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Interviews

Le fauconnier qui empêche les mouettes de Cannes d’emmerder les stars

Depuis que Sophie Marceau s'est fait renverser un verre de vin rouge sur sa robe, cinq faucons surentraînés sèment la terreur sur la Croisette.
Christopher, à la piscine du Martinez. Toutes les photos sont de l'auteur.

En 2011, une mouette a renversé un verre de vin sur Sophie Marceau alors qu'elle dînait au Martinez, quelques minutes à peine avant qu'elle ne foule le tapis rouge. Ce n'était pas la première fois que des clients de l'hôtel se faisaient attaquer en plein repas. En conséquence, les employés du Martinez ont décidé d'embaucher une équipe de rapaces surentraînés pour faire fuir mouettes, pigeons et autres volatiles susceptibles d'empêcher les célébrités de passer un excellent séjour.

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Christopher Puzin est entraîneur de faucons à Cannes, et s'occupe de cinq oiseaux qui patrouillent le long des hôtels situés en bord de mer – où la plupart des stars du festival séjournent. On lui a posé quelques questions pour en savoir plus.

VICE : Bonjour Christopher. Alors comme ça, vous êtes fauconnier. Qu'est-ce que cela signifie, exactement ?
Christopher Puzin : Mon job est de faire fuir les mouettes grâce à mes faucons. Les mouettes ont tendance à venir sur les tables, à voler de la nourriture et à casser des verres. Ce n'est pas une bonne chose pour les invités. Se faire renverser un verre de vin sur ses vêtements avant de monter les marches, ce n'est pas idéal ! On reste ici pendant dix jours, histoire de protéger les invités les plus prestigieux tout au long du festival.

Pouvez-vous m'en dire plus sur vos faucons ?
Nous utilisons des buses de Harris qui viennent d'Arizona, de Californie et du Texas. Cette espèce attaque les mouettes, lesquelles passent normalement leur temps à s'approcher des invités et de leur nourriture parce qu'elles sont habituées à la présence humaine.

C'est la première fois que vous faites ça à Cannes ?
Non, ça va faire cinq ans que je travaille sur le festival – depuis que Sophie Marceau s'est fait renverser du vin sur sa robe avant une première. C'était terrible.

Je suis fauconnier depuis maintenant 25 ans, c'est ma passion. À Cannes, nous avons deux fauconniers – mais je fais partie d'une équipe de quatre personnes. C'est le seul festival pour lequel nous travaillons. On bosse surtout en ville, ou pour le compte de grands supermarchés, afin de maintenir les pigeons et les moineaux à distance. Au total, nous avons 21 oiseaux.

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Un autre membre de l'équipe de Christopher

Comment se déroule l'entraînement d'un faucon ?
Nous entraînons les faucons pendant quatre mois, puis ils passent les cinq mois suivants à voler librement. C'est seulement ensuite qu'on leur apprend à tuer leurs proies – surtout des mouettes donc, mais aussi des corbeaux et des pigeons. Après ça, ils sont prêts pour leur mission.

Ils tuent les mouettes ?
S'ils les attrapent, oui. Mais à Cannes, l'objectif est plutôt de les effrayer. Les faucons les attaquent systématiquement. Quand il n'y a aucun oiseau, ils se contentent d'attendre sagement. Ces oiseaux sont très amicaux en réalité, ils ne sont pas dangereux. Ceux qu'on fait travailler au Martinez ont entre deux et cinq ans. Ils ont une espérance de vie de 20 ans et sont remarquablement intelligents – à l'exception des loups, je crois que ce sont les seuls animaux au monde capable de chasser de manière coopérative en groupe.

Un cou de poulet en guise de récompense

Ce n'est pas un peu difficile pour eux de bosser toute la journée ?
Ces oiseaux n'ont pas la chance d'être libres, mais ils sont heureux. Notre mission est de protéger à la fois les prédateurs et leurs proies afin de remettre un peu d'ordre dans l'écosystème. Même si les faucons tuent les mouettes et les pigeons, il faut se rappeler que c'est comme ça que la nature fonctionne. Nous avons changé le comportement des animaux en changeant l'environnement – d'un point de vue urbain, industriel et rural, ce qui crée un déséquilibre.

Afin de survivre, certains animaux se sont adaptés ou ont tiré profit de ces nouveaux environnements – c'est le cas des pigeons. L'objectif de la fauconnerie est de faire peur aux espèces polluantes ou nuisibles. Quand nous tentons de résoudre un problème, nous prenons toujours en compte l'environnement. C'est l'un des meilleurs moyens que nous ayons pour contrôler tout ça.

Nous veillons à bien récompenser les oiseaux, en les nourrissant le plus possible – ce qui est essentiel pour les motiver. En général, on leur donne des oisillons, des cailles, des pigeons – ou des cous de poulet, de canard et de dinde. On leur donne aussi des minéraux et des vitamines.

Vous avez un chouchou ?
Oui, un aigle royal nommé Koomba. Il n'est pas ici en revanche. Il est bien trop grand, ses ailes peuvent faire 2,6 mètres d'envergure, et les invités ont peur de lui. C'est mon préféré parce qu'il est vraiment très fort. Il a notamment tué un lièvre, un renard – et même un cerf.

Livia est sur Twitter.