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Vice Blog

Le ciné-club du lycée - The Wall

C'est le premier film dont je vais parler ici qui n'est pas issu de la décennie 1990-2000, ce qui ne l'a pas empêché de transcender les années et de plaire à plusieurs générations de lyc...

C'est le premier film dont je vais parler ici qui n'est pas issu de la décennie 1990-2000, ce qui ne l'a pas empêché de transcender les années et de plaire à plusieurs générations de lycéens, ces mêmes gens qui sont réputés pour revendiquer le fait de cracher sur la musique commerciale comme sur un trottoir. En fait, regarder The Wall sans rien y comprendre fait partie des rites de passage à l'âge adulte qui aident les jeunes à « se trouver », au même titre que faire un voyage InterRail en passant par l'Europe de l'Est, se teindre les cheveux d'une couleur débile ou prendre des champignons hallucinogènes en pleine nature.

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The Wall s'est malgré lui ancré dans la catégorie des films que les jeunes aiment regarder défoncés afin d'en apprécier plus amplement les « vertus psychédéliques », aux côtés de Las Vegas Parano et de How High, comme en attestent les témoignages enflammés de la section 18-25 ans du forum Jeuxvideo.com. Un mythe urbain s'accorde d'ailleurs à dire qu'Alan Parker était lui-même sous l'influence de substances psycho-actives illicites en faisant le film, mais maintenant qu'on est entre adultes, on sait tous que c'est complètement faux. Entre temps, j'ai appris à mes dépens que c'était une mauvaise idée de suivre les conseils d'un pote qui se fringue exclusivement chez la marque Goéland et qui vit avec un plot dans sa chambre. Toutes ces histoires d'écriture sous substances et de lycéens qui cartonnent à leur dissertation de philosophie après avoir fumé « un bon gros pilon », c'est du pipeau. Ça marchait peut-être pendant le mal du siècle au XIXème, quand les jeunes écrivains avaient de quoi râler et sombraient dans la déchéance parce qu'ils étaient nostalgiques du temps de l'empereur. Mais aujourd'hui, les intellectuels du club des Haschischins gisent tous six pieds sous terre pendant que les connards qui pondent des œuvres surréalistes sous LSD mixent aussi au Baron à la tombée de la nuit. Et je ne vois pas trop quel cinéaste peut se targuer d’être constamment bourré aujourd’hui, à part peut-être Zack Snyder.

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C'est le fameux moment où les enfants se révoltent contre le système éducatif et que le spectateur réalise qu'il n'est qu'une brique dans un mur.

Revoir ce film m'a rappelé pas mal de souvenirs de cette période où il était de rigueur de citer le rock progressif dans ses genres préférés pour avoir l'air d'une personne complexe. Mais je n'ai absolument rien contre le groupe Pink Floyd et je considère toujours David Gilmour comme l'un des mecs les plus inoffensifs au monde.

Le film raconte l'histoire de Pink, un musicien lassé de la vie et de ses groupies, qui s'enferme dans sa chambre d'hôtel et sombre doucement dans la folie - d'où la métaphore du « mur », ha. Pendant 1h30, on peut le voir se remémorer les grands moments de sa vie, de son enfance tourmentée, de la mort de son père pendant la Seconde Guerre Mondiale et de sa mère castratrice, entre autres. Il n'y a presque aucun dialogue, et chaque scène a été judicieusement tournée pour coller aux morceaux du groupe. Ça a l’air immensément chiant et ultra lisible quand on le décrit comme ça et j’étais un peu ennuyée à l’idée de le revoir sobre comme un lundi, mais c’est quand même OK. OK comme un six sur dix ou un C+.

Pink chouine en position foetale, avec le morceau « Mother » en fond.

The Wall laisse quand même plusieurs questions cruciales sans réponse : Pourquoi le personnage se rase-t-il intégralement les sourcils ? Quid de l'Union Jack qui se transforme en croix sanglante ? Peut-on établir un rapprochement entre le nom du héros (Pink) et le nom du groupe à la base du film (PinkFloyd) ?

Il faudra peut-être que j'attende l'aube de la trentaine pour pouvoir apprécier pleinement les subtilités du film qui m’ont échappé, mais en attendant, j'ai beau le retourner dans tous les sens, je ne vois pas. Ce film est beau mais chiant comme un concept-album.

PAZ DE LA MUERTA