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Sport

L’essentiel, c’est de s’éclater : une conversation avec le skater pro Boo Johnson

Le Californien nous a parlé fringues, vélo et petit animal de compagnie.

En partenariat avec Supra.

L'objectif de Boo Johnson, c'est de prendre du bon temps et de s'éclater en skatant, c'est pourquoi sa marque de casquettes porte un nom assez approprié, « Just Have Fun », alias JHF Co. Boo voyage autour du monde depuis qu'il a 16 ans. Aujourd'hui, à 23 ans, il prévoit de s'immiscer dans l'industrie du skate grâce à sa propre boîte, en continuant de tout déchirer en tant que skater professionnel pendant encore au moins dix ans. Compte rendu de notre rencontre à Barcelone.

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VICE : Tu as laissé tomber le lycée pour devenir skater professionnel. Comment as-tu géré la pression ?
Boo Johnson : Je n'y pensais pas vraiment, à l'époque. Maintenant j'y pense beaucoup plus, parce que je sais que le skate ne durera pas toujours, et que ma mère voudrait que je passe mon bac.

Je ne regrette pas d'avoir abandonné le lycée pour skater, j'ai le sentiment que je pourrais encore revenir en arrière et reprendre là où je me suis arrêté. J'aurais sans doute pu faire les deux choses en même temps, mais à l'époque je voulais juste skater tout le temps.

La mode a l'air d'être très importante dans ta vie : tu as ta propre boîte de casquettes, Just Have Fun, tes chaussures signature sortent bientôt, tu as des tatouages… Est-ce que tu considères que les gens sont plus ouverts qu'avant, ou est-ce qu'on est toujours jugé en fonction de son apparence ?
La plupart des gens tatoués éprouvent une sorte de sentiment d'appartenance quand ils se rencontrent entre eux. Mais d'un autre côté, certaines personnes peuvent avoir une mauvaise idée de ta personne, juste à cause de ton style.

Au moment où tout le monde semble vouloir imiter le « style skater », qu'est-ce que ça te fait d'apporter une touche personnelle à la chaussure Chino ?
Le style skater est clairement à la mode : parce que c'est simple et efficace. Beaucoup de skaters ne se soucient pas trop de leur apparence, mais d'autres gens font beaucoup d'efforts pour leur ressembler.

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Les Chino sont des chaussures de skate basique, en gros. La touche personnelle que j'ai apportée, c'est la couleur. Je trouve que le bordeaux ressort vraiment bien avec un pantalon gris ou noir, un pantalon de tous les jours. Je respecte beaucoup de gens du monde de la mode. Quand j'étais plus jeune, je skatais avec un pote qui était vraiment branché mode, et il m'a pas mal inspiré.

Quel aspect de Boo Johnson peut-on retrouver dans cette Chino ?
Je dirais la simplicité. Je suis quelqu'un de simple, tout comme cette chaussure. Tout le monde peut skater avec, ou s'y identifier. Et ça colle bien avec l'esprit de Boo Johnson. Voilà ta réponse [ rires].

Tu aimais déjà le modèle Cuba. Pour toi, quelles sont les avancées de la Chino par rapport à la Cuba ?
J'adore la Cuba ! Je ne porte que ça. Je suis arrivé à Barcelone pour le shooting et tout le monde portait des Chino. Elle sont hyper confortables et très cool. Elles sont différentes mais en même temps très semblables [rires]. J'ai un lien presque romantique avec la Cuba, mais la Chino a une coupe plus basse, plus de lacets, elle est canon !

Tu as déjà ta boîte de casquettes, tu as travaillé sur le modèle Chino… est-ce que tu pourrais imaginer t'investir davantage dans la mode ?
Je commence à peine avec les casquettes (Just Have Fun Co), et ça se passe bien. On ne les trouve que dans ma boutique de skate, Pharmacy. Je construis doucement la réputation de la marque ; sur Instagram on a atteint les 8 000 followers en deux mois et reçu des messages de kids du monde entier. C'est un bon début !

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Je veux rester concentré sur ma carrière de skater, parce qu'il me reste encore dix ans. Mais c'est quelque chose que j'aimerais faire en parallèle. J'aime aussi beaucoup la photographie, mais la mode aura toujours une place dans ma vie. J'ai quelques idées en tête, et beaucoup de respect pour certaines personnes de la profession. Mais pour l'instant je fais ce que j'ai à faire, tranquillement.

À un moment je passerai un diplôme et bifurquerai peu à peu vers la mode. J'ai très envie d'avoir ma propre boîte, c'est pour ça que j'ai lancé JHF Co – pour explorer le monde de l'entreprenariat. Mais je ne veux pas quitter l'univers du skateboard, c'est trop cool. Il y a des hauts et des bas, bien sûr, mais les gens qui bossent là-dedans sont hyper ouverts d'esprit. J'ai envie de continuer ! C'est pour ça que j'ai lancé cette société, pour voir si j'étais capable de lentement m'immiscer de ce côté de l'industrie.

