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Bonjour amis du péché

On ne s'amuse plus en politique

Il existe une vieille croyance qui veut que les postes hauts placés doivent être attribués aux gens les plus qualifiés de la société qui n’en veulent généralement pas. De la même manière, un poste de « décideur » ou de cadre au CSA n'attire pas...

Illustration : Marta Parszeniew

Il existe une vieille croyance qui veut que les postes hauts placés doivent être attribués aux gens les plus qualifiés de la société qui n’en veulent généralement pas. De la même manière, un poste de « décideur » ou de cadre au CSA n'attire pas forcément le meilleur de la race humaine. Cet état de fait pourrait bien faire disparaître le dernier truc intéressant du circuit politique : la grandeur – dans la noirceur comme dans la bonté, est-il besoin de le préciser. Les créatures pathétiques qui se sont réservé le droit d'enculer nos existences ont aujourd'hui une fâcheuse tendance à être nuls. Ils font aussi figure d'avertissements dont on ne tient jamais compte : on finit toujours par repêcher une autre grosse merde au milieu d'un océan de buses, puis on lui décerne à son tour le droit de nous gouverner.

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Pour être franc, je suis un peu nostalgique des monstres de la politique d'autrefois. Même les machinations sournoises de ce bon vieux Tony Blair étaient préférables à l'attitude maladroite et souvent embarrassée d'un Nick Clegg, au teint de peau artificiel de David Cameron ou encore à… Ouais, à tout ce que représente David Miliband. On pourrait aussi parler de Vince Cable, que les gens ont l'air d'apprécier uniquement lorsqu'il n'est pas proche d'eux, sûrement parce que son faciès ressemble étrangement à celui d'un personnage secondaire dans un film Troma.

Lorsqu'il se trouve sur une surface humide, Mitt Romney ne glisse jamais. En revanche, il se casse toujours la gueule dès qu'il s'engouffre dans son très long – et très chiant – tunnel idéologique. De son côté, Barack Obama n'a rien à voir avec cette figure de héros tragique qu'il essaie d’incarner de temps à autre et qu'on pouvait d’ailleurs retrouver chez Jimmy Carter qui, lui, s'est battu comme un beau diable –  la plupart du temps, contre lui-même – avant d'être défait par le charisme maléfique de Ronald Reagan. Pour être franc, j'admire l'intellect de l'homme et la plupart de ce en quoi il croit – à savoir ses « valeurs », mot qui revient souvent ces temps-ci – sans pour autant oublier que son mode opératoire est celui d'un fonctionnaire merdique qui refuse de mener ses combats jusqu'au bout.

Ce serait absurde de le comparer à disons, Lyndon Johnson, un homme qui possédait une aura si flippante que même de nos jours, certains croient encore à la légende selon laquelle il aurait fourré son membre dans la bouche du cadavre de Kennedy lors du rapatriement du corps du président après son assassinat à Dallas, en 1963. Les mecs de Washington qui ont bossé avec lui parlent encore du « système Johnson », celui que le président utilisait afin de se renseigner sur leur vie privée puis de les bombarder d'un savant mélange de fausses promesses, de menaces et de reconnaissance, dans le but de les soumettre pour toujours à son autorité. Johnson a habilement détruit une à une les démocraties d'Amérique du Sud, manqué de déclencher une troisième guerre mondiale, a baisé les droits civiques et est devenu le seul président en un siècle à arrêter un membre du KKK – pour finalement passer le flambeau à Nixon après l’élection de 1968. Il était intraitable, et ce en quoi il excellait le plus, c’était pour provoquer la peur. C'était un personnage incroyable avec lequel les démocrates d'aujourd'hui ne tiendront jamais la comparaison.

De la même façon, le mielleux Cameron – qui porte son costume trop grand piqué d'une ridicule cravate bleue – n'est rien en comparaison avec un mec comme John Major, aussi socialement acceptable soit-il. Ce dernier a manigancé plus d'assassinats politiques que n'importe quel autre politique placé sous l'aile psychotique de Margaret Thatcher, et tout ça, en réussissant à rester éloigné des filets de la police et des diverses enquêtes menées à son encontre. Il cultivait cette image du « sage » et vous pouvez être sûrs qu'en tant qu'animal politique, il savait que ses interventions seraient enregistrées lorsqu'il annonçait au présentateur du JT du soir qu'il s'apprêtait à « crucifier » les « traîtres » de son propre cabinet. Même Gordon Brown était sur la sellette.

Vous remarquerez que je ne me penche que sur les cas les plus célèbres : ceux d'authentiques criminels rongés de fond en comble par la folie. Quand il n'existe plus un seul John Major dans le circuit, c'est le signe d'un retour à l'ennui sur la scène politique. En Angleterre ou aux États-Unis – tout comme en France – les partis partagent tous une confortable ligne « centre-droit » ; terrifiés de lorgner à gauche de peur d'apparaître « faibles » ou de pousser à droite et d'affronter la vindicte populaire. Voyant le nombre de gens qui cherchent à étancher leur soif de pouvoir, il est triste de constater que non seulement les politiques actuels n'ont pas le courage de changer radicalement la situation, mais pire, que leur manque d'idées les empêchera de commettre des actes fondamentalement diaboliques.

Lorsqu'on ne trouve aucun leader politique bon pour le bûcher, on peut légitimement dire que l'on vit une bien triste époque.

Du même auteur : Bonjour, amis du péché ! La possibilité d'imprimer son propre pénis