CRUSADERS OF LOVEWILD NOTHINGICE COLD PERMYEASAYERDe ses racines orientales DJ Khaled a gardé dans son travail le goût du buffet à volonté, voire du buffet à volonté de puissance : tables croulant sous les victuailles, brochettes bien salopes, légumes marinés en veux-tu en voilà, houmous de huit sortes différentes, pâtisseries obèses, bref quand il fait une mixtape ou un album le mec sait clairement recevoir tout le monde, un par un. Sur ce disque, il en vient même à donner un sens à l’expression « il y a à boire et à manger », puisque entre un couplet dégustation de 2 Chainz et un couplet farandole des desserts de Kendrick Lamar, il cale une sorte de hors d’oeuvre real hip-hop complètement hors sujet avec Premier, Scarface et Nas. Mais on est quand même contents d’être invités, y’a des meufs jouables.
EMMANUEL LES VINASSESJ’ai vu ce mec en concert une fois (c’était dans un contexte festival, enfin voilà, ne m’en demandez pas trop) et je me souviens de m’être exclamé, au plus grand plaisir d’un public fidèle et acquis à ma cause, que c’était « de la musique pour les mecs qui sniffent du Gatorade ». Deux minutes plus tard, fier de ma réplique, devant une assemblée encore hilare, quoique désormais muette, je réalisai que cette bouillie de technologie à destination d’un public robot-bro – encore trop nouveau et trop flou pour que je puisse me risquer à de trop grossières généralités à son sujet – était en train de pulvériser les dernières barrières mentales me séparant de la pire crise d’angoisse de ma vie, et je me souviens de la montée glacée ressentie au moment où j’ai vu la noirceur entrer en moi, s’apprêtant à me noyer de toute son ombre. Puis j’ai soufflé, commandé une San Miguel et suis allé voir Yo La Tengo.ERIK AND PARRISH MAKING BRO-ARTSASHA GO HARDDo You Know Who I Am ?Stack or StarveEn deux mois et deux clips, la pote de Chief Keef, King Louie et des autres ignorants de Chicago est devenue l’un des plus gros futurs trucs du rap actuel. Pour vous faire une idée, elle doit être déjà aussi big que Lil’ Kim époque J.U.N.I.O.R Mafia ou Trina avant qu’elle disparaisse à tout jamais. Aussi, elle est sur une ligne inédite meuf thug qui peut vous péter la gueule à tout moment mais qui est en même temps super pas assurée, souvent maladroite et sincèrement touchante. Pas touchante relou, plutôt touchante genre je pourrais passer le restant de mes jours à la regarder parler de tatouages et de meurtres alors qu’elle se marre et qu’elle prend des intonations super drôles en prononçant le mot « money ». En fait, c’est la première rappeuse avec laquelle je pourrais
me marier. JIMMY MORE HELLJEREMIHLate NightsJeff Lane ProductionsQuand j’ai lamentablement essayé d’ambiancer la stagiaire web aux jambes galbées qui bosse dans mon open space en lui donnant du « je sais pas si t’as écouté la tape de Jeremih », elle m’a répondu d’un regard genre « calme-toi puceau évidemment que je connais », preuve qu’en termes d’invasion érotique ce truc est plus intense que The Weeknd, plus intense que tout en fait. Le son est de type frôlant-palpant à projet pénétrationnel, avec plein de petits détails si indécents que je me sens presque gêné de bouncer dessus en public. Le gars amène le slow jam classique sur un plateau bardé d’affichages LED avec dock iPod qui marche pas très bien, et puis il cite tranquille A Tribe Called Quest (OK pas dur) mais surtout « Brighter Days » de Cajmere et Dajae (alooooors). Bref, à la fin de l’année, le gars présidera sans doute le Grenelle de la volupté.FRANCIS LA SERRE100sIce Cold PermDream CollaboQuand je pense que les enfants d’aujourd’hui passent autant de temps sur leur pochette en un milliard de pixels que sur les morceaux qu’ils foutent sur Bandcamp – en espérant que quelqu’un les écoute, pauvre génération – alors que putain, il suffit de copier la cover de Tha Doggfather de Snoop encore et encore jusqu’à ce que le monde s’écroule. C’est ce qu’a fait Ice Cold Perm, un mec qui trace avec Main Attrakionz et qui porte des bouclettes lisses. En plus son truc est pas mal, ça m’a donné envie d’écouter Kurupt.
