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Pourquoi des millions d’hommes perdent leurs vrais amis pendant la vingtaine

Toutes les raisons qui font que la plupart des adultes délaissent leurs confidents au profit de leurs collègues et de leurs potes de soirée.

Beaucoup d'hommes se considèrent comme des loups solitaires – des loups solitaires ambitieux au travail, des loups solitaires qui écument Tinder à raison de trois fois par jour, des loups solitaires qui jouent à Fallout 4 des heures sans discontinuer dans leur appartement mal éclairé, avec une lasagne décongelée en guise de dîner. Alors que nous nous approchons un peu plus de la mort chaque jour, il est peut-être temps de se demander s'il y a une raison pour laquelle les loups chassent en meute.

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Si la plupart des hommes passent leurs années d'études sous le signe de la sociabilité, une grande partie d'entre eux commencent à perdre leurs amis une fois entrés dans le monde du travail. Ce mois-ci, un sondage YouGov mené par la Movember Foundation a révélé que 12 % des hommes âgés de plus de 18 ans n'avaient pas de vrai confident. Si vous êtes du genre à faire confiance à une organisation dont l'existence même repose sur le concept de moustache, cela signifie que c'est le cas de plus de deux millions de Français. Un quart de ces hommes ont déclaré ne pas avoir contacté leurs potes plus d'une fois au cours du mois précédant l'étude, et 9 % d'entre eux ne se souviennent plus de la dernière fois qu'ils leur ont parlé.

Tout ceci peut entraîner un problème bien plus grave : à en croire l'Organisation mondiale de la santé, ne pas avoir un cercle d'amis proches peut avoir un impact significatif sur la santé des hommes – qui seraient ainsi plus enclins à devenir dépressifs, anxieux ou suicidaires.

Sarah Coghlan, à la tête de Movember UK, a déclaré : « De nombreux hommes nous ont confié qu'il leur avait fallu traverser une période difficile pour réaliser à quel point leurs relations étaient superficielles – comme la perte d'un être cher, une rupture ou la perte d'un emploi –, et bien entendu, c'est dans ces moments-là qu'on a le plus besoin de ses amis. Afin d'en savoir plus sur la manière dont nos relations amicales peuvent se dégrader au fil des années, on a demandé à six hommes d'âges et d'horizons différents de nous parler de leur relation avec leurs amis.

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Matt, 19 ans
« J'ai arrêté le lycée en première, après avoir gâché mon année suite à une relation assez difficile. Depuis, je travaille de façon saisonnière. Quand je galérais encore avec mon ex, j'ai essayé d'en discuter avec mes vieux amis du collège plutôt que ceux du lycée, principalement parce que je les connaissais mieux. J'ai la chance de faire partie d'un groupe de sept-huit amis – dont deux filles. Nous avons tous étudié dans le même collège, mais je connais certains d'entre eux depuis l'école primaire. Je peux parler de (presque) tout avec eux. Par le passé, ils se sont également confiés à moi. Je préfère largement parler à mes amis qu'à ma famille, parce qu'ils comprennent vraiment ce que je traverse. J'ai des amis et des connaissances au boulot et à ma salle de sport, mais mes amis de longue date ne m'ont jamais déçu. On a traversé beaucoup de choses ensemble. »

