Projet Blair Witch
Illustration de Katherine Killeffer

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Culture

« Le Projet Blair Witch » hante toujours ses acteurs

Comment l'un des plus grands films d'horreur de tous les temps est devenu une malédiction pour son casting.
Sandra  Proutry-Skrzypek
Paris, FR

Alors que Lionsgate a annoncé il y a peu la sortie imminente – demain, pour la France – d'un troisième opus de la saga Blair Witch, cela fait désormais dix-sept ans que le monde s'est passionné pour le premier film au cours de l'été 1999. Filmé en l'espace de huit jours avec un budget microscopique de 60 000 dollars, celui-ci a brassé 248 millions de dollars, devenant, contre toute attente, le cinquième film le plus rentable de l'histoire du cinéma.

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Les spectateurs se sont rués dans les salles pour voir ce qu'ils pensaient être l'enregistrement authentique de trois étudiants disparus dans une forêt hantée par une sorcière. Cette légende était une technique marketing pour le moins originale. Avant la sortie du film, le réalisateur, Eduardo Sanchez, avait propagé des rumeurs via un faux site Internet, faisant de la sorcière un véritable mythe urbain. (Des années plus tard, certaines personnes croient encore qu'il s'agit d'un documentaire.) Le succès du film a occulté sa mise en scène ingénieuse, qui a influencé une kyrielle de films d'horreur de type « found footage », dont Paranormal Activity.

Si le film a été un triomphe à Hollywood, il a beaucoup nui à ses acteurs, dont la mort a été simulée en 1999. À l'occasion de ce nouveau volet, VICE a discuté avec les auteurs, réalisateurs et acteurs originaux du Projet Blair Witch au sujet des huit jours de tournage démentiels et des conséquences du film sur leur vie.

Le commencement

Eduardo Sanchez et Dan Myrick se sont rencontrés alors qu'ils étudiaient le cinéma à l'université de Floride au début des années 1990. Les deux compères ont collaboré sur nombre de projets étudiants avant de se lancer ensemble dans la réalisation d'un film d'horreur.

Eduardo Sanchez, auteur réalisateur : Un week-end, suite à une discussion sur les films d'horreur, nous avons loué tous les films qui nous avaient fait flipper quand nous étions enfants, notamment des pseudo-documentaires tels que In Search of, Chariot of the Gods, [et] Legend of Boggy Creek. Nous les trouvions d'autant plus terrifiants qu'ils semblaient réels. On s'est demandé si ces films marcheraient avec le public contemporain.

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Dan Myrick, auteur réalisateur : À partir de là, on a commencé à se dire qu'il serait flippant de tomber sur une maison dans les bois. Dans un tel cas de figure, vous êtes incapable de vous éloigner, vous êtes obligé d'entrer – il n'y a pas de retour en arrière. Au cours de l'année suivante, on a posé les bases du projet. Initialement, il devait s'agir d'un groupe d'explorateurs dans les bois.

Sanchez : On voulait que le mythe [de la sorcière] soit très ancré dans la réalité, que les gens se disent : « OK, ça semble réel, il s'est forcément passé quelque chose. » On ne voulait rien de trop extraordinaire afin que les gens y croient.

Myrick : On a utilisé le folklore américain contemporain comme point de référence, notamment le Triangle des Bermudes, cet endroit mystérieux où disparaissent les gens, qui fait l'objet de beaucoup de théories complotistes. Le folklore de la Guerre civile, le folklore amérindien – autant d'éléments de l'histoire du pays qui ont enrichi l'univers que nous voulions créer.

Sanchez : Dès le départ, il allait de soi que l'histoire se déroulerait dans le Maryland.

Un casting dans les bois

Avec l'aide du producteur Greg Hale, Myrick et Sanchez ont commencé à monter une vidéo promotionnelle de huit minutes dans le but d'attirer des bailleurs. La vidéo a finalement été vendue à la série télévisée Split Screen. L'argent de la vente – en plus des fonds obtenus grâce à des amis, de la famille, et des vidéos que Myrick a montées pour Planet Hollywood – a financé le film. À partir de là, les réalisateurs ont procédé au casting du film et ont recruté des acteurs doués en improvisation pour contribuer au style « found footage » du film.