MAÎTRE VIEUXLe terme hypnagogique ne suffit plus à qualifier ce genre de produit esthétique qui intrinsèquement n’est plus tout à fait de la musique, au sens où je me demande bien qui peut écouter ça sérieusement, genre « ah là j’adore ! », « euh ouais je préfère la fin », « trop la bonne idée d’avoir mis ce morceau après celui-là ». C’est plus comme une sorte de brainstorming rétrospectif autour de l’idée de son comme matière plastique, avec une scénographie surabondante façon Cité des Sciences, des bornes interactives, des conférenciers frisés en polaire Quechua et quelques people soucieux de transmettre ce patrimoine aux enfants, incarnant des rôles didactiques, en l’occurrence Panda Bear dans le rôle du barde hipster, Laurel Halo en égérie de la Nooszone et Romanthony en pasteur queutard égaré.
PÈRE ET GAY – TOLSTOÏMATTHEW DEAR
Beams
Ghostly InternationalAvant, les producteurs techno étaient des mecs un peu naïfs qui, lorsqu’ils s’essayaient à autre chose que du fonctionnel, donnaient dans l’ambient trop expressif, le semi-downtempo soundtrackisant, voire le dub à message crypté. C’était nul le plus souvent mais on s’en foutait, on finissait toujours par les recroiser en pleine forme quand ils s’étaient remis à « gober ». Aujourd’hui, enfin depuis dix ans même, les producteurs techno ont des intentions auteurisantes que l’on sent poindre parfois dès leurs morceaux club, mais alors quand ils décident de se « réapproprier le vocabulaire du postpunk » tout en restant cloîtrés huit mois dans leur studio et en nous infligeant leur voix de gros égocentrique imbuvable (refoulé ou non), ça donne juste une sorte de test dans Keyboards Magazine qui aurait super mal tourné. PATRICE LOW-COSTDepuis que mon oncle est la nouvelle terreur des réseaux sociaux, il passe son temps à essayer de m’emprisonner dans ses théories bourrées à propos des nouveaux modes relationnels chez les jeunes, et à essayer de me passer ses menottes dialectiques en refermant sur mes poignets innocents les notions devirtuelet deréelqu’il a reliées à l’aide d’une chaîne dont la solidité théorique n’a pas encore vraiment fait ses preuves auprès des moins de 60 ans. Moi je réponds rien, parce que la famille c’est surtout fait pour le silence, que je suis hyper occupé à m’interroger sur les règles grammaticales qui président à l’éventuel accord en genre et en nombre de l’expressionni fait ni à faireet que je suis pas sûr que ça vaille le coup de briser les rêves de pop-philosophie du fils de ma grand-mère en lui expliquant qu’en fait Internet, c’est juste des jeunes qui découvrent plein de trucs dans la même journée et qui finissent par en faire de l’electronica influencée par Clams Casino, la fonction Ctrl+C et le film Le Grand Bleu.HUBERT MENSCHKRALLICEYears Past MatterInternetJ.C. SATANFaraway LandTeenage Menopause RecordsJusqu’ici, ce que j’avais entendu de Krallice ne m’avait pas convaincu. J’avais l’impression d’écouter de la musique issue du magma originel qui aurait été réchauffée dans une cuisine Ikea. Je ne sais pas si c’était à cause de leur ancien label, mais pour leur premier album autoproduit sur Internet, ils revendiquent une guitare gutturale vachement plus affirmée, même si l’aspect virtuose un peu trop apparent continue de m’évoquer une pâte à pancake cuisinée au Kitchen Aid alors que tout le monde sait que celle-ci est bien plus réussie lorsqu’on la fouette à la main.MARIA CRADASSEEn cette époque trouble de crise de l’Union européenne, il est plaisant de constater que certains s’efforcent toujours de consolider la sainte alliance catholique franco-italienne. Ce groupe de garage maléfique, constitué d’un mélange de Turinoises et de Bordelais, m’a redonné foi en l’hypothétique création d’une union sacrée entre nos deux pays, celle-ci exclusivement basée sur les valeurs de la drague, du vin et de la haine de l’Allemand. Je prie avec ce groupe pour une