FYI.

This story is over 5 years old.

LE NUMÉRO DU CONFLIT MORAL

Le bordel rom (encore)

Les Bulgares virent les travellers roms à grands coups de slogans nazis.

Au lendemain du meurtre d’Angel Petrov à Katunitsa, des manifestants anti-Roms brandissent le drapeau national bulgare devant les forces de l’ordre au pied du parlement de Sofia. Photo : BTA. Fin septembre, Angel Petrov est mort, délibérément renversé par un minibus chargé de Roms alors qu’il promenait son chien dans le village de Katunitsa, en Bulgarie. Le meurtre du jeune Bulgare de 19 ans aurait été commandité par le patron du crime rom Kiril Rachkov et de fait, des tensions ethniques ont rapidement éclaté entre Roms et Bulgares de souche. Des manifestations contre les gitans ont rassemblé des milliers de gens venus de tout le pays, et on entendait des slogans du type « Les Turcs sous le couteau et les Roms en savon ! » en référence aux rumeurs de fabrication de savon par les nazis à partir de la graisse des corps de Juifs gazés. Avant le meurtre, Rachkov avait proféré des menaces de mort à l’encontre des membres de la famille de la ­victime. En guise de représailles, des habitants du village auxquels se sont ajoutés des hooligans venus de Plovdiv, la deuxième ville du pays, ont encerclé trois des cinq ­maisons du clan Rachkov et les ont embrasées à coups de cocktails Molotov. Alors que la plupart des manifestants gardaient leurs distances avec les militants d’extrême droite, des factions nationalistes ont saisi l’opportunité pour instaurer un climat de psychose de premier ordre. La police a réussi à limiter la progression du mouvement, mais on a déploré quelques incidents : une prostituée rom enceinte s’est fait tabasser par un gang de skinheads, des émeutes ont éclaté dans la ville de Varna et des magasins ont été vandalisés aux alentours de Plovdiv. À Sofia, des combats ont éclaté entre manifestants et forces de l’ordre. En tout, 200 personnes ont été arrêtées dans le pays. Les jours suivants, les profils Facebook des instigateurs de ces violences ont été rendus publics et la police a fait fermer nombre de pages aux intitulés racistes tels que : « À bas la violence tsigane ! Aidez les Bulgares de Katunitsa ! » La page la plus ­populaire comptait 70 000 abonnés mais un peu moins de 5 000 manifestants sont descendus dans les rues. Le caractère anti-Roms des manifestations a dissuadé la plupart des gens de continuer la lutte ; c’est pourquoi le mouvement s’est essoufflé au mois d’octobre. Rachkov et deux de ses petits-fils ont été arrêtés pour coercition (entendez « menaces de mort »), fraude fiscale et détention de faux papiers. Aujourd’hui, on dit que le clan cherche refuge en Serbie.