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Motherboard

Les candidats de Mars One sont prêts à quitter la Terre pour toujours

Bas Lansdorp vous envoie sur Mars pour un peu moins de 30 euros

Image du site web Mars One

Certaines offres semblent trop belles pour être vraies. Et pourtant, Bas Lansdorp propose bel et bien aux aspirants cadets intergalactiques l’opportunité de changer de vie et de devenir les nouveaux héros de la conquête spatiale, dont les noms résonneront pour l’éternité. Il suffit de s’inscrire sur le site de Mars One et de s’acquitter des frais d’inscription — qui tournent autour de 28 euros, mais qui sont indexés sur le PIB de votre pays d’origine — pour tenter de remporter un aller simple pour Mars. Le premier vol est prévu pour septembre 2022.

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Le but de ce projet ambitieux est d’envoyer un groupe d’astronautes venants des quatre coins du monde sur la planète rouge. Ils devront y installer des colonies et y passer le reste de leur vie. Lansdorp a besoin de 6 milliards de dollars pour mener à bien son projet, et il a donc décidé d’en faire une émission de télé-réalité financée par les médias et les annonceurs. Et évidemment, tout serait filmé, de la sélection des astronautes au décollage de la fusée.

Je veux bien faire un effort, mais quand je pense à la crédibilité de Lansdorp et à la légitimité de son projet, trop de questions me viennent à l’esprit. Plus de 100 000 personnes (dont 30 000 Américains) ont quand même payé les frais d’inscription dans l’espoir de devenir des voyageurs de l’espace.

Les candidats à l’exil doivent envoyer une lettre de motivation, un CV et une vidéo d’une minute détaillant les raisons pour lesquelles ils devraient être envoyés sur Mars. Vous pouvez mater les vidéos ici et même voter pour vos candidats préférés, un peu comme pour les castings de candidats des émissions de MTV.

Parmi les candidats, on trouve des idéalistes touchants, d’énormes naïfs et une tripotée de gens désabusés de la vie terrestre. L’un des participants se demande s’il y aura des « grosses soirées jusqu’au bout de la nuit » alors qu’un autre porte une chemise dorée et un couvre-chef en plastique. Il assure que, malgré son manque de sens de l’humour (une qualité recherchée par les organisateurs), il se sent prêt à faire ce voyage.

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Certains candidats sont tellement perchés qu’on se demande sérieusement s’il ne s’agit pas de trolls, comme cet Australien avec un chapeau en aluminium sur la tête qui prétend se « cacher des petits-gris ». Le fait qu’il ait payé les frais d’inscription et que presque personne n’ait regardé sa vidéo suggère cependant que ce mec est peut-être sérieux, et que pour le coup, son meilleur espoir serait vraiment d’aller finir sa vie sur Mars.

Ce qui est vraiment dingue, c’est de voir à quel point tous les participants prennent le sujet au sérieux. La plupart d’entre eux partiraient sur-le-champ s’ils en avaient l’occasion, abandonnant toute possession matérielle, mais aussi famille et amis. J’ai contacté certains participants pour savoir ce qui les poussait à vouloir fuir la Terre.

Willard Sollano Daniac, 36 ans, est actuellement le candidat le plus populaire avec plus de 15 millions de petits cœurs.

Pays d’origine : Philippines

Métier : Inspecteur haute-tension pour le réseau électrique et hydraulique qatari, dans la section réseau et distribution électrique.

À ton avis, pourquoi tu as autant la côte sur le site Mars One ?
Willard : Je me sers de Facebook, DeviantArt, Orkut, Yahoo, et d’autres réseaux sociaux pour promouvoir ma vidéo chaque fois que j’ai du temps libre, surtout à la maison. Je peux aussi compter sur ma famille et mes amis qui supportent mon projet depuis le début et qui savent que c’est ce dont j’ai toujours rêvé.

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Qu’est ce que tu comptes faire en premier après avoir atterri sur Mars ?
Ma réponse est : A) M’occuper du système de support de vie, comme la mission le prévoit. B) Présenter mon invention d’énergie infinie, « Produire de l’électricité à l’infini », sans utiliser de pétrole, d’eau, d’énergie solaire ni aucun carburant connu, pour répondre à la demande en énergie des futurs habitants de cette planète.

Tu penses que la mission de Mars One sera effectivement prête pour 2023 ? Et s’il n’y a pas assez de soutiens financiers ? Tu regretteras d’avoir payé les frais d’inscription ?
Monsieur, je suis parfaitement confiant quant au succès du projet Mars One d’ici 2023. Cependant, je vais continuer à donner mon argent régulièrement pour soutenir financièrement la mission.

Sybelle Silverphoenix, 30 ans

Pays d’origine : États-Unis

Métier : Actrice, technicienne de maintenance informatique

Comment est ce que ton métier actuel va t’aider pendant ton voyage ?
Sybelle :Si on parle de la manière dont mon métier d’actrice m’aide dans cette démarche, je dirais que je suis déjà habituée à être devant des caméras et à faire face aux médias, donc le côté télé du projet ne me gène pas. Je suis rentrée en contact avec d’autres candidats, et certains d’entre eux trouvent toute cette attention médiatique écrasante. Tous les gens que j’ai rencontrés jusqu’à présent sont très intelligents et ont beaucoup à apporter au projet, mais ça n’est pas forcément facile à montrer quand on est sans cesse harcelés par la presse, lol.