éventuelle deuxième Saint-Barthélemy, histoire de rétamer un bon coup tous ces enfoirés de parpaillots qui veulent voir Rome brûler depuis trop longtemps.SYLLA OU LES 120 JOURNÉES DE L’AUTOMNECRUSADERS OF LOVETake It Easy but Take ItFDH RecordsGALLOWSS/TVenn RecordsTrop bien. Que des morceaux qui diffusent des sentiments adolescents et qui n’en ont rien à branler de gagner leur vie ni de fonder un foyer. Pas de responsabilités, pas d’argent, pas de meufs, que des vraies chansons pour vrais mecs qui aiment l’été et la musique d’autoradio. Ça me donne envie de revenir dans le temps pour avoir 16 ans à nouveau et partir en vacances, puis revenir de vacances en regrettant de ne pouvoir partir en vacances que l’été d’après. Ça me donne même envie de porter un jean délavé.KELLY SLAUGHTERComment ça ? Un smille pour cet album de brocore ? Oui, messieurs les libéraux démocrates ! Vous pourrez râler tant que vous voudrez, ce groupe correspond exactement à ce que je visualise quand vous me parlez de musique contestataire : des mecs qui gueulent en choeur, beaucoup d’alcool brun et l’impression de se faire piétiner par une armée de boneheads en Dr. Martens coquées taille 45. C’est pile le genre de musique qui me donne envie de prendre des décisions préjudiciables pour ma future vie professionnelle et par là j’entends me faire tatouer le cou, me battre tous les soirs pour des motifs vains et soutenir West Ham.IAN MACKAYERAWILD NOTHING
Nocturne
Bella Union/PIASCe disque est tellement générique que ça en devient presque passionnant de savoir comment ses auteurs ont pu décider d’aller jusqu’à le sortir : par quels stratégies affectives/psychologiques/ socioculturelles en sont-ils venus à se convaincre de la légitimité de leur projet ? Quand, tel un détective, on se concentre sur certains détails insignifiants de leur musique, on devine des maisons de vacances choisies par défaut mais finalement attachantes, des amours semi-incestueuses (sur le plan plus symbolique que réel, je dirais), un parfum de gel douche cheap mais addictif, des murges langoureuses au vin rouge le soir, et surtout la volonté de vivre dans un monde parallèle où la plupart de leurs auditeurs potentiels n’ont pas écouté de musique depuis 1961, minimum. XAVIER GRAVELEUXSWANSThe SeerYoung GodC’est cool de voir que des journalistes qui chroniquent cet album parlent de dissémination narrative et de croissance rhizomatique à propos du morceau de 32 minutes 15 qui lui donne son nom, parce que ça nous rappelle que s’ils avaient vraiment été si férus que ça de Gilles Deleuze et de Gérard Genette, ils auraient sans doute fait des vraies études, et ils n’auraient pas eu à faire semblant d’aimer ce genre de musique pour se faire passer pour des intellos. SLAVOJ ZIZOUCIRCA SURVIVEViolent WavesSelf-ReleasedY’a quelques jours, j’ai essayé d’établir une liste à peu près exhaustive des choses qui, dans la vie, étaient susceptibles de déferler. J’avais assez rapidement trouvé les vagues, les Vikings et les attaquants adverses ; je remercie ce disque mal élevé de m’avoir fait remarquer que j’avais pas du tout songé à l’éclectisme rock. MICHEL CONTRITTHEE OH SEESPutrifiers IIIn The Red RecordsDepuis la nuit des temps, les autorités parentales et les enseignants libertaires s’accordent à sommer les descendants de leur lignée d’aiguiser leur sens critique. Mais en ces temps où n’importe quel type disposant d’une connexion Internet et d’un outil de correction automatique peut s’autoproclamer « auteur influent », je suis très content qu’il existe encore des personnes comme Thee Oh Sees pour me rappeler que ce n’est pas grave d’avoir une identité visuelle qui repose sur des concepts graphiques aussi cons qu’un chien à tête d’homme, un homme à tête de chien ou un loupgarou avec une tête, et que c’est aussi très bien de se contenter de trois bâtons de surimi en guise de dîner quand on est fatigué.
