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Avant mon départ, j'avais une vision très rudimentaire d'Israël – je pensais à la Limonana, aux mariages, à la plage à Tel Aviv, au mur à Jérusalem, au soleil hivernal d'Eilat, etc. Pour moi, c'était une simple destination de vacances.Quand j'ai débarqué ici, j'avais une montagne de formalités administratives à gérer, une langue à apprendre, une vie à recommencer à zéro. Et pourtant je n'étais ni inquiète, ni angoissée. J'avais confiance et je savais que l'Agence Juive et le ministère de l'Intégration et de l'Alya étaient là pour m'aider en cas de pépin.
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Honnêtement, je ne regrette pas la France. Mon entourage me manque, mais c'est tout. J'appelle mes parents au moins une fois par semaine et j'envoie des SMS à ma meilleure amie tout le temps. Mes proches savent qu'ils peuvent venir me voir quand ils le souhaitent.L'avenir des Français juifs me semble compromis. Malgré les attentats récurrents dans le pays, je me sens plus en sécurité en Israël qu'en France, pays dans lequel des types se réclamant du djihad font ce qu'ils veulent sous le regard des flics et de Madame Michu – qui ne trouvera rien de mieux à faire que de voter Front national en 2017 pour marquer son désaccord. Avec le recul, je pense que j'aurais dû immigrer en Israël plus tôt.Malgré les attentats récurrents dans le pays, je me sens plus en sécurité en Israël qu'en France, pays dans lequel des types se réclamant du djihad font ce qu'ils veulent sous le regard des flics et de Madame Michu.
Je viens d'une famille juive assez traditionaliste, qui a passé beaucoup de ses vacances en Israël – personnellement, ce pays ne m'a jamais fait rêver. J'ai toujours considéré avec dédain ces Français mal élevés qui gueulent sur les serveurs sur les plages de Tel Aviv.
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Julien, 28 ans, journaliste-reporter
Dès l'âge de 16 ans, j'avais en tête de faire mon Alya à cause l'antisémitisme qui règne en France. Tout a commencé quand, à 13 ans, pendant la seconde Intifada, on a commencé à me traiter de « sale juif » au collège. L'affaire Ilan Halimi a été le déclic qui m'a poussé à quitter le pays. Des années plus tard, lors des obsèques des victimes de Toulouse organisées à Jérusalem, je me suis dit : « Je vis en Israël pour ne pas être à leur place ».
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Je n'ai jamais regretté ma décision. La différence entre Paris et Jérusalem est assez simple : ici, la menace est la même pour tous, tandis qu'en France, les Juifs se retrouvent seuls. De plus, en France, les communautés disparaissent, les synagogues se vident, les gens ne vont plus dans les cimetières.Personnellement, en tant qu'homosexuel, j'ai tout de même été obligé de rentrer en France pour me marier. Malgré tout, je vais devenir père grâce à une mère porteuse, ce qui est interdit dans l'Hexagone. Aujourd'hui, je me sens complètement israélien, mais je garde une sensibilité française.En France, les communautés disparaissent, les synagogues se vident, les gens ne vont plus dans les cimetières.
Je n'ai jamais été sioniste – je viens d'une famille non religieuse. Dans ma jeunesse, j'ai été militant d'extrême gauche. Malgré cela, je me suis toujours senti juif, avec l'ombre de la Shoah planant sur ma famille.J'ai épousé une femme protestante, pasteur de son état, qui s'intéresse beaucoup au judaïsme – c'est elle qui a initié mon retour à la religion. Je me suis rapproché d'Israël parce que ce pays, démocratique, est loin d'être un état d'apartheid comme on veut nous le faire croire.Je ne suis pas venu par sionisme mais uniquement pour vivre une expérience. Je célèbre Shabbat et quelques autres fêtes, parce que cela fait partie de la culture du pays – c'est l'occasion de partager un bon repas avec des amis.Je vis avec ma femme dans un quartier métissé, à la lisière de Jaffa, et j'apprécie la proximité de la mosquée et de l'église chrétienne. Israël un pays festif et jeune. Il faut savoir y vivre malgré les risques, et sans s'aveugler.Sarah est sur Twitter.