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J'avancerais une première explication selon laquelle en musique, davantage que dans d'autres pratiques artistiques, il est communément admis que l'artiste exprime dans ses productions sa nature profonde. Pour le dire de manière plus prosaïque : faire un morceau revient à mettre ses tripes sur la table. Par conséquent, changer de registre revient à renier sa véritable nature et relève d'une duplicité quasi diabolique. Je ne m'attarderai pas sur l'avalanche de problèmes ontologiques et éthiques que pose cette conception de la nature humaine comme parfaitement stable et continue. Je me contenterai de formuler simplement la question : est-ce bien raisonnable d'envisager le rapport qu'entretient un musicien avec la musique qu'il joue sous l'angle de la « sincérité » ?Pour moi, cela me semble tout aussi farfelu qu'un psychanalyste évoquant la sincérité des névroses de son client ou qu'un sociologue songeant à la sincérité du déterminisme social. Quand je me rappelle la manière dont j'en suis venu à aimer la musique hardcore, ça n'a pas la gueule d'une épiphanie – mais bien d'une construction.Des gens m'ont fait écouter le Velvet Underground, les Cure, Nick Cave, Pulp. Des gens plus jeunes que moi m'ont fait écouter du rap, et j'ai même fini par aller en club écouter de la musique électronique. Au début je faisais ça en cachette. J'en parlais pas trop.
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