PHILLIP KABICANIMAL COLLECTIVECentipede HzDominoJe sais plus pourquoi j’ai accepté de me foutre en coloc avec ces Américains europhiles surexcités par l’acquisition de leur nouveau juicer, mais je suis à bout de patience depuis qu’ils ont installé un totem au milieu du salon et qu’ils ont invité Bobby Lapointe pour essayer de le convaincre de jouer du bongo dans leur groupe. Je sais que c’est pas de leur faute si le soja leur est monté à la tête et si on les a éduqués dans l’idée que le mondé était né d’une explosion de tie and dye, mais je crois que cette fois je vais vraiment le leur dire, que moi je viens d’un continent où on peut plus être étudiant jusqu’à 30 ans, où on rencontre de nouveau des jeunes qui prient et où le spectre des couleurs ne s’étend plus que du beige au gris.
CARÊME BENZEMADINOSAUR JR.I Bet On SkyPIASJ’adore ce groupe, et je crois que si un jour je perds ma foi en l’homme et en la pédagogie, j’adopterai une posture célinienne dans un garage quelque part entre Bécon-Les-Bruyères et La Garenne-Rancy où je ferai semblant de vivre comme un marginal et de passer mon temps à râler ou à graisser des fusils, et où je me terrerai en réalité pour y apprendre la guitare et me laisser pousser les cheveux dans l’espoir toujours tenu secret de pouvoir un jour faire comprendre aux jeunes qui ne seront désormais plus mes élèves ce que j’essayais de leur dire quand on était mardi, qu’il était 9 h 15 et que j’employais le mot élégie.
YOHAN KAWAIITAME IMPALALonerismModularQuel héritage nous laissera l’Australie, sinon les guitares industrielles de The Presets et le torse vigoureux de Hugh Jackman ? Je pensais que vivre de l’autre côté de la rivière des cygnes noirs dans une ville peuplée de marsupiaux sympathiques où le soleil ne cesse jamais d’être au zénith dispenserait un groupe de produire des morceaux chiants comme la pluie, mais on dirait bien que cet album tend à prouver le contraire.