Sanchez : On savait que si les spectateurs sentaient, ne serait-ce qu'une seconde, que c'était de la comédie, on allait les perdre. Il était donc très important que ces acteurs sachent improviser de manière non exagérée.

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Heather Donahue, actrice : J'étais la fondatrice d'un collectif d'improvisation appelé Red Shag et je faisais partie d'une compagnie de théâtre – Collision Theory. Je faisais beaucoup d'impro mais dans un tout autre genre, donc j'étais très excitée quand j'ai entendu parler du [Projet] Blair Witch.

Sanchez : Les [acteurs] entraient dans la pièce et on commençait immédiatement à leur poser des questions. On disait aux gens pendant l'audition : « Dès que vous entrez dans la pièce, l'audition commence. » Ça a marché pour certains, pas pour d'autres.

Donahue : Dan, Ed et Greg avaient établi un scénario d'improvisation pour nous. Quand je suis arrivée à l'audition, ils m'ont dit : « Vous avez purgé la moitié de votre peine pour le meurtre d'un bébé. Pourquoi devrions-nous vous laisser sortir ? » Je les ai regardés et leur ai répondu : « Je ne pense pas que vous devriez. » Je pense que je suis la seule femme à avoir dit ça, donc j'ai eu le rôle.

Joshua Leonard, acteur : J'ai été pris pour Blair Witch car j'avais déjà quelques expériences de comédien et que je savais tenir une caméra. J'étais dans le même état d'esprit que beaucoup de jeunes de mon âge – Peut-être que je vais devenir photographe, ou réalisateur de documentaires, ou poète, ou acteur – et je me suis contenté de suivre ce qui était cool à l'époque.

Les campeurs dans le Maryland

Heather Donahue, Joshua Leonard et Michael C. Williams ont fait leurs preuves. Avec l'équipe, les acteurs se sont installés dans le Maryland pour un tournage de huit jours, d'abord dans la véritable ville de Burkittsville puis dans des parcs nationaux. Les acteurs ont campé dans des tentes et ont filmé leurs propres séquences, pendant que l'équipe les observait. Ils ont improvisé une bonne partie du film.

Donahue : La première réaction de mes proches a été de me déconseiller de suivre une bande de mecs que je ne connaissais pas dans les bois. Ma mère a voulu avoir le numéro de sécurité sociale de chacun. Mes amis se sont assurés que j'emporte un couteau avec moi. En fait, ça n'a pas été si difficile. Je pensais qu'on allait me demander de dépecer un écureuil.

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Leonard : Je travaillais pour une boîte de prod expérimentale à l'origine des [films] de Kenneth Anger, Derek Jarman et Maya Deren, donc la caméra embarquée me semblait être une technique fascinante. De toute façon, j'étais probablement trop défoncé pour avoir peur.

Myrick : Tous les bruits étranges que l'on entend dans le film, c'est nous qui courons dans les bois. Quand ils se réveillent et qu'il y a un tas de pierres devant leurs tentes, c'est nous qui l'avons placé, bien évidemment. Les figurines en bois, nous les avons accrochées. On les a guidés 24 heures sur 24, vraiment. On a tout installé préalablement et ils ont simplement suivi nos indications. Ils avaient un appareil GPS que l'on préprogrammait quotidiennement [et] qui leur disait où ils devaient aller [et] l'heure à laquelle ils devaient y être. On a secoué leurs tentes, diffusé des enregistrements de voix d'enfants, fait du bruit en plein milieu de la nuit et on les a menés jusqu'à cette maison à la fin – on a joué la sorcière, en somme.

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Image via capture d'écran

Donahue : Ils nous ont fait savoir qu'ils se préoccupaient de notre sécurité, mais pas de notre confort. Et que ça allait être du 24 heures/24. On savait seulement que ça allait être désagréable, que ça concernait une sorcière, qu'à chaque fois qu'ils nous donnaient des consignes, elles avaient pour but de générer un conflit, et qu'on devait laisser les caméras en marche autant que possible.