Comment t'est venu le concept de « Just Having Fun » ?
Quand j'étais plus jeune, on m'a présenté le skate comme un moyen de s'amuser, et c'est comme ça que les gars de l'équipe sont devenus ce qu'ils sont aujourd'hui, simplement en s'amusant. Je pense que j'ai atteint un moment dans ma vie où je peux insuffler ce mouvement positif dans quelque chose d'autre, comme une entreprise. JHF, c'est une bande de potes qui prennent du bon temps, et reviennent aux bases du skateboard.

Le monde du skate est dingue de nos jours ! Par rapport à la fin des années 1990 ou aux années 2000, la compétition aujourd'hui est délirante ! Tout le monde est en concurrence, et il y a tellement de tournois ! On prend une planche parce qu'on veut sortir de sa zone de sécurité, ce n'est pas comme choisir le foot ou le basket… On se met au skate parce qu'on sait que ce sera fun et différent. Mais dès qu'ils commencent à être payés, à se faire un nom, certains perdent de vue pourquoi ils ont commencé. Je veux réhabiliter l'idée du plaisir simple. C'est quelque chose que tout le monde sait, mais un message que personne ne met vraiment en avant.

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Tous les matins, tu prends ton fixie et tu vas rouler 8 kilomètres…
Oui, c'est comme ça que je commence la journée et que je reste en forme. Le skate est très dur physiquement, les gens n'imaginent pas. Le skateboard n'existe pas depuis suffisamment longtemps pour que l'on puisse observer l'impact qu'il a sur le corps. On ne sait pas comment on se sentira dans trente ans. Prends Tony Hawk, il n'est pas si vieux et on voit déjà le résultat de toutes ces années passées à skater. Les joueurs de rugby finissent avec des commotions cérébrales ; les skaters sautent, font des chutes… qui sait comment je me sentirai à 60 ans. C'est pour ça que j'essaie de rester en forme, de faire du vélo, des pompes, et d'aller nager.

Il y a trois semaines, je me suis fait voler le vélo que j'avais depuis quatre ou cinq ans. Je l'ai posé une seconde le temps d'aider à pousser une voiture en panne et quand je me suis retourné il n'était plus là. « Putain, mec, j'étais en train de filer un coup de main ! » J'ai commencé à courir pour essayer de rattraper le connard qui me l'avait volé. Je suis rentré chez moi, j'ai pris ma voiture et j'ai écumé tous les coins louches où des voleurs pourraient traîner, mais aucun signe de mon fixie. J'étais saoulé. Je suis allé en acheter un nouveau quelques semaines plus tard, mais ce n'est pas la même chose. L'autre avait engrangé tellement d'efforts et de kilomètres que là, j'ai l'impression de recommencer de zéro.

Qu'est-ce que tu fais quand tu n'es ni en skate ni à vélo ?
L'année dernière j'ai eu un chien, Yogi. C'est l'être le plus mignon qui soit, je l'aime vraiment comme mon gosse. Quand je suis là, il est avec moi tout le temps. Yogi et Boo-Boo, comme dans le dessin animé – c'est pour ça que je l'ai appelé comme ça. Il développe mon sens des responsabilités. Mais quand je suis en tournée, je le laisse avec ma copine ou avec des potes. Il a plus d'amis que moi ! À part ça, j'essaie de lire des livres et je me balade.

Être un skateur pro, qu'est-ce que ça t'a permis de faire ? Est-ce que tu as un souvenir en particulier ?
J'ai tellement appris depuis que je fais partie de l'équipe, c'est dingue ! Longtemps, j'ai été le plus jeune, jusqu'à l'arrivée de Dee – il a six mois de moins que moi. Ça m'a permis de voyager partout dans le monde avec des mecs hyper cool qui font ça depuis des années. Être capable de faire tout ça avec ces gens-là, c'est incroyable ! J'ai appris de bonnes et de mauvaises choses. Quand on est jeune, on est une vraie éponge, et je suis avec eux depuis que j'ai 16 ans. Ils m'ont tant appris. C'est grâce à eux que j'en suis là.

Mon meilleur souvenir, c'est la première fois que je suis allé aux Philippines. On a rencontré des milliers de gens, et c'était ahurissant. Ces gosses n'avaient pour ainsi dire rien ; nous étions cinq types qui débarquaient pour distribuer des tee-shirts et des vieilles planches, et ils nous ont donné beaucoup d'énergie. On revenait au camion et on se regardait en disant : « Wow, mec, qu'est-ce qui vient de se passer ? » C'est presque comme devenir des rock stars, soudain. Quand j'étais gamin, je voulais partir en tournée, et je voulais que les autres gosses m'aiment. Aujourd'hui, c'est ce qui est en train d'arriver. Voir la foule être aussi enthousiaste que moi, c'est incroyable.