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Va te faire foutre avec ton Penny board

Le skateur parisien Oscar Candon nous a parlé de bières, de blues et de ces petites planches débiles qu’il déteste.

On vous présente Oscar Candon. C'est le mec qui se ramène à ta fête, descend toute ta liche, et repart avec ta meuf. Il représente l'incarnation même du petit frère insolent, mais dans le corps d'un skater parisien de 22 ans. Relativement nouveau au sein de la team Supra, il réussit quand même à se démarquer de ses collègues, probablement parce qu'il a plus d'énergie qu'une centrale électrique et possède la technique d’un mec qui a 12 ans de skate derrière lui.

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J'ai rencontré Oscar il y a quelques semaines autour de quelques bières avant une démo Supra à Londres. Ensemble, on a parlé du fait d’être nerveux, de musique française et de l’inutilité des planches Penny.

VICE : Salut Oscar. Présente-toi au monde.
Oscar Candon :Je m’appelle Oscar, j'ai 22 ans et je fais du skate depuis mes 10 ans.

Ça fait quoi de devenir pro après tout ce temps ?
Je ne dirais pas que je suis « pro » – je n'ai pas encore mon nom écrit sous une planche. Mais ouais, je me fais un peu d'argent. En gros, je suis un amateur qui traîne avec des légendes [rires].

Quel est l'endroit le plus bizarre que tu as fréquenté en tant que skater ?
C’était en Éthiopie, l'année dernière. C'était dingue. Dix jours en Éthiopie, à essayer de skater. Il n'y a rien là-bas, donc on passait plus de temps à chercher des spots qu'à skater pour de vrai. Rien que d'être là-bas, c'était genre, « Putain, sérieux ? » Ça te pousse à réfléchir, voir tous ces gens et la façon dont ils survivent.

On a fait le tour du monde, et il se passe toujours des trucs fous en tournée. Mais les filles de Paris sont mieux que partout ailleurs.

Qu'est-ce que tu aimes faire, quand tu n'es pas trop occupé à skater ou draguer des meufs ?
Je joue de la guitare et je pêche quand j’en ai l’occasion. La Suède, c'est le mieux ; on a une maison de famille là-bas – une petite maison près d'un lac où on attrape des brochets et des perches. J'essaie d'y aller chaque année, histoire de profiter de la forêt. J'adore le silence. Me retrouver tout seul sur le lac est un truc qui me détend.

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Tu joues quel genre de musique ?
J’adore le blues. Mon père est prof de guitare, et j'ai appris le blues avec lui. J'aime bien les vieux trucs, les morceaux des années 1960. J'écoute beaucoup Neil Young, mais pas trop non plus – ça me ferait déprimer. J'aime beaucoup Brassens aussi. Il était à peu près contre tout, ce qui est cool. Sinon j’aime choisir les morceaux sur mes parts ; j'avais Black Sabbath sur la dernière. Je suis allé les voir à Paris il y a quelques mois – c'était trop bien. Mais le meilleur groupe pour moi, c'est Motörhead.

Tu aimerais jouer dans un groupe ?
Non, c'est trop de pression, devoir jouer devant des gens et tout.

C'est pas un peu comme une grosse démo de skate ?
Si, mais je mate mes pieds quand je skate [rires]. Je ne suis jamais nerveux avant de rouler devant des gens ; j’ai juste à boire une bière et j'y vais.

Tu penses que tu ferais quoi si tu ne skatais pas ?
Hmm – eh bien, avant de gagner de l'argent avec le skate, j'étais menuisier. C'est un travail vraiment noble – tu manipules du bois, qui est un beau matériau. Mais se lever à 6 heures du matin tous les jours pour aller travailler… Ça ne me manque pas. Je ne sais pas du tout ce que je ferais – je serais juste malheureux, je crois.

Oscar Candon pour Emerica Europe

T'as un style assez dur et rapide – tu t’es déjà blessé, j’imagine ?
J'en ai eu des tonnes. Je me suis cassé le genou, le pied, la cheville…

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Ça t'a déjà fait hésiter à continuer ?
Une fois, j’ai été sur le point d'arrêter. Je me suis blessé pendant six mois, je suis remonté sur ma planche, et au bout de dix jours, je me suis à nouveau pété le péroné. Tu vois : six mois out, dix jours de skate, puis le péroné cassé – plus de skate pendant quatre nouveaux mois. Sur le chemin de l'hôpital, je me suis dit « Putain, c'est trop. » Mais ensuite, quand j'y étais, j'attendais juste de skater à nouveau – je ne pouvais pas arrêter d'y penser. Une fois que tu adoptes cette vie, tu ne peux plus reprendre une vie normale.

Qu'est-ce qui te rend heureux ?
La bière, passer du temps avec mes potes et le soleil. C’est pourquoi je ne suis pas dingue de l'Angleterre – il fait trop froid. Je reste en contact avec les gens bien que je connais et fais tout pour m'éloigner des connards.

Quel est le pire truc dans le skate aujourd'hui ?
Les Penny sont infernales ! J'en ai vu plein ici. Les gens ne les montent même pas ! Ce sont des putains de crétins [rires]. Cette merde n'est pas pratique non plus ; la planche est toute petite, tu ne peux même pas faire un ollie pour monter un trottoir. C'est un accessoire de mode. Putain. J'aime vraiment pas ça. S'ils skataient pour de vrai, ils réaliseraient que si les planches plus grandes existent, c’est parce qu’elles servent à quelque chose.

À Paris, l'image des skateurs est pourrie, juste à cause de cette mode. Plein de mecs ont des Penny – tous ces connards roulent sur ces trucs, et les gens voient ça et pensent que c'est du skate.

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Tu te considères comme un athlète ?
Putain, non ! Les athlètes ne se font pas une bière et une clope avant une compétition, si ?

Je ne pense pas. Qu'est-ce que tu dirais à Oscar Candon à 16 ans, si tu le voyais apparaître devant toi ?
Je lui dirais d'arrêter de fumer autant de weed. Nique la weed – ça fait de toi un connard paresseux. Contente-toi de la bière [rires]. T'en veux une ?

Ouais, carrément – santé. Pour finir, t'as des trucs de prévus ?
Je bosse sur une vidéo KR3W, puis je vais en Pologne, en Bulgarie, à Berlin, Helsinki, Copenhague, et un tour de Belgique… Puis je rentre chez moi. Et quand il commencera à pleuvoir en France, j'irai à Barcelone. Pas de quoi me plaindre !

Cool, amuse-toi bien.

@JAK_TH