Tom, 21 ans
« Après avoir terminé le lycée, j'ai enchaîné sur un boulot. Peut-être que je me serais fait plus d'amis si j'étais allé à la fac – mais la vie d'un étudiant consiste principalement à se bourrer la gueule et à expérimenter différentes drogues, et ce n'est pas trop mon truc. J'aurais probablement été perçu comme un outsider, sachant que ces choses ne m'ont jamais attiré. Je dois avoir six ou sept amis proches, et je vis avec quelques-uns de mes nouveaux potes et c'est vraiment super. Je travaille quatre à cinq jours par semaine, et je profite de mon temps libre pour voir mes amis. 90 % de mes amis vont à des concerts de hardcore, donc je sais toujours où les trouver. Mais pour être honnête, c'est au cours de ces trois dernières années que j'ai noué la plupart de mes amitiés. Quand j'avais 16 ans, je n'avais pas de pote. Mais à mesure que j'ai pris confiance en moi, les choses se sont arrangées. Aujourd'hui, je dirais que j'ai deux vrais amis auxquels je peux tout raconter. Ils m'ont hébergé pendant un mois quand je cherchais un appartement, et je leur ai confié pas mal de secrets. Je les considère comme ma vraie famille. » Stefan, 24 ans
« J'ai obtenu mon Master fin juin. À l'université,il n'y avait que deux personnes avec qui je m'entendais vraiment. Les autres font partie d'un groupe que je vois souvent en soirée, mais disons que je ne leur parle pas vraiment de ma vie. Depuis que j'ai commencé à travailler, je ne vois quasiment que des collègues, ce qui est un peu déprimant. Ce sont des gens bien, mais nous n'avons pas grand-chose d'autre en commun que notre lieu de travail. Je vois trois amis régulièrement, et je parle à quelques autres sur WhatsApp même si je ne les vois plus en personne. En vieillissant, j'ai arrêté de tout faire pour que les gens m'aiment bien. À l'école, je faisais partie de nombreux groupes, mais maintenant je ne traîne plus qu'avec mes trois vrais amis. Je pense que c'est une bonne chose, en fait – je ne ressens plus le besoin de maintenir une relation avec des gens que je n'aime pas tant que ça. Si j'ai un gros problème, j'en parle d'abord à ma copine – sauf si ça la concerne, bien entendu. J'ai un ami de longue date que je connais depuis que j'ai trois ans et que je vois encore de temps à autre quand il est de passage sur Londres. Mais c'est la seule personne du genre à qui je continue à donner des nouvelles. »

Ben, 26 ans
« J'ai encore trois ou quatre amis de la fac, mais j'ai beaucoup changé depuis. Avant, j'avais un comportement un peu autodestructeur. Si j'ai coupé les ponts avec certains amis de l'époque, c'est parce que je ne me vois plus du tout traîner avec des gens comme ça. Je n'aurais plus aucune envie de faire toutes les conneries qu'on faisait avant. Je ne vois mes potes de l'école que cinq fois par an – souvent à des enterrements de vie de garçon ou des mariages. Mais je sais que je peux compter sur eux. Certains d'entre eux ont traversé des épreuves assez difficiles, et je sais qu'on peut tout se dire. Mais je trouve ça de plus en plus dur de trouver du temps pour mes amis. Les semaines passent à une vitesse hallucinante. Je vois ma copine un ou deux soirs par semaine, j'essaie de faire du sport deux fois par semaine, et le vendredi, ça dépend de mon humeur ou de mon énergie. Franchement, je manque de temps. Ce soir, j'ai eu un conf call du boulot, et je dois dire que ça arrive relativement souvent. C'est très dur de trouver le temps de voir du monde. C'est triste, et ça me déprime d'y penser. »

Colin, 28 ans
« J'ai un groupe d'amis que je connais depuis ma première année de fac et avec qui je suis toujours en contact, bien que certains soient partis à l'étranger. Mon meilleur pote est en Nouvelle-Zélande, mais je lui parle tous les jours. Le truc gênant, c'est que mon ex-copine fait partie de mon groupe d'amis. Dès que j'essaie de leur présenter une nouvelle meuf, je reçois une avalanche de textos furieux. Mais à part ça, j'essaie de les voir le plus possible. À l'université, on s'est surtout rapprochés lors de gueules de bois causées par des cocktails foireux. Un an ou deux après avoir obtenu mon diplôme, je dois avouer que ça me manquait beaucoup – mais j'ai fini par m'en remettre. Si j'ai un gros souci, je peux en parler à plusieurs personnes. L'un de mes amis les plus proches a le quotient émotionnel d'une huître, donc j'évite de lui parler de choses un peu trop profondes. Mais c'est aussi l'une des personnes les plus drôles que je connaisse, et j'aime bien traîner avec lui pour oublier mes problèmes. »

Michael, 30 ans
« Je ne suis pas allé à l'université, mais j'ai travaillé très jeune. Je suis toujours ami avec la plupart de mes premiers collègues. Vers 25 ans, je sortais toujours avec mes potes le week-end. J'avais l'impression qu'on ne s'arrêterait jamais de faire la fête. Mais ça a changé à la fin de ma vingtaine. Les gens vivent de manière plus individualiste à cet âge, et accordent plus d'importance à leur carrière et leur avenir en général. Plus personne n'a le temps de s'amuser. Je pense que c'est propre à la trentaine, et c'est une chose que je comprends tout à fait. Je ne vois plus que quelques amis proches, mais dès que j'ai un problème très grave, j'en parle à ma copine. J'adorerais passer plus de temps avec mes vieux potes, mais plus ça va, plus je me rends compte qu'ils sont trop occupés pour cela. C'est difficile de trouver du temps. »