Après avoir entendu que Ross William Ulbricht, le baron numérique de la drogue, fondateur présumé de Silk Road, un marché noir virtuel de plusieurs milliards, avait été arrêtédans la section science fiction de sa bibliothèque, on a eu envie de faire du journalisme d’investigation. Et par « journalisme d'investigation », j’entends taper « Ross Ulbricht + lycée Austin » et « MySpace » et « ex-petite amie folle » sur Google. On était sûres de découvrir quelque chose que le gouvernement fédéral, Reddit, et le reste des médias avaient ignoré, et de jeter une lumière nouvelle sur l’entrepreneur libertaire qui compterait, parmi ses fait d’armes, le blanchiment d'argent, le trafic de stupéfiants et l'embauche d'un tueur à gages.
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On a rien trouvé d’utile, à proprement parler, mais on a réussi à tracer un portrait sommaire de ce jeune homme tourmenté qui est le plus proche équivalent humain de Reddit.
Pour commencer, on a appris le nom de la sœur d’Ulbricht, sa profession et la banlieue où elle habite. Merci à Facebook, on a trouvé des photos de ses parents sirotant des cocktails au Vietnam. On a découvert qu'en 2008, Ulbricht a vendu sa voiture (une Honda CRX 1990), qu’il était prompt à liker le fait de jouer de la batterie, la musculation, et, en règle générale, les trucs « groovy », et que l'un de ses films préférés était Matrix (pas de surprise là-dessus).Il a partageait parfois de vagues réflexions politiques – dans une note sur Facebook, par exemple, il écrit : « Êtes-vous libre ? Oui et non. La liberté est une chose relative et non quantifiable. La question est : “Comment puis-je être plus libre ?” Et la réponse à cette question dépend de VOUS. » Son compte LinkedIn est aussi politique et rempli d’allusions pas très subtiles à ses activités illégales. « Je veux utiliser la théorie économique pour abolir l'utilisation de la coercition et de l'agression parmi les hommes », écrit-il à ce sujet. « La meilleure façon de changer un gouvernement est de changer l'esprit des gouvernés. Pour ce faire, je vais créer une simulation économique qui donnera aux gens une expérience de première main de ce que ce serait la vie dans un monde sans usage systémique de la force. »
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Mais la chose la plus intéressante qu’on ait découverte lors de notre voyage au centre de la présence Internet de Ross William Ulbricht, c’était ces dessins que Dread Pirate Roberts a dessinés en 2006 et partagé avec des amis sur Facebook.
Prenez ce dessin, par exemple, qui est accompagné de la légende « beauté naturelle ». Notez la technique pour éviter de dessiner les deux yeux – recouvrir l’un d’eux avec des coups de crayon pour donner une frange broussailleuse. Est-ce que ce sont les tigres qu’on discerne qui ont mangé les lèvres de ce mec (cette nana) ?
L’œuvre suivante, « Dropping In », représente un surfeur qui porte peut-être un tee-shirt, et qui est également susceptible d'être entouré d’éclairs. Pour expliquer le photoréalisme incroyable de cette image, qui pourrait induire le public en erreur, Ulbricht explique dans sa légende qu’il s’agit en fait d’une reproduction à partir d'un magazine de surf. Il prend également soin de noter : «Dans le cas où vous vous poseriez la question, ces croquis sont dans l'ordre chronologique de leur création. » Nous sommes donc au courant.
Ensuite nous avons « Le Rêve Concentré », ou, comme on aime à le renommer, « On dirait que quelqu'un vient de s’acheter un bang ». Le dessin, qui évoque très vaguement Dali et qui bénéficie d’une composition complexe, a pris un an pour être fini. Un commentateur a suggéré à Ulbricht « de se mettre à l'art du tatouage ».
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Celui-ci est sinistrement intitulé « Consumé par l’inconscience » et serait du meilleur effet sur le côté d'un van.
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