KIM GORDON BROWNYEASAYERFragant WorldSecretly CanadianJ’ai écouté cet album strictement pour le boulot un dimanche matin après avoir passé une soirée déprimante et subi une nuit hantée par des rêves conséquents. De fait au début je ne savais pas si c’était l’aftermath de cette soirée de merde ou la médiocrité des deux premiers morceaux de l’album qui m’ont parfaitement démotivé pour écouter la suite. Puis les deux suivants étaient plutôt mieux, et ensuite ça s’est remis à ressembler aux tubes foireux de Justin Timberlake quand il pensait avoir enregistré le meilleur album de l’histoire. Comme j’ai un jour réalisé que je m’étais fait berner avec ce truc et que ça m’a rappelé quand la glitch house avait fini par devenir la musique officielle des bars du 8ème arrondissement parisien,Fragrant Worlda continué de me faire chier et m’a même dégoûté de le faire écouter à ma meuf et j’ai attendu la fin de la journée en foutant rien.MICHEL JOE NAZEBLOC PARTYFourFrenchKiss Records« Y’a pas de raison que ça change ! » Voilà ce qu’on entend quand, frappés par le fatalisme, certains individus réalisent que quel que soit le gouvernement au pouvoir, l’état du monde empêchera selon eux toute amélioration de leur condition. Ce à quoi je m’empresse régulièrement de répondre : « Foutre ! » Mon humanité me pousse à continuer de croire à une lutte possible, au combat, à l’espoir que ça ira mieux et surtout que nous sommes seuls responsables de ce que l’avenir a à nous offrir. Puis Bloc Party sort son autre album et me voilà à nouveau dépourvu d’arguments.
MILES BEAVIS & BUTTHEADDIVINE FITSA Thing Called Divine FitsMerge RecordsCet album s’adresse à la frange très élitiste des « historiens de la musique du XXIème siècle » qui verront probablement un fort intérêt à ce que Dan Boeckner, Britt Daniel et Sam Brown se réunissent pour former un groupe, mais comme j’ai arrêté d’écouter de la musique nouvelle il y a bien trop longtemps, cet argument de vente m’échappe parfaitement. Je dois donc m’en tenir à ce que le trio a à m’offrir en termes de production et je dois reconnaître que je trouve ça extrêmement pauvre, ennuyeux et dénué d’intérêt. Quand ce genre de truc arrive et que je me sens un peu dépassé, je fais écouter le disque à un jeune cousin qui pourra m’ouvrir les yeux sur ce à côté de quoi je passe peut-être, mais au bout d’un zapping rapide, il s’est fait chier et m’a réclamé un McDo.
RICHIE BALANCELOU DOILLONPlacesBarclayTout comme porter le nom Hadrien susciterait des envies de grandeur rapidement étouffées par les désillusions amères de l’adolescence, les dures lois du déterminisme social semblent prédestiner les filles qui s’appellent Lou à devenir des petites rates dont le cerveau ne peut produire que des mauvaises idées, comme écrire un album de folk cathartique pour expier ses malheurs, affubler son enfant d’un prénom en trois prénoms ou jouer dans un film d’époque de Bernie Bonvoisin.
LOU CREEDSINNER DCFuture That Never HappenedMental GrooveD’ordinaire, je n’ai pas d’affection particulière pour les « arrangements atmosphériques » et les « blizzards rythmiques », mais je salue quand même leur mélange d’influences cohérent qui permettra à tous les journalistes musicaux de truffer leurs chroniques d’analogies et d’expliquer pourquoi cet album leur donne l’impression irrésistible de voyager en sous-marin au plus profond des abysses en compagnie de Brian Eno.
