Marni et Nate viennent prendre vos tweets en photo

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Marni et Nate viennent prendre vos tweets en photo

Dans leur dernier projet, Geolocation, ils choisissent des tweets géolocalisés et se rendent sur le lieu en question pour le photographier. Ensuite, ils associent les tweets avec les images.

Marni Shindelman et Nate Larson collaborent sur des projets qui traitent de la perception du temps et de l'espace dans la vie moderne, en relation avec les réseaux sociaux. Dans leur dernier projet, Geolocation, ils choisissent des tweets géolocalisés et se rendent sur le lieu en question pour le photographier. Ensuite, ils associent les tweets avec les images. Selon eux, les photos « permettent d'immortaliser ces petites informations électroniques éphémères et de les inscrire dans le monde réel. Par ailleurs, elles soulèvent aussi la question des limites de la protection de la vie privée des utilisateurs de réseaux sociaux. » On a trouvé que les photos étaient belles, puissantes et glaçantes, et qu’elles partaient d’une putain de bonne idée. C’est pour cela qu’on a voulu en savoir plus en discutant avec Nate et Marni.

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VICE : Comment vous est venue cette idée ?
Marni Shindelman : Nate et moi travaillions sur un projet intitulé Semaphore, pour lequel on traduisait des textos en alphabet sémaphore. Puis, un jour, je ne sais plus comment, on est tombés sur un tweet géolocalisé à deux pas de là où on se trouvait. C'est là qu’on a fait notre premier cliché pour Geolocation – « Sneaking Suspicion ». On s’est tout de suite dit qu’il fallait qu’on développe ce projet. On a dû s’adapter à toutes ces technologies qui géolocalisent, comme FourSquare.
Nate Larson : Ça nous a aussi permis de réfléchir aux problèmes de protection de la vie privée et du partage abusif d'informations qui se profilent derrière la popularité de ces technologies. Ce projet est une sorte de document social visant à inscrire un moment dans l'histoire et à relier une information électronique à son point d'origine.

Comment choisissez-vous vos tweets ?
Marni : Au début, on a utilisé notre instinct éditorial. Les tweetspeuvent être classés dans un certain nombre de catégories – le boulot, les sentiments, la politique et les médias. Dans notre dernier portfolio, #HowToKeepARelationshipWithMe, on s'est concentrés sur les hashtags populaires à New York au cours d’une semaine en juillet. #HowToKeepARelationshipWithMe était tendance à ce moment-là, et on a photographié tous les tweets géolocalisés dans un espace de 25 km autour de Manhattan. Ça nous a évité d'être trop subjectifs dans le choix des tweets.
Nate : Au début, j'étais plus attiré par les tweets qui parlaient de sujets de société comme l'économie, la santé ou la politique. Marni, elle, préférait les tweets ultra-sentimentaux ou les références à la culture pop. On aimait tous les deux ceux sur la technologie et la solitude. Aujourd'hui, les gens sont plus connectés que jamais, et pourtant, on a trouvé beaucoup de tweets sur la solitude et l'ennui.

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Avez-vous déjà rencontré l'une des personnes dont vous avez photographié le tweet ?
Non, mais ça serait génial. On vient de terminer d'installer nos photos sur de grands panneaux d'affichage à Atlanta. Les tweets qu'on a utilisés ont été postés à moins d'un kilomètre de chaque panneau. Malheureusement, on n'a pas eu de retour de qui que ce soit.

Pensez-vous que les gens sont conscients de la trace numérique qu'ils laissent derrière eux avec des applications comme Twitter ou FourSquare ?
Marni : Pas entièrement. Ce qu'ils ne comprennent pas, c'est la facilité avec laquelle on peut rassembler des informations à leur sujet pour accéder à encore plus d'informations. Dans notre travail, on ne pirate pas les gens et on n'utilise pas d'informations privées. On utilise simplement un smartphone et des informations publiques.
Nate : Je pense qu'il est intéressant de réfléchir au décalage entre le moment où l'on règle ses paramètres de confidentialité et ce qu'il en advient un ou deux ans après. Je crois que les gens oublient avec le temps la quantité d'informations qu'ils rendent publiques. Dans le cadre de notre projet, c'est à ce moment précis que ça devient intéressant.

Avez-vous remarqué des différences majeures selon les lieux d'où étaient postés les tweets ?
Marni : Pas tant que ça. En fonction de l'endroit où on se trouve, on essaie de trouver des tweets ou des expressions en relation avec cet endroit. Mais en général, les gens tweetent sur leur ennui au boulot, donnent des nouvelles, parlent de leurs amours et de leurs tragédies. On a tendance à ignorer le nombre de tweets publicitaires qui circulent !
Nate : Jusqu'à présent, on a travaillé dans des pays comme le Royaume-Uni et le Canada qui sont culturellement liés aux USA. On cherche des sponsors pour voyager au-delà de la culture occidentale, dans l'espoir de mettre à jour des différences plus profondes.

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C'est comment de collaborer avec quelqu'un sur un projet artistique ?
Marni : Collaborer avec quelqu'un sur un tel projet, c’est assez similaire au fait de murmurer ses habitudes douteuses et ses pensées glauques à l'oreille d'un ami. C'est très éprouvant. L'art consiste à explorer la vision du monde d'une personne et cela implique de délivrer à quelqu'un toutes les étrangetés de ses habitudes quotidiennes. Nos idées ne sont pas les mêmes mais se juxtaposent parfaitement. C'est ce qui a fait fonctionner notre binôme. Généralement, l'un de nous a une idée un peu idiote, puis on y travaille et on fait évoluer le concept ensemble. Le plus souvent, on prend nos photos chacun de notre côté mais on fait toujours le montage ensemble pour garder une certaine constance entre le texte et les images. On utilise tous les moyens de communication numérique pour travailler plus efficacement.

Vous avez vos propres comptes Twitter ?
Marni : Moi c'est @marnimcfly et Nate c'est @natelarson. Mais on ne géolocalise jamais nos tweets !

Ah bon ? Je ne l'aurais pas deviné.

Plus d'informations sur les travaux de Nate et Marni ici.

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