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Myrick : Pour ce qui est du mythe, on a donné quelques informations à Mike et Josh, mais Heather était la seule à vraiment connaître la majeure partie de l'histoire de la sorcière. Le but était que les autres acteurs se demandent : « Pourquoi sommes-nous ici ? Qu'est-ce que c'est, cette histoire de sorcière ? »

Donahue : J'avais déjà tourné dans un film étudiant, deux ans auparavant, avec une jeune réalisatrice. J'ai dû me demander : « Quelle femme continuerait à filmer alors qu'elle vit un moment horrible ? » N'importe quelle personne normale aurait arrêté de filmer. Il n'y avait pas beaucoup de personnages féminins au cinéma à l'époque. Les choses ont beaucoup changé. Les personnages féminins sont plus complexes. J'ai remporté le Razzie de la pire actrice de l'année mais je pense que c'était plus à cause du personnage que de ma performance. C'était une femme dynamique qui ne portait pas de mascara et était devant la caméra en 1999.

Sanchez : Les acteurs ont été géniaux, ils n'ont reculé devant rien. Ils se sont montrés courageux face à ce qu'on leur demandait. Je pense qu'ils avaient confiance en nous. On leur a dit : « Vous allez être dans les bois 24 heures/24 et on va vous faire peur la nuit », et ils nous ont tout de même fait confiance.

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Heather Donahue, vedette du film. (Photo de Steve Azzara/Corbis via Getty Images)

Les mythes autour du film

En plus de la légende initiale liée au Projet Blair Witch, le tournage du film a inspiré beaucoup de récits. Les rumeurs abondent concernant les sanglots et les cris hystériques des acteurs durant certaines scènes. Le tournage en caméra subjective, en plus d'être sans intérêt, aurait été une véritable corvée pour les acteurs.

Leonard : Eh bien, il n'y avait pas de fantômes d'enfants dans les bois. Ce n'était donc pas réel, pour autant que je sache.

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Donahue : Il n'y a rien d'intrinsèquement effrayant dans un tas de pierres. On a dû faire semblant, comme pour n'importe quel boulot.

Myrick : Ils étaient sans doute surpris, mais j'ai du mal à les imaginer vraiment effrayés. Par exemple, la scène finale dans la maison semble être réalisée en une seule prise – Heather pousse un cri perçant et perd la tête. En réalité, on a filmé ça en plusieurs prises et sur deux jours – c'est l'un des segments les plus traditionnels du film. On a dû commencer et recommencer et faire attention à ce que personne ne se blesse dans cette maison. C'était bien orchestré. Personne n'a été effrayé. Ils étaient fatigués ! La peur qui s'inscrit sur leur visage relève de la performance pure et dure.

Leonard : Je me disais toujours : « Ce n'est pas le Colonel Kurtz remontant la rivière dans Au cœur des ténèbres. Ce n'est pas le tournage d'Apocalypse Now qui prend un an et vous fait perdre la tête. » Dès le départ, il était clair que ce n'était qu'un tournage de huit jours. Ceci dit, il faisait froid, on avait faim et étions fatigués – ça a certainement joué.

Myrick : On a diminué leurs provisions progressivement. On ne les a jamais affamés ou quoi que ce soit, mais on a fait en sorte qu'ils soient un peu grognons à la fin.

Donahue : On avait un safe word [avec l'équipe], bulldozer, quand on voulait tout arrêter. Un jour, on a fait de la randonnée sous la pluie toute la journée. Ils avaient monté des tentes et quand nous les avons retrouvées grâce au GPS, elles étaient inondées d'eau. On s'est dit : « C'est fini. On n'a pas à jouer dans ces conditions. » On a pris la radio et répété : « Bulldozer, bulldozer, bulldozer ! » Mais ils tous étaient en train de dîner chez Chi-Chi et ne nous ont pas entendus. On a dû sortir du bois et toquer à la porte de la première maison. Les gens ont été assez sympas et confiants pour nous laisser entrer. Ils nous ont même offert un chocolat chaud. On a dormi à l'hôtel cette nuit-là.

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L'imprévu et le notoire

Certains des meilleurs passages du film ont été des surprises totales pour l'équipe. Certaines frayeurs planifiées, en revanche, n'ont pas été correctement enregistrées et ont modifié l'évolution du film – le meilleur exemple étant le célèbre monologue au cours duquel Donahue pleure devant la caméra. Ce gros plan est par la suite devenu l'affiche du film.

