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Vice Blog

On a trouvé d'autres enfers sur terre

Suite au fiasco sur lequel s'est soldé mon excursion vers l'enfer russe, j'ai décidé d'orienter mes recherches sur d’autres pandémoniums terrestres – quitte à passer pour une fille obsédée par le Styx, le jugement dernier et le groupe Slayer.

Suite au fiasco sur lequel s'est soldé mon excursion vers l'enfer russe, j'ai décidé d'orienter mes recherches sur d'autres pandémoniums terrestres, quitte à passer pour une fille obsédée par le Styx, le jugement dernier et le groupe Slayer.

Je ne sais toujours pas si on peut parler de fiasco, car j'ai eu récemment des nouvelles de l'ingénieur russe qui devait répondre à mes questions. L'ennui profond m'a un jour poussée à m'inscrire sur le site LinkedIn, une espèce de Facebook professionnel pour les jeunes cadres dynamiques qui souhaitent rester en contact avec d'autres jeunes cadres dynamiques, soulignant habilement la consanguinité et le népotisme dans le monde du travail. Un site qui vous propose de « garder le contact avec vos collègues et amis », le même amalgame hypocrite qui pousse les agences immobilières à vous faire croire que votre agent n'est pas un simple enfoiré désireux de vous extorquer une partie considérable du peu d'argent que vous gagnez pour payer des honoraires tragiquement chers, afin de vous offrir un T2 miteux dont le lavabo fuyait déjà avant l'arrivée du locataire précédent. Ce même amalgame qui fait croire aux dealers que vous êtes leur ami. Ne vous inscrivez jamais sur ce site. Il enverra des invitations automatiques et embarrassantes à tous vos contacts à plusieurs reprises, ruinant ainsi toutes vos chances de devenir quelqu'un de crédible à l'avenir. Il m'a néanmoins permis de renouer avec le prétendu ingénieur en chef à l'origine du trou le plus profond du monde, et de découvrir son activité parallèle de webmaster à cette adresse. Un entretien avec mon correspondant russe a confirmé ma première impression hautement perspicace puisque le site s'appelle La maison des geishas et gère sans doute un bordel destiné à des hommes avides d'étancher leur soif de néo-colonialisme.

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En conséquence de cette amère désillusion journalistique, j'ai dressé une liste d'autres enfers exploitables, si je ne me décide pas à écrire un guide Vice pour devenir une prostituée russe d'ici là.

LE CRATÈRE DE DARVAZA

Le cratère de Darvaza se situe dans le désert du Karakoum, au Turkménistan. En 1970, des géologues soviétiques ont accidentellement trouvé une cavité souterraine remplie de gaz toxiques, suite à l'écroulement de leur tour de forage. Le feu a été mis aux gaz émanant du puits, qui brûlent sans interruption depuis ce jour. Le village qui s'y trouvait a été rasé en 2002, sous ordre du dictateur Saparmourat Niazov. Les poseurs qui peuplent encore cet endroit se sont empressés de le surnommer « la porte des Enfers » pour donner un peu d'éclat à leurs vies, mais malheureusement pour eux, le président turkmène Gurbanguly Berdimuhamedow a signé un décret en faveur de l'extinction du cratère, en avril dernier.

CENTRALIA

En mai 1962, des ouvriers de la petite ville de Centralia, en Pennsylvanie, ont provoqué un incendie en brûlant des ordures dans une mine abandonnée. Les millions déboursés par les autorités n'ont pas suffi à éteindre le feu, qui ravage les sous-sols de la ville depuis maintenant 48 ans. Même si Centralia est aujourd'hui condamnée et radiée de cette joyeuse science qu'est la cartographie, une poignée d'habitants persiste à y vivre. Selon les scientifiques, l'incendie souterrain de Centralia a encore 250 belles années devant lui, au vu de la réserve de charbon restante. Roger Avary s'en est d'ailleurs librement inspiré pour écrire le scénario de Silent Hill, que Christophe Gans s'est empressé d'ajouter à la liste interminable des échecs d'adaptations cinématographiques de jeux vidéo.

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N'DJAMÉNA

Plusieurs centres d'études ont placé la ville de N'djaména, la capitale du Tchad, en troisième position du classement des villes les plus chères du monde pour les expatriés, confortablement nichée entre Tokyo et Moscou. En contraste avec les maigres revenus des habitants, les prix des loyers, des transports et des vêtements sont dramatiquement élevés. C'est sous une chaleur méphistophélique que les plus pauvres sont condamnés à passer devant des boutiques aux prix inabordables, et à avoir les boules au quotidien.

LA VALLÉE DE VILCABAMBA

Surnommée entre autres appellations prétentieuses « la vallée des immortels », « la plaine sacrée » ou encore « le Royaume perdu des Incas », Vilcabamba est un petit village péruvien réputé pour la longévité de ses habitants. Encerclé par des jardins édéniques, Vilcabamba bénéficie d'un climat printanier pendant toute l'année et abrite la plus grande concentration de centenaires recensée en Occident. Leur résistance serait due à la tranquillité de leur quotidien, à une eau de source riche en minéraux ainsi qu'à un régime alimentaire pauvre en graisses. Apparemment, certains des habitants ayant dépassé le cap de la centaine attendent la mort avec impatience.

Les plus vétilleux se diront certainement que cet endroit se rapproche plus du purgatoire que de l'Enfer, mais mener une vie interminable dans une ville calme peuplée de personnes âgées qui se nourrissent presque exclusivement de graines, avec pour seuls visiteurs des hippies curieux et des entrepreneurs en quête d'immortalité ? Je vois difficilement plus infernal.