RUB-N-TUG-N-HARMONYHOW TO DRESS WELL
Total Loss
AcephaleVous vous souvenez de l’époque où les gens connaissaient le groupe Delorean, quand Uniqlo venait de s’installer en France et que Tumblr était nouveau ? En ce temps-là, tout le monde s’accordait sur l’idée d’une possible déconstruction du RnB ; l’éventualité d’un RnB mental, progressif, libéré – à l’image de son public – de toute contrainte avilissante et donc, de son essence même de musique de cul, passionnait les journalistes connectés parce qu’enfin, ils allaient avoir le droit d’avoir leur mutant disco à eux, leur RnB douillet et propre comme un dimanche chez Habitat : un RnB fondamentalement blanc. Puis The Weeknd est arrivé et a montré aux gens non domiciliés sur l’Internet que c’était quand même les Noirs qui étaient meilleurs à ce genre de trucs. Aujourd’hui, la plupart des mecs de cette scène continuent de jouer à la dînette avec leur MPC, sauf que tout le monde s’en branle. JIMMY MORE HELL
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me marier. JIMMY MORE HELL
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Ghostly InternationalAvant, les producteurs techno étaient des mecs un peu naïfs qui, lorsqu’ils s’essayaient à autre chose que du fonctionnel, donnaient dans l’ambient trop expressif, le semi-downtempo soundtrackisant, voire le dub à message crypté. C’était nul le plus souvent mais on s’en foutait, on finissait toujours par les recroiser en pleine forme quand ils s’étaient remis à « gober ». Aujourd’hui, enfin depuis dix ans même, les producteurs techno ont des intentions auteurisantes que l’on sent poindre parfois dès leurs morceaux club, mais alors quand ils décident de se « réapproprier le vocabulaire du postpunk » tout en restant cloîtrés huit mois dans leur studio et en nous infligeant leur voix de gros égocentrique imbuvable (refoulé ou non), ça donne juste une sorte de test dans Keyboards Magazine qui aurait super mal tourné. PATRICE LOW-COST
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Bella Union/PIASCe disque est tellement générique que ça en devient presque passionnant de savoir comment ses auteurs ont pu décider d’aller jusqu’à le sortir : par quels stratégies affectives/psychologiques/ socioculturelles en sont-ils venus à se convaincre de la légitimité de leur projet ? Quand, tel un détective, on se concentre sur certains détails insignifiants de leur musique, on devine des maisons de vacances choisies par défaut mais finalement attachantes, des amours semi-incestueuses (sur le plan plus symbolique que réel, je dirais), un parfum de gel douche cheap mais addictif, des murges langoureuses au vin rouge le soir, et surtout la volonté de vivre dans un monde parallèle où la plupart de leurs auditeurs potentiels n’ont pas écouté de musique depuis 1961, minimum. XAVIER GRAVELEUXSWANSThe SeerYoung GodC’est cool de voir que des journalistes qui chroniquent cet album parlent de dissémination narrative et de croissance rhizomatique à propos du morceau de 32 minutes 15 qui lui donne son nom, parce que ça nous rappelle que s’ils avaient vraiment été si férus que ça de Gilles Deleuze et de Gérard Genette, ils auraient sans doute fait des vraies études, et ils n’auraient pas eu à faire semblant d’aimer ce genre de musique pour se faire passer pour des intellos. SLAVOJ ZIZOUCIRCA SURVIVEViolent WavesSelf-ReleasedY’a quelques jours, j’ai essayé d’établir une liste à peu près exhaustive des choses qui, dans la vie, étaient susceptibles de déferler. J’avais assez rapidement trouvé les vagues, les Vikings et les attaquants adverses ; je remercie ce disque mal élevé de m’avoir fait remarquer que j’avais pas du tout songé à l’éclectisme rock. MICHEL CONTRIT
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Total Loss
AcephaleVous vous souvenez de l’époque où les gens connaissaient le groupe Delorean, quand Uniqlo venait de s’installer en France et que Tumblr était nouveau ? En ce temps-là, tout le monde s’accordait sur l’idée d’une possible déconstruction du RnB ; l’éventualité d’un RnB mental, progressif, libéré – à l’image de son public – de toute contrainte avilissante et donc, de son essence même de musique de cul, passionnait les journalistes connectés parce qu’enfin, ils allaient avoir le droit d’avoir leur mutant disco à eux, leur RnB douillet et propre comme un dimanche chez Habitat : un RnB fondamentalement blanc. Puis The Weeknd est arrivé et a montré aux gens non domiciliés sur l’Internet que c’était quand même les Noirs qui étaient meilleurs à ce genre de trucs. Aujourd’hui, la plupart des mecs de cette scène continuent de jouer à la dînette avec leur MPC, sauf que tout le monde s’en branle. JIMMY MORE HELL