Myrick : On avait prévu qu'une figure humanoïde apparaisse dans les bois quelque part. Un ami à nous était garé entre des arbres, et on espérait que la caméra capture ce mec. C'est à ça que réagissait Heather [quand elle courait dans les bois] en disant : « Qu'est-ce que c'est que ça ? » Mais on ne l'a jamais vu à l'image. Je me suis senti mal pour le mec, parce qu'il faisait vraiment froid cette nuit-là et qu'il est tombé dans l'eau. On a dû lui filer nos vêtements. Beaucoup de travail pour peu de résultats, excepté le « Qu'est-ce que c'est que ça ? »

Sanchez : On ne savait pas que [le monologue final de Donahue] allait devenir un passage aussi emblématique de notre film. On avait donné [à Heather et Williams] les mêmes indications. On avait dit à Heather : « Tu ne veux pas effrayer Mike, alors prends la caméra, trouve un endroit près de la tente et dis au revoir à tous les gens que tu connais. Tu vas mourir. » C'est là qu'elle a délivré cette performance dingue et brillante. Quand on a vu le résultat, on s'est dit : « Wow, ça va être vraiment puissant. »

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Image via capture d'écran

Donahue : Je savais que mon personnage allait mourir et que Josh était sans doute déjà mort. Je savais que Mike allait mourir et que c'était entièrement de ma faute – c'était aussi simple que ça. Ce que je dis dans ce monologue est assez franc. Je me disais que j'étais quelqu'un de mauvais et que j'avais échoué. Je savais que j'étais impuissante et que mon nez coulait. En y repensant, j'aurais fait certaines choses différemment. J'aurais probablement mis la caméra dans un plus grand angle.

Leonard : On a réalisé un found footage parce que notre budget correspondait à ça. Je pense que c'était sous-entendu dans la narration : « Ça va avoir l'air vraiment merdique, et parfois, ça ne va pas bien sonner, mais c'est OK, parce que c'est intentionnel. » On avait une caméra à 300 dollars, une autre chopée gratuitement, donc ça me fait rire quand un grand studio essaie de faire quelque chose de type found footage mais qui sonne mal. Ça me fait rire, c'est une bonne technique, mais elle doit être adaptée à l'histoire.

Quand tout le monde croit que vous êtes mort

Après le tournage, Myrick et Sanchez ont passé plusieurs mois à monter les séquences et condenser les performances de leurs acteurs en 81 minutes. Le film a été accepté au Festival du film de Sundance et Artisan Entertainement a acheté les droits de distribution. Sanchez a créé un site Internet pour fournir le contexte mythologique du film, ce qui a convaincu le public qu'il s'agissait de rushes authentiques. Artisan a également caché les acteurs lors de la sortie initiale du film et a modifié leurs pages IMDB pour annoncer leur mort. Le canular est devenu tellement viral que la mère de Donahue a reçu des messages de condoléances.

Donahue : Être morte ? Comment ça a affecté ma carrière ? De manière négative.

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Leonard : C'était vraiment bizarre, mes parents recevaient des coups de fil de gens confus, qui demandaient : « Est-ce que Josh va bien ? » Mais en termes de carrière, c'est simple, je n'avais pas de carrière avant le film. J'étais loin d'être un acteur en vogue.

Sanchez : Une fois que le film a été vendu, on a perdu le contrôle en tant que réalisateurs. Artisan nous a dit : « Nous voulons le vendre comme un enregistrement authentique et cacher les acteurs pendant quelques semaines ». À ce moment-là, on s'est dit que ça pourrait marcher. On aurait sans doute fait les choses différemment, mais ça a marché. Ça a brassé beaucoup d'argent.

Les réactions négatives du public face au film

Le film, qui a rapporté 248 639 099 dollars, a d'abord été encensé par la critique. Myrick et Sanchez ont même remporté un Independent Spirit Award. Pourtant, l'énorme popularité a rapidement fait place à une foule de réactions violentes qui ont affecté l'équipe.

Sanchez : Très vite, après la sortie du film, il y a eu un retour de flamme. Les gens ne s'attendaient pas à ça. Ils s'attendaient à un film d'horreur bien plus conventionnel. Blair Witch n'a pas tenu les promesses du genre horrifique et les gens se sont dit : « Regardez, ils essaient de nous tromper, ils pensent que nous sommes stupides ! » Mais à ce moment-là, le film avait rapporté beaucoup d'argent et remporté un franc succès – donc personne ne s'en souciait vraiment. Mais en tant que réalisateurs, ça nous a dérangés.