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Si tu es choisie, qu’est-ce que tu abandonneras sur la Terre ?
Oh, wahou, je vais laisser BEAUCOUP de choses dernière moi. Beaucoup de personnes que j’aime et auxquelles je tiens énormément. Ma famille, surtout ma fille, qui va horriblement me manquer. Elle aura 18 ans quand la première équipe partira, mais je ne m’en fais pas, parce que le reste de la famille sera là pour elle. Son père est toujours à fond derrière elle, donc je sais qu’elle est entre de bonnes mains. Oh, je suis aussi sûre que je vais devoir laisser tomber ma carrière d’actrice, lol.

Rodrigo Cespedes Daza, 26 ans

Pays d’origine : Bolivie

Métier : Développeur informatique

Pourquoi tu veux aller sur Mars, à part les raisons évidentes ?
Rodrigo : Quand j’étais petit, tout me terrifiait. Le noir, la solitude, le bruit, les clowns, les monstres dans le placard… Tout me faisait peur. Tu vois, quand tout te fait peur, la stabilité de ton environnement, tout ce qui t’entoure est très important pour te rassurer. Mais tout cela, tout mon monde a été bouleversé quand j’ai quitté la Bolivie pour les États-Unis avec mes parents, à l’âge de 6 ans. Le réseau qui constituait mon monde s’est dépouillé du confort lié à tout ce qui touche au concept de « maison » : la culture, la langue, le voisinage, les amis etc… J’ai été jeté dans un puits sans fond où mes repères étaient privés de bornes familières auxquelles se raccrocher.

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En perdant toutes les constantes de ma vie, il s’est passé quelque chose d’incroyable ; je me suis adapté. Arraché à ce que je considérais comme mon chez moi, j’ai trouvé du réconfort dans le silence de la nuit, dans mon esprit et dans le détachement de tout ce que je considérais comme acquis, le bon comme le mauvais. J’ai créé des liens avec des amis, forts et flexibles à la fois, à mesure que je m’habituais au fait que la réalité, c’est maintenant, et que c’est le présent qui a le plus d’importance. J’ai fait des voyages avec ma famille, des amis et parfois seul aussi, qui m’ont chaque fois permis de grandir et de mûrir. J’ai appris à respecter la nature, que ce soit en ville ou en forêt. En résumé, j’ai appris à ne craindre que les pensées qui m’empêchaient de voir quelque chose de nouveau. Donc, en réponse à la première question, j’aimerais habiter sur Mars pour des raisons qui ont à voir avec ce que je suis. L’espace m’inspire, me fait rêver. Je rêve de l’univers et au fait de faire partie de ce nouveau monde, je suis un peu comme un voyageur qui cherche à créer quelque chose d’entièrement nouveau.

Est-ce que tu crois que le projet Mars One sera un succès en 2022 ? Penses-tu qu’une ONG peut lever les fonds nécessaires pour mener le projet à bien ?
Les projets spatiaux soutenus par le gouvernement ont toujours des objectifs liés au temps présent et ils existent dans un contexte qui change constamment. Une société privée, quant à elle, a un but clair et précis, et elle n’existe que pour remplir ce but. Je pense que les entreprises privées joueront un rôle de plus en plus important dans l’envoi d’hommes dans l’espace, parce qu’elles ont des objectifs à long terme.

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En plus, un projet n’est pas lancé avec des idéaux négatifs, et surtout pas un projet aussi gros. Mars One pose les jalons d’un programme de plusieurs milliards de dollars qui ne sera un succès que s’il parvient à capter l’imagination de centaines de millions de personnes dans le monde. Je crois que ça peut marcher, et je souhaite mettre mes talents à disposition pour aider. Pour répondre de manière définitive, je ne peux que dire que le projet en est encore à ses débuts, et on ne peut pas vraiment imaginer comment il va évoluer.

Si tu pouvais amener quelqu’un de connu avec toi dans l’espace, ce serait qui, et pourquoi ?
Eh bien, j’ai toujours été super fan de Natalie Portman. Je trouve que sa beauté n’est égalée que par son incroyable capacité à incarner des personnages. Je trouve cette capacité à incarner quelqu’un d’autre vraiment incroyable, ça révèle un génie comme peu de personnes en ont. Je ne peux imaginer m’ennuyer avec quelqu’un comme Natalie Portman pour me donner des leçons. Bon, je pense quand même qu’elle ne serait pas très enthousiaste à l’idée d’aller sur Mars. C’est trop à l’étroit pour un esprit créatif comme le sien.

Daniel Barton, 22 ans

Pays d’origine : États-Unis

Métier : Aide-soignant dans la Marine

Si jamais tu es accepté dans le programme, qu’abandonneras-tu sur Terre ?
Daniel :Mes amis et ma famille. Je les aime et je tiens énormément à eux, mais ils comprennent tous que j’ai attendu une opportunité comme celle-là toute ma vie. Ils me supporteront tous jusqu’au bout. Les crêpes Whaou! vont vachement me manquer aussi.

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Que comptes-tu faire une fois sur Mars ? Qu’est-ce que tu veux accomplir, exactement ?
C’est simple. Mon premier objectif sera d’aider les autres colons à survivre. Une fois que tout sera bien installé confortablement, j’espère pouvoir escaler l’Olympus Mons, la plus haute montagne du système solaire.

Crois-tu vraiment que Mars One complètera sa mission en 2023 ? Et s’il n’y a pas assez de soutiens financiers ? Regretteras-tu d’avoir payé les frais d’inscriptions ?
Je pense que la mission aura lieu. Il y a plein de manières de trouver des soutiens financiers. On peut faire de la pub en mettant des logos sur les uniformes et les combinaisons spatiales. Et comme ce sera aussi une émission de télé-réalité, beaucoup d’entreprises voudront investir dans de la publicité. Si ça ne se fait pas, je ne regretterai pas d’avoir dépensé 30 dollars, ça en valait vraiment la peine, jusqu’au dernier centime.

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