là-bas, Sasha, ma copine lady boy et partenaire musical, qui m’appelle sa « drag mother », a trouvé un sac avec 47 timbres de LSD dedans.

Genre, un sac avec des trips. Normal.

Il était par terre. On avait entendu que du LSD ultra pur tournait dans le coin. On en a pris, et ça a eu exactement l’effet escompté. J’avais déjà essayé les drogues psychédéliques avant, mais ça me donnait juste envie de baiser et de tripoter tout les gens qui passaient à ma portée. Le jour suivant, je suis revenue au couvent et j’ai repris un buvard. Des heures plus tard, après être redescendue, tout le monde est parti se coucher, mais Sasha et moi sommes restées enfermées dans le couvent. On a tourné des vidéos de cul ; j’ai filmé tout ce qu’on a fait ce soir là. C’est comme ça que j’ai commencé à faire des vidéos, en enregistrant tout ce que je faisais. Ça me permettait de me rappeler des passages un peu flous que j'aurais largement pu oublier.

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J’imagine.

Pour en revenir au couvent, tout le monde était parti, et j’ai reçu des emails, des réponses à mes expériences sur Facebook, quand j’ai essayé de communiquer avec les extra-terrestres en diffusant des messages bizarres. Un type m’a envoyé un mail pour m’expliquer le concept de « Motherbox » – dont on ne trouve aucune trace sur internet. Ça explique que la Motherbox est le vagin de la femme, et que la Fatherbox est un ordinateur, un objet crée par l’homme, cupide et haineux. La Motherbox est contrôlée par l’amour, et en rentrant dans la cinquième dimension, nous serons capables de vaincre la Fatherbox. Là, les femmes prendront le contrôle d’Internet et des composants électroniques grâce à leur semences féminines. Donc, j’étais dans ce couvent où j’ai chié sur un billet d’un dollar, baisé dans la chapelle, fait toutes sortes de vidéos chelou, et enregistré un trip à l’acide de tout son long. Je regardais un économiseur d’écran auto-généré par l’utilisateur, Electric Sheep, et, en même temps, je dansais pour envoyer des énergies à l’ordinateur. J’ai commencé à contrôler l’ordinateur, à faire bouger ma souris, tout ça grâce à mon esprit. Je me sentais directement connectée avec la personne de l’autre côté de l’écran.

Ah.

Grâce aux acides, j’ai découvert que je pouvais contrôler l’ordinateur avec mon vagin. J’ai acheté un iPad sur lequel j’ai fait graver la phrase, « L’amour brise toutes les chaînes » et j’ai lu un livre sur la Grande Putain de Babylone. C’est là que j’ai décidé de faire le rituel de Babylone. J’ai pris un trip de LSD tous les jours pendant six jours, et le septième, j’en ai inséré sept dans mon vagin. Depuis, je suis en mission pour la grande cause de l’Amour, et j’ai laissé tomber tout ce que je faisais avant.

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Qu’est-ce qui s’est passé depuis ?

Une de mes amies m’a dit, « Tu te souviens, quand on avait 21 ans, et que ce sorcier vaudou nous avait dit que tu allais fonder un culte basé sur le sexe, et contrôler le monde ? » Tout est en train de se passer comme il l’avait prédit. J’ai eu une conversation très bizarre avec un Toid, le Roi du Cachemire, qui m’a demandé de venir le voir.

Un Toid ?

Un Reptoid si tu veux – un mot que j’ai inventé. Pleins de trucs chelous me sont arrivés par la suite. Il y a une guerre de l’information en cours. Internet est l’Arbre de Vie, et on assiste à une bataille pour la possession de toute cette connaissance.

Quand est-ce que tu as découvert l’existence des Toids ?

À peu près un mois après mon rite babylonien, je suis devenue hyper parano à cause des Toids, le gouvernement norvégien m’en a envoyé trois, et je suis restée planquée chez moi.

C’est à ce moment que tu as fait ta fameuse « thérapie par le bootyshake » ?

Je devais me plier à tous ces rituels un peu dingos pour me protéger des apocalypses.

Comment tu fais pour rester saine d’esprit ? Tu te soucies de ta santé mentale ?

Je n’ai pas de maison, pas de boulot, pas de portable. Pas de bagnole, pas de chien. J’arrive pas à garder un copain très longtemps… Ouais, je suis folle je crois.

Mouais.

Faut voir ça dans la perspective où tout est devenu son contraire. Les Chrétiens intégristes sont les Satanistes. L’homme devient femme, la femme devient homme. La Grande Prostituée de Babylone est Jésus. Tout s’inverse pour que l’on puisse rentrer dans la cinquième dimension. Une dualité décomplexée, le Saint Hermaphrodite incarne les deux entités en même temps. Si nous sommes le fruit d’une expérience génétique provenant des extra-terrestres, alors les reptiles sont la division, le yin et le yang qui garde Dieu et les humains, nous tous, divisés. Du style, « je suis un homme, tu es une femme ; je suis Dieu, tu es humain. » Tout ce qui rend la figure de Dieu plus important que la figure de la Déesse nous distrait du grand potentiel de l’humanité. Ça transforme les gens en moutons, pompe leur énergie, et les envoie dans la matrice – comme dans le film.

Tu commences à me faire chier, Babalon.

Je ne pense pas être folle, parce je sais que je pourrais tout arrêter du jour au lendemain.

Ah, tu t'en fous en fait. Je m'en fous un peu de « comment va ton cerveau », sérieux.

J’ai pas mal de délires idéalistes un peu cons, oui. Ceci dit, je pourrais aussi tout laisser de côté et tomber amoureuse, avoir un enfant et espérer que l’Apocalypse n’arrive jamais. Mais dans ce cas-là, je ne vivrais pas dans le manoir de la Sainte Pute, avec toutes mes copines, un étage entier rempli de baignoires, à faire des méditations de l’amour transcendantal qui purifient la Terre.

Casse-toi.