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Myrick : Je pense que ce retour de flamme a été plutôt naturel. Les critiques positives ont pullulé au début, quand les gens n'avaient aucune attente par rapport au film. C'est ce qu'il y a de problématique avec la publicité : il est de bon ton de ne pas aimer ce qu'aiment les autres.

Leonard : Après la sortie, on m'a souvent dit : « Je déteste ce truc ! Je veux qu'on me rembourse mes 10 dollars ! » Le film n'a jamais été destiné à une consommation de masse.

Donahue : Il m'est très difficile de revenir sur ces réactions négatives, dans le sens où elles m'ont touchée directement et personnellement. Ma mère a reçu des messages de condoléances, des gens m'ont abordée dans la rue pour me dire qu'ils auraient préféré que je sois morte, qu'ils voulaient que je leur rende leur argent. Je roulais dans ma 84 Toyota Celica à L.A. sous un panneau avec mon propre visage dessus. Ça a été une expérience profondément surréaliste.

Sanchez : Pour les spectateurs qui ont compris, ça a été une expérience vraiment unique et intense. Pour ceux qui n'ont pas compris, ça n'a été qu'une suite d'images tremblotantes.

Donahue : Je n'avais aucune expérience de la caméra, comme on peut le voir à l'écran d'ailleurs. Apparemment, beaucoup de gens ont vomi, je me sens un peu mal pour ça.

La légende tenace

Même si le film a été réalisé il y a plus de 15 ans, la légende de la sorcière perdure, et beaucoup de fans croient qu'elle existe.

Sanchez : Artisan a réalisé un sondage pour savoir qui croyait à la légende de la sorcière, et un nombre assez dingue de gens – dans les 50 % – y croyait dur comme fer.

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Image via capture d'écran

Donahue : Sur Internet, certaines personnes pensent qu'on est complices, qu'on a été embauchés pour dissimuler la disparition des véritables étudiants.

Myrick : Je pense qu'il est dans notre nature de vouloir croire aux forces surnaturelles – que ce soit le Triangle des Bermudes, les OVNI ou les fantômes. Ça fait partie de notre ADN. Blair Witch s'inscrit parfaitement dans cette tendance, c'est pourquoi il y aura toujours des gens pour penser que certains éléments du Projet Blair Witch sont basés sur des faits réels.

Sanchez : On est d'assez bons menteurs, doués pour raconter un tas de conneries.

Les grands regrets et les prochains défis

Après le succès du film, les membres de l'équipe ont poursuivi leur carrière respective ; Sanchez et Myrick ont réalisé d'autres films d'horreur, tandis que Leonard a travaillé comme acteur à Hollywood. Donahue a joué dans d'autres films avant de quitter le métier pour cultiver du cannabis thérapeutique, même s'il lui arrive encore de faire des films de temps en temps. Elle affirme qu'avoir utilisé son véritable nom dans le film est son plus grand regret. Dans le nouveau film, James Donahue est le frère de son personnage et partage le véritable nom de l'actrice.

Une introduction aux films d'horreur, par Alexandre Aja

Donahue : [Le succès du Projet Blair Witch] est une chose avec laquelle vous devez vivre, comme une tumeur ou un tatouage facial. C'est comme s'il était toujours présent. On pose encore des questions à ma mère au sujet des messages de condoléances. Quant à ma sœur, ses collègues de boulot lui demandent : « Ta sœur est-elle dans le film ? Tu as vraiment un frère qui s'appelle James ? » Eh bien non, mais mon père s'appelle James ! C'est écrit sur ma page Wikipédia.

Myrick : En tant qu'artiste, on fait ça en partie pour laisser une trace, pour influencer les gens, pour les toucher, et c'est ce qu'a fait Blair Witch. Je serai toujours reconnaissant d'y avoir pris part. On se souvient de moi grâce à ce film. Peu de réalisateurs peuvent dire ça.

Donahue : Tous ces nouveaux films de found footage sont des trucs industriels. Ce sont de vrais films, avec de vrais budgets – ça n'a pas le même esprit punk que Blair Witch. On n'aurait pas pu faire Blair Witch avec des acteurs syndiqués ; il n'y avait pas de pauses déjeuner. On tournait sans que personne ne nous dirige vraiment. C'était une réalisation